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Coronavirus : S2N Propreté a fait faire des masques en tissu pour protéger ses salariés
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Coronavirus : S2N Propreté a fait faire des masques en tissu pour protéger ses salariés

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Si les bureaux de ses clients sont fermés, S2N Propreté poursuit son activité au sein des copropriétés de la Côte d’Azur. Mais pour nettoyer et entretenir les parties communes et gérer les poubelles, les agents n’ont pas de masques jetables. Leur dirigeant a donc fait appel à une couturière.

Laurent Deveau (en cravate rouge) a créée la société de nettoyage S2N Propreté en 2011. Elle compte une centaine de salariés — Photo : S2N Propreté

L’entreprise de nettoyage S2N Propreté a dû cesser ses activités dans les bureaux, faute de clients encore ouverts. Mais dans les copropriétés, qui représentent 70 à 80 % de son chiffre d’affaires annuel (2,5 M€ de CA en 2019), l’entretien se poursuit.

Poignées de porte, boîtes aux lettres, interrupteurs, rampes d’escalier, ascenseurs… : les points de contact sont scrupuleusement nettoyés chaque jour. Les produits utilisés sont plus puissants que d’habitude puisqu’il s’agit de désinfecter, à l’aide de bactéricides et de fongicides.

Le secteur de la propreté est en première ligne. Les agents d’entretien ont des directives précises : ils ne doivent pas parler aux résidents, doivent se tenir à distance… Mais ils n’ont pas de masques.

200 masques en une semaine

« Habituellement, les agents portent des gants, des vêtements adaptés et des chaussures de sécurité », précise Laurent Deveau, dirigeant et fondateur de S2N Propreté. « Ils revêtent même combinaisons et masques lorsqu’ils nettoient au Karcher, comme ce fut le cas par exemple lorsqu’il a fallu enlever la boue après les inondations de novembre dernier. Si les gants ne manquent pas, nous ne trouvons pas de masques. Nous nous sommes inscrits à la distribution organisée par la Ville de Nice, j’espère que nous en bénéficierons. »

En attendant, le jeune patron niçois a fait appel à une couturière pour confectionner des masques en tissu. Aidée de son fils, elle en a réalisé 200 en une semaine. Du coup, chaque salarié de S2N Propreté en a deux, à laver tous les soirs. « Je n’ai pour l’heure pas trouvé d’autres solutions. De la bouche même du ministre de l’Économie, les métiers de la propreté sont des « entreprises essentielles » mais nous n’avons pas de masques pour autant. Nous sommes assis entre deux chaises car nous devons être sur le terrain, nous ne pouvons pas nous arrêter sans quoi nous ne serons pas payés mais il nous faut des protections ! »

Une vingtaine de salariés au chômage partiel

Sur sa centaine d’employés, Laurent Deveau en compte une vingtaine au chômage partiel. Sa filiale Orkin, spécialiste de la gestion des nuisibles, a dû cesser son activité, sa clientèle étant composée en grande majorité d’hôtels. « Tous les clients professionnels et les activités de bureaux ont fermé. Cela m’inquiète, j’ai peur que ce ne soit pas pris en compte dans le cadre du dispositif de chômage partiel. Et pour les hôtels, on me dit qu’ils ne sont pas tous fermés et que nous ne pouvons donc pas entrer dans ce cadre. Nous sommes dans le flou. »

Au-delà du chômage partiel, l’entreprise doit faire face à de nombreuses défections. Il y a les salariés qui doivent gérer leurs enfants, ceux qui ont peur de contaminer un mari ou un parent fragile. Le patron intervient alors lui-même pour regonfler les rangs sur le terrain, comme ce lundi matin au siège du groupe de coiffure Pascal Coste dans le centre-ville de Nice.

"Je suis sûr que le secteur de la propreté sortira grandi de cette crise."

Pour l’heure, l’entreprise possède la trésorerie pour absorber la crise. « Il s’agit de ce que nous avions mis de côté pour du développement, mais combien de temps mettra l’État à nous rembourser ? Cela m’inquiète. »

Projets de développement maintenus

Pour autant, le dirigeant pense à l’après. L’objectif de Laurent Deveau était de déployer l’entreprise qu’il a créée en 2011, sur l’ensemble du territoire national. Son ambition n’a pas changé. Après une acquisition à Sophia Antipolis en novembre dernier et l’ouverture en début d’année d’une antenne près de Marseille, le projet de rachat d’une entreprise en région parisienne reste d’actualité.

L’après, c’est aussi adapter les prestations quotidiennes et anticiper les demandes des clients. « Les gens seront sans doute plus à cheval, plus vigilants sur l’hygiène de choses auxquelles ils ne pensaient même pas jusqu’alors, comme ces fameux points de contact. Il faudra le prévoir dans nos devis. Nous devons ainsi nous préparer et avoir suffisamment de stock de produit bactéricide quand l’activité reprendra. Je suis sûr que le secteur de la propreté sortira grandi de cette crise. »

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