On trinquera Cordier pendant la Coupe du monde de rugby. La SAS, filiale depuis 2015 du groupe InVivo (12 Md€ de CA, 14 500 salariés) - le fournisseur officiel des produits du terroir -, est chargée des vins et champagnes, de la même manière que les boulangeries Louise, autre filiale du groupe, géreront les viennoiseries. Une aubaine à plus d’un titre pour l’historique négociant de Bordeaux créé en 1886 et qui regroupe aujourd’hui 500 salariés, près de 4 000 viticulteurs et 10 coopératives capables de produire 1,2 million d’hectolitres par an pour 380 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Territorialiser
En termes de volume ou de retombées économiques directes, la Coupe du monde de rugby est une goutte d'eau. "En champagne, qui ne sera servi que dans les espaces VIP et les hospitalités, ce doit être 40 000 bouteilles", estime Philippe Leveau, le directeur général de Cordier, conscient que "la boisson phare dans ce genre d’événement reste la bière". Pour autant, ce mordu de rugby, ex-dirigeant du club de Limoges pendant douze ans, et Thierry Blandinières, le directeur général de InVivo tout aussi passionné, n’ont pas hésité à postuler il y a trois ans. "Quand on est fournisseur, on fait un chèque. Donc si on participe, c’est pour l’image. Pour nous, c’était le lancement de notre champagne et cela coïncidait avec la nouvelle dynamique que nous souhaitions impulser à nos mousseux Café de Paris. Nous étions aussi parfaitement équipés pour répondre au souhait des organisateurs de proposer des expériences locales. À l’inverse des JO très axés sur Paris, la Coupe du monde de rugby ce sont neuf villes hôtes et autant de terroirs à valoriser, autant de vignerons locaux que nous pouvons mobiliser et mettre en lumière."
Les vins proposés différeront ainsi d’une ville à l’autre : rosé de Provence à Nice, Bourgogne et Côte du Rhône à Lyon, Château Roc de Candale (Saint-Emilion) et Fourcas-Hostens (Listrac-Médoc) à Bordeaux…
Le French kir pour concurrencer la bière
"Nous avons dû adapter notre offre aux contraintes, à savoir l'interdiction du verre, notamment dans les villages, y compris pour limiter la manipulation et l’empreinte carbone." Cordier servira donc en partie à la tireuse et a dégainé son French kir en alternative à la bière. "Il existait déjà mais c’est une excellente occasion de le mettre en avant et nous avons imaginé le servir à la tireuse." Composé de mousseux Café de Paris et de sirop, il titre à 6 degrés et sera proposé avec un bonbon chargé de prolonger son pétillant. Objectif pour Cordier : "Atteindre 10 % des volumes de bière", et le promettre à un beau développement commercial.
Dans les coulisses, la production a été gérée très en amont. La préparation de la commande correspond à "deux mois d’activité, sachant que pour les vins et champagne c’est au moment des vendanges que tout se joue…" L’enjeu est davantage dans la logistique, le stockage et le marketing. "Nous avons fait des séries limitées et une étiquette collector pour notre champagne avec la date de la finale." Raison supplémentaire de croiser les doigts...
