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Coronavirus : un pharmacien et deux entreprises azuréennes fabriquent 5 000 hygiaphones pour les commerces
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Coronavirus : un pharmacien et deux entreprises azuréennes fabriquent 5 000 hygiaphones pour les commerces

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Face à la pénurie de masques, un pharmacien de la vallée du Paillon, près de Nice, a créé avec Découpe Laser et Orsteel Light, deux entreprises locales, des hygiaphones en plexiglas afin de protéger les commerçants des postillons et donc du coronavirus.

L'hygiaphone portatif en plexiglas permet de protéger les pharmaciens et plus largement tous les commerçants et leurs clients des postillons et donc du coronavirus — Photo : DR

L’initiative est partie d’un pharmacien du village de l’Escarène, près de Nice. « J’ai d’abord cherché à mettre le plus de distance possible avec mes patients et clients en disposant une table devant mon comptoir », raconte Thibault Tchilinguirian, « mais cela ne suffisait pas. Il fallait un écran entre nous. » Il en parle alors à Adrien Sfecci, président de l’association des Entreprises des Vallées des Paillons dont il est adhérent.

Découpe Laser lance les premières séries

Sur ses conseils, Thibault Tchilinguirian s’adresse à l’entreprise Découpe Laser, spécialiste du pliage. « Son dirigeant, Loïc Fernandez, m’a fait une première série de 48 plaques en plexiglas pour équiper mon officine, celles de mes parents et d’autres alentour. Pour en diffuser davantage, j’ai contacté mon grossiste en médicaments qui m’a dit avoir déjà des difficultés à livrer du paracétamol et qui était donc bloqué. Je me suis alors rapproché de la plateforme Le comptoir des pharmacies, une marketplace de déstockage de médicaments qui possède un bon réseau de distribution. Nous avons proposé la pièce à prix coûtant. Découpe Laser, qui avait alors mis ses salariés au chômage, les a rappelés pour fabriquer ces plaques ! »

Le jeune pharmacien règle un très gros acompte. Mais le risque est toutefois mesuré tant le besoin est immense. Après une longue journée de travail, aidé de sa préparatrice, il prépare les expéditions dans son garage et colle les étiquettes Chronopost Médical, qui assure la livraison de colis sanitaire partout en France en 24 à 48 heures. Le tout sans gagner d’argent sur ces opérations.

Entreprise d’éclairage, Osteel Light et ses 15 salariés prennent le relais

Face à la demande croissante, l’entreprise Orsteel Light (CA 2018 : 943 000 €), spécialiste de l’éclairage haut de gamme, a pris le relais de la production. En une dizaine de jours, les deux entreprises azuréennes auront fabriqué 5 000 hygiaphones portatifs en plexiglas. « L’objectif est de passer à 1 000 par jour », explique Adrien Sfecci, directeur commercial et développement d’Orsteel Light. Si la vallée industrielle du Paillon est en très grande partie à l’arrêt, son entreprise n’a pas connu un instant de répit depuis le début de la crise. Les 15 salariés travaillent dans des conditions de sécurité évidemment accrues. Le personnel administratif poursuit sa mission à domicile. En plus de répondre aux multiples appels, trois personnes se consacrent à contacter les Fédérations des buralistes, des boulangers… tous ces commerces ouverts, impactés par la pénurie de masques et qui peuvent trouver là une alternative solide. « Nous avons activé nos contacts et nos réseaux sociaux. Nous avons monté un site internet en un jour avec l’entreprise niçoise d’e-commerce Wizishop. Nous n’avons pas de savoir-faire en B to C. Nous nous sommes réorganisés, nous allons passer en deux ou en trois huit. Des rotations sont effectuées pour organiser des pauses à tour de rôle, pour que les salariés travaillent à bonne distance. »

« Nous sommes dans un esprit de solidarité, dans un effort national. »

« Nous ne faisons pas de marges »

Le dirigeant assure que ces plaques peuvent être montées rapidement et simplement, sans outil spécifique, et qu’elles sont adaptables à tout commerce. Le tout « à moindres frais. Notre intérêt n’est pas de faire de la marge mais de pouvoir payer les salaires », précise Adrien Sfecci. « Nous sommes dans un esprit de solidarité, dans un effort national. Jusqu’à samedi dernier, nous recevions de la marchandise de nos fournisseurs italiens. Mais il n’y a pas d’inquiétudes, à Paris les stocks de plexiglas sont importants. »

Au-delà des pharmacies, partout en France

Les 5 000 premières pièces ont été commandées en très grande majorité par des pharmaciens, aux quatre coins de France. Thibault Tchilinguirian espère à présent que les officines feront fonctionner le bouche-à-oreille sur tout le territoire national, auprès des tabacs, des boulangeries, supérettes ou tous autres commerces de leur quartier, avec ce produit qui restera à prix coûtant. « Si nous ne protégeons pas toutes les personnes alentour, l’effort collectif ne sera pas efficace. »

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