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Coquelle en route vers les 500 millions de chiffre d’affaires
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Coquelle en route vers les 500 millions de chiffre d’affaires

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Le transporteur Coquelle a placé l’année 2023 sous le signe "de la croissance et du développement", en signant trois opérations de croissance externe sur le premier semestre. Si la consolidation est en cours, le groupe familial ne compte pas s’arrêter là, et vise les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2027.

L’ETI familiale Coquelle vise une importante croissance sur les quatre ans à venir, pour atterrir à 500 millions d’euros en 2027 — Photo : Benoît GILLARDEAU

Grossir vite et bien, c’est le principal objectif que s’est fixé Coquelle pour les cinq ans qui viennent. L’entreprise familiale de transport, lancée en 1965 à Wancourt (Pas-de-Calais) avec un unique camion, se prépare à atterrir en 2023 à 300 millions d’euros de chiffre d’affaires. Employant 2 000 personnes sur une quarantaine de sites répartis en Europe, l’ETI, qui compte environ 1 400 véhicules, vise les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2027, tout en intégrant des objectifs ambitieux en termes de politique RSE.

Anticiper transition et transmission

C’est que la troisième génération commence à prendre ses marques au sein du groupe familial, pointe Christophe Coquelle, qui a pris en 2001, avec son frère et sa sœur, la tête de l’entreprise fondée par leur père. Et pas question de laisser aux enfants, dans quelques années, une entreprise mal préparée face au "mur d’investissement" que représente la transition énergétique. Un comité stratégique, comptant cinq personnes, a été instauré pour planifier la rénovation du parc roulant et des bâtiments, dans une logique de réduction de leur empreinte carbone. Le transporteur, qui a investi 9 millions d’euros en 2021 dans une centaine de camions roulant au B100, un biocarburant issu d’huile de colza, mise ainsi sur un mix alliant moteurs électriques, biocarburant, gaz, et, à terme, hydrogène. Un renforcement sur le rail-route est également en cours.

"Sans politique RSE, sans bilan carbone à montrer, l’accès aux financements et aux contrats se durcit sérieusement"

"D’ici un an ou deux, 30 % du parc aura une motorisation alternative", avance Christophe Coquelle. "Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur une quinzaine d’ateliers de maintenance en interne, avec une cinquantaine de mécaniciens. Ce serait vraiment compliqué s’il fallait avoir des prestataires différents pour chaque type de motorisation".

Le groupe étudie également l’implantation de panneaux photovoltaïques sur certains de ses bâtiments, pour alimenter ses camions électriques en autoconsommation. "La transition va être douloureuse pour tout le monde", anticipe Christophe Coquelle. "Le rythme des investissements nécessaires s’accélère, et il va falloir une certaine surface financière pour y faire face. Car on y est, les clients, les financiers, les investisseurs, imposent des critères de plus en plus verts. Donc, sans politique RSE, sans bilan carbone à montrer, l’accès aux financements et aux contrats se durcit sérieusement. C’est une chaîne vertueuse, mais ça va faire mal. Et cela participe, sans doute, du mouvement de concentration qu’on observe ces dernières années dans la profession. Les plus petits acteurs se rendent compte que ça va être compliqué de faire ça tout seul."

Accélérer sur la croissance externe

Affichant une croissance insolente ces vingt dernières années, qui l’ont vu passer de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2001, à 300 millions en 2023, cela fait bien longtemps que Coquelle ne se place plus du côté des "petits". Après une première phase de croissance plutôt organique dans la décennie 2000, le groupe se tourne dès 2011 vers la croissance externe, pour soutenir sa progression, "de 10 à 15 % par an". "L’idée n’est pas de grossir pour grossir. J’ai une formation d’expert-comptable : je regarde le résultat net avant de regarder le chiffre d’affaires, et si nous avons une forte croissance, je m’assure qu’elle soit avant tout rentable", sourit Christophe Coquelle.

Après le ralentissement des années Covid, entre 2020 et 2022, Coquelle met un coup d’accélérateur en rapprochant les opérations.

