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Coradin emballe durablement les produits cosmétiques
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Coradin emballe durablement les produits cosmétiques

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Près de Grasse, Coradin fabrique des solutions d’emballages plastique pour la beauté, l’hygiène et la santé. Ultra-innovants et de plus en plus éco-conçus, ses produits séduisent jusqu’aux plus grands acteurs du marché que sont Chanel ou Estée Lauder.

Florence Bidamant et Fabrice Bourdier dirigent Coradin depuis 2018. La PME implantée à Mouans Sartoux, près de Grasse, fabrique des emballages plastiques pour la beauté et la santé qu'ils souhaitent de plus en plus éco-conçus — Photo : O. Oreggia

Quel produit illustre au mieux le savoir-faire de Coradin, spécialisé à Mouans-Sartoux, près de Grasse dans la conception, le développement et la production de pièces injectées pour l’hygiène, la beauté et la santé ? Les deux dirigeants Florence Bidamant et Fabrice Bourdier, répondent de concert : Ecodis 2 en 1. Ce flacon dispenser ultra innovant est constitué d’une cartouche et d’un tube rigide. Par simple pression, la poudre contenue dans la cartouche se mélange à la solution présente dans le tube. Le geste est simple mais recèle une très haute technicité permettant de préserver les actifs.

+60 % de croissance en 2018

Ce système breveté a séduit la marque de cosmétiques Estée Lauder, entraînant la PME dans une folle croissance de plus de 60 % en 2018. « Pendant un an, nous avons fabriqué nuit et jour, sept jours sur sept », explique Florence Bidamant, directrice générale. « Il a fallu assumer la phase de lancement du produit Clinique pour Estée Lauder, mais aussi adapter la gamme au look de la marque. Le succès a ensuite été immense à l’échelle mondiale ! Cela a été difficile de suivre mais nous y sommes arrivés ». Avec un autre design, ce même emballage est vendu en pharmacie sous la marque Eucerin de l’allemand Beiersdorf, maison-mère de Nivea.

Avant même le « plastic bashing »

L’attrait de ce produit ne se résume pas à sa seule technicité, il tient aussi à son éco-conception : plus légère donc moins polluante à transporter, sans pièce métallique, avec des matières premières optimisées (en majorité du polypropylène recyclable, venant de la région Sud ou de Belgique). Si les acteurs de la plasturgie sont aujourd’hui cloué au pilori, Coradin n’a pas attendu pour fournir des réponses à la problématique environnementale. « Depuis plus d’une décennie, l’essentiel de nos déchets est rebroyé et remis dans nos lignes de production », précise Fabrice Bourdier, président de la société. «  Nos équipes de conception travaillent depuis longtemps sur l’économie des plastiques. Je crois qu’il y a une méconnaissance de nos métiers. Par principe, un industriel investit, et par souci économique, il fait attention aux matières ».

Une nouvelle gamme « green »

Ce besoin de durabilité s’illustre encore dans la gamme baptisée Greenis, lancée cette année. Si la demande émane des consommateurs, elle commence enfin à se faire sentir aussi chez les clients des industriels, à savoir pour Coradin, Chanel, Caudalie, L’Oréal, Yves Rocher ou Stago. « C’est moins présent dans la santé mais ils y réfléchissent tout de même », reprend Florence Bidamant. « Dans la beauté en revanche, ils s’y intéressent très sérieusement. Ainsi, quand nous proposons un nouveau produit, nous intégrons soit des matériaux recyclés soit un design permettant qu’il soit recyclé et même rechargé. » Ce qui est déjà largement intégré dans les habitudes de consommation des lessives ou du savon liquide, le deviendrait donc peu à peu pour des produits haut de gamme. « Rechargeable ou recyclé, c’est encore trop tôt pour connaître les tendances de fond », analyse Fabrice Bourdier. « Les matières premières recyclées sont apparues il y a un an dans l’industrie cosmétique. C’est déjà un grand pas car ces matériaux sont un peu différents. Il est, par exemple, très difficile d’avoir un blanc parfait, il reste toujours de micro points noirs, il faut les accepter. Par ailleurs, les fabricants de ces granules de plastique vont fournir moins de certifications de type alimentaire. Nos clients sont donc obligés de s’engager dans des démarches de règlementation auxquelles ils n’étaient pas habitués. Désormais, ils doivent engager leur responsabilité. »

Après les sacs sortie de caisse et les cotons-tiges

Pour le président de la PME, 2020-2021 seront des années charnières pour tout un secteur. « Maintenant que les produits « green » arrivent en masse sur le marché, nous allons voir si ceux qui les demandaient les achètent. Mais il est déjà trop tard pour les entreprises qui n’auront pas pris les devants. Comme pour les cotons-tiges ou les sacs sortie de caisse… de très belles entreprises ont su basculer et d’autres se sont écrasées. Nous allons essayer de ne pas nous écraser ! »

Née à Cannes en 1954, Coradin a été rachetée en 1998 par le groupe suisse Pentapharm dont elle a conservé l’expertise en développement et protection d’ingrédients actifs. L’entreprise a finalement repris son indépendance en 2018. Elle emploie une trentaine de salariés et réalise un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros. Dans son positionnement atypique entre beauté et santé, les cosmétiques représentent les deux tiers de l’activité. La volonté est d’équilibrer peu à peu la répartition tout en augmentant la productivité de la société.

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