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Coronavirus - Var Tourisme : « Les entreprises ont besoin de cash pour soutenir leur trésorerie »
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Françoise Dumont présidente de Var Tourisme Coronavirus - Var Tourisme : « Les entreprises ont besoin de cash pour soutenir leur trésorerie »

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Françoise Dumont, présidente de l’agence de développement touristique Var Tourisme et première vice-présidente du département du Var, appelle un "choc" financier pour soutenir l’économie des filières touristiques durement impactées par la crise liée au Covid-19 et des décisions claires autour du déconfinement.

Françoise Dumont, présidente de Var Tourisme et première vice-présidente du département du Var — Photo : Var Tourisme

Le Journal des Entreprises : Quelle est la situation économique de la filière touristique varoise ?

Françoise Dumont : A ce jour, nous savons que la Région Sud est l'une des régions touristiques les plus touchées. Dans le Var, nous avons collecté les chiffres du premier trimestre et il ressort déjà une perte de 35 % sur cette seule période donc je n’ose imaginer la suite. Tous les professionnels du tourisme sont aujourd’hui touchés mais également de nombreux autres secteurs comme la viticulture, l’agriculture, les commerces, les transports, ou encore le BTP. Les répercussions sur l’emploi sont encore difficilement mesurables car l’embauche de saisonniers dépendra notamment des mesures barrières associées au déconfinement. Si un restaurant doit diviser par deux ses capacités d’accueil, il divisera d’autant ses besoins en personnel. Dans tous les cas, cet épisode sera une catastrophe pour le tourisme : les vacances de Pâques sont tombées à l’eau, les ponts du mois de mai suivent le même chemin.

« Une catastrophe pour le tourisme. » 

Pour rappel, le Var est le premier département touristique de la Région Sud en termes de nuitées (66 millions) avec 30 % de part de marché régionale, loin devant les Alpes-Maritimes (53,8 millions de nuitées) et les Bouches-du-Rhône (41,2 millions de nuitées). Le secteur représente 3,7 milliards d’euros de recettes annuelles, plus de 27 900 emplois, directs et indirects.

Comment va s’organiser le déconfinement ?

F.D. : Pour l’heure la communication reste très floue. Une table ronde a été organisée entre les représentants du secteur touristique et le chef de l’État. Une proposition, notamment, ressort et concerne les cafés, hôtels et restaurants, dont les pertes sont importantes : leurs pertes d’exploitation pourraient être prises en charge pour un tiers par les assurances, en échange d’une augmentation des cotisations lissée dans le temps, pour un autre tiers par l’État et le dernier tiers pourrait être reporté, voire exonéré. Les assurances ne se sont pas prononcées mais elles doivent aujourd’hui participer à la sauvegarde de l’économie touristique.

Sur le reste, et notamment les conditions de la reprise, la visibilité est nulle et je demande des perspectives cohérentes et raisonnables, des échéances opérationnelles fiables, afin de permettre aux professionnels du tourisme de s’organiser, d’adapter leur offre, et de travailler sur des plans de relance et de redéploiement de leur activité dans les meilleures conditions possibles.

Quelles sont vos requêtes ?

F.D. : Nous demandons au ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire une injection de cash pour soutenir les trésoreries le temps nécessaire, et pour faire face aux charges incompressibles en l’absence de chiffre d’affaires. Nous sollicitons ainsi une exonération de charges et non un report. Nous souhaitons aussi un remboursement des prêts sur 12 mois, et non 6 mois. Il faut donner du souffle aux acteurs touristiques sur l’année 2020 et les assurances doivent jouer leur rôle dans cette crise. Surtout, l’État doit être à la hauteur de l’enjeu : il faut soutenir financièrement les filières, garantir les prêts bancaires, favoriser les partenariats public-privé, relancer les investissements et les seuls reports ou exonérations de charges fiscales et sociales ne suffiront pas à sauver les entreprises directement impactées.

« Les assurances doivent jouer leur rôle dans cette crise. »

Ensuite, la crise passée, nous devrons tous nous mettre autour de la table pour penser le tourisme de demain, un tourisme plus vertueux, un tourisme plus écoresponsable et il faudra des investissements et nous pouvons, je pense nous inspirer de l’hôtellerie de plein air, dont certains acteurs font preuve d’innovation en la matière. Nous devons sauver notre leadership touristique, celui du Var comme celui de la France et un « plan Marshall » ne pourra se contenter du canal d’Atout France, mais bien s’inscrire dans une stratégie de relance par l’État. Il s’agit non seulement de sauver l’existant, pour garantir l’avenir de celles et ceux qui ont parfois consacré toute leur vie pour contribuer au rayonnement touristique de notre pays, mais bien aussi de se placer dans une perspective dynamique d’investissement pour le futur, à moyen et long termes.

Localement, quelles mesures seront prises pour soutenir la relance du tourisme varois ?

F.D. : Nous venons d’acter un vaste plan de communication pour préparer l’après-crise. Suite aux annonces du gouvernement et à la visibilité nouvelle donnée par les compagnies aériennes sur la proportion de vols maintenus durant la période estivale, la « consommation » touristique française devrait, à court terme, être concentrée sur le territoire français. Ainsi, nous avons repositionné le plan de communication 2020, soit un budget de 120 000 euros, pour une visibilité renforcée du Var sur le marché français et régional. Ce plan de communication, complémentaire à celui du Comité régional de tourisme (que nous soutenons à hauteur de 200 000 euros), s’étale d’avril à octobre et cible nos clientèles d’Île de France (25 % des nuitées), Rhône-Alpes (17 %) et Région Sud (16 %), mais aussi les Hauts-de-France (10 %). Des spots publicitaires seront diffusés à la télévision à partir du mois de mai. Ils seront complétés d’une campagne en presse quotidienne régionale, d’affichage urbain dans le métro parisien et sur un écran géant de l’esplanade de la Défense à Paris et des panneaux à Lille et Lyon. Enfin, les réseaux sociaux ne seront pas oubliés.

Nous ferons le maximum car l’envergure de la relance du secteur du tourisme varois est un enjeu crucial pour la sauvegarde des entreprises et des emplois associés. Les enjeux sont très forts et tous nos professionnels sont désormais dans l’attente d’une feuille de route et d’un cahier des charges. Une fermeture estivale est inenvisageable… elle se chiffrerait en millions d’euros de pertes !

Le groupement d’intérêt public en charge de l’organisation du Grand Prix de France vient d’annoncer l’annulation de la compétition, quel est votre sentiment ?

F.D. : C’est un mauvais coup pour le Var, mais aussi pour toute la région et en particulier pour les professionnels de l’hôtellerie.

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