"Il y a beaucoup d’entreprises disponibles à la vente, et nous recevons fréquemment des propositions"

Trois ont été signées entre janvier et juillet 2023, dont deux sur le seul mois de juillet, et pas des moindres. Coquelle a en effet intégré les Transports Guillou (49 collaborateurs, 7,5 M€ de CA), basés dans le Périgord, et surtout, le groupe savoyard Synapse, qui regroupe six sociétés pour un chiffre d’affaires consolidé de 45 millions d’euros, avec 350 salariés. "Synapse, c’est un gros morceau pour nous", reconnaît Christophe Coquelle. "Mais c’est tout à fait le profil d’entreprises que nous recherchons dans nos opérations de croissance externe : un petit groupe bien structuré, avec un management en place, sur lequel nous appuyer pour faire la transition. Il y a beaucoup d’entreprises disponibles à la vente, et nous recevons fréquemment des propositions. Mais nous sélectionnons très soigneusement les dossiers."

D’autres acquisitions sont à l’étude, qui pourraient "peut-être" se concrétiser d’ici début 2024… après une phase de consolidation, tempère le dirigeant, "ambitieux mais pas suicidaire":

Pour mener cette stratégie d’expansion, Coquelle s’est doté d’une direction de la croissance et du développement, entièrement dédiée à l’identification d’entreprises cibles. Surtout, le groupe s’est entouré d’investisseurs. Accompagné d’abord par Finorpa, en 2014, le transporteur a fait rentrer Siparex et Bpifrance à son capital, en 2018. La famille Coquelle conserve 80 % du capital de l’entreprise. 1 % est détenu, depuis 2018, par certains de ses cadres.

Faire évoluer ses métiers

Au rythme des acquisitions, Coquelle agrandit son réseau mais aussi, son éventail de compétences. Très bien implanté en France, dans le Nord, l’Est, le Sud-Est et le Sud-Ouest, le groupe est en train d’étoffer sa présence au centre et dans l’Ouest. Il a ainsi mis un premier pied en région parisienne début 2023, avec le rachat de SDLT-STF, (6,4 M€ de CA 2021, une trentaine de salariés), sise en Seine-et-Marne. Et n’a pas hésité à créer une agence pour suivre un client à Angers, en 2021. Ce faisant, le groupe s’est peu à peu diversifié, depuis le vrac (30 % du CA aujourd’hui) vers le cargo et la distribution (30 %) , l’affrètement (25 %) puis la logistique (5 %), avec 100 000 m² d'entrepôts à son actif. Depuis cette année il a intégré, avec SDLT-STF, la messagerie. "C’est une activité de l’entreprise que nous avons maintenue auprès des clients de la région parisienne. Mais nous n’avons pas vocation à étendre le service colis ailleurs", pose Christophe Coquelle. La location de véhicules avec chauffeur, entrée dans le groupe avec le rachat de Synapse et ses 250 véhicules en location, pourrait, en revanche, être développée plus largement auprès d’une clientèle de distributeurs. Elle représente déjà, environ 10 % du chiffre d’affaires du groupe. Un dernier exemple : avec le rachat de la boulonnaise LD Express en 2022, Coquelle a acquis une solide expertise sur le commerce transmanche, délaissé par les opérateurs d’Europe de l’Est depuis le Brexit, qui a complexifié les démarches.

L’international justement, représente un axe de développement important pour Coquelle, qui réalise 35 à 40 % de son chiffre d’affaires à l’étranger. Le groupe compte 400 salariés à l’étranger, au Luxembourg, en Italie et en Bulgarie, et surtout au sein de sa branche polonaise, qui emploie 300 personnes sur trois sites. À court terme, c’est outre-Rhin que Coquelle va s’implanter. "L’Allemagne est un pays stratégique pour nous, il devient nécessaire d’y être présents. Soit par de la croissance externe, soit par une ouverture en propre. Nous commencerons en tout cas par une petite structure, on verra ensuite où cela nous mène."

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