Coronavirus : les supermarchés profitent-ils vraiment de l'épidémie?
Enquête # Agroalimentaire

Coronavirus : les supermarchés profitent-ils vraiment de l'épidémie?

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Les ventes de produits alimentaires ont largement augmenté depuis le début du confinement. Mais tous les acteurs de la grande distribution n’en profitent pas. Si certains connaissent une forte croissance, d’autres tournent au ralenti… Enquête en Vendée et en Loire-Atlantique.

En fonction de leurs tailles et de leurs implantations, certains supermarchés augmentent leurs chiffres d'affaires quand d'autres tournent au ralenti pendant la crise sanitaire. — Photo : Flickr

La veille du confinement, le 16 mars, le Super U de Saint-Jean-de-Monts, à l’entrée de la station balnéaire vendéenne, se faisait dévaliser. Dans les caddies, au milieu des allées bondées, paquets de pâtes, kilos de farine et boîtes d’œufs s’entassaient. « Nous avons vu des comportements à la limite de l’acceptable », se remémore, agacé, Philippe Gaudin, le directeur du magasin qui emploie 160 salariés et réalise 48 millions d’euros de chiffre d’affaires. Depuis, les choses se sont tassées. Si « le panier moyen a explosé », la fréquentation est en chute libre. « Nous avons une très forte augmentation des commandes en drive », relève toutefois Philippe Gaudin. De 20, leur nombre est passé à 200 par jour. Comme lui, la quasi-totalité des supermarchés ont vu leurs ventes exploser au début du confinement. Mais, depuis, le bilan est mitigé. Si certains connaissent une forte croissance, d’autres tournent au ralenti.

Les ventes augmentent en moyenne de 10 %

Dans les stations balnéaires, comme à Saint-Jean-de-Monts, la hausse de chiffre d’affaires reste mesurée. « Nous allons faire + 5 % au mois de mars », estime Philippe Gaudin, qui prévoit, en revanche, une forte baisse d’activité pour le mois d’avril. Car la station balnéaire profite d’habitude des vacances de Pâques pour booster son chiffre d’affaires. « Nous prévoyons une baisse de 50 % », confie le directeur, qui concède toutefois que son magasin est une exception. Selon les panels de distributeurs IRI, les ventes augmentent en moyenne de 10 % pendant la durée du confinement, étant donné que les cantines et les restaurants sont fermés. Mais, en fonction de leur taille et de leur implantation, les grandes et moyennes surfaces ne sont pas logées à la même enseigne. Les hypermarchés connaîtraient plutôt une baisse contrairement aux magasins de proximité, pour qui l’activité décollerait. « Les consommateurs ont l’habitude de faire 20 à 30 kilomètres pour aller dans les hypers. Aujourd’hui, ils ne peuvent pas aller aussi loin de chez eux », souligne Philippe Gaudin.

« Le nombre de clients baisse mais le panier moyen augmente »

Dans les quartiers résidentiels nantais, les magasins de proximité enregistrent en effet une forte hausse d’activité. L’Intermarché du quartier Zola, par exemple, qui emploie 23 salariés, a dû recruter deux intérimaires pour accompagner la hausse des ventes. « Le nombre de clients baisse mais le panier moyen augmente », explique son directeur, qui souhaite rester discret sur ses résultats. Dans le quartier Saint-Mihiel, le magasin Intermarché a également boosté son chiffre d’affaires. « Comme nous sommes un supermarché de proximité, nous voyons pas mal de monde », précise le directeur, sans vouloir s’épancher. Même constat du côté du parc de Procé, où le Carrefour City enregistre « une forte hausse », selon la directrice. Le supermarché a même élargi ses horaires d’ouverture de 7 h à 22 h et ouvre le dimanche matin pour répondre à l’afflux de demandes. Mais pas question pour la directrice de donner des chiffres. La loi du silence semble régner au sein de ces supermarchés qui font plus de business en temps de crise.

Forte baisse d’activité dans les quartiers d’affaires

Les dirigeants des grandes surfaces, pour qui les affaires ne sont pas aussi profitables, sont plus bavards. Dans les quartiers de bureaux, le compte n’y est pas. Le Carrefour City de la Cité des Congrès a doublé son panier moyen mais a deux fois moins de clients que d’habitude. S’il a connu une progression d’environ 10 % la première semaine de confinement, son activité a depuis baissé. De 5 % la deuxième semaine jusqu’à quasiment 15 % la troisième. « Nous vendons habituellement beaucoup de snacking. Mais aujourd’hui, il n’y a que les habitants du quartier qui viennent. Nous avons perdu 60 % de clients », indique Guillaume Allouin, le directeur du magasin.

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