Il y a dix ans, La Brosserie Française était en totale déperdition. Vieille de 170 ans, cette PME de Beauvais, dans l’Oise, ne doit sa survie qu’à sa reprise en 2012 à la barre du tribunal de commerce par Olivier Remoissonnet et Olivier Voisin, qui décident de "faire de l’industrie différemment", en misant exclusivement sur le made in France. À première vue, l’évolution n’est pas spectaculaire. La PME de 34 salariés fabrique toujours des brosses à dents, un produit de grande consommation pour lequel il paraît bien difficile de se démarquer. En y regardant de plus près, les brosses à dents de la PME n’ont plus grand-chose à voir avec celles d’il y a dix ans. Dans un marché où le marketing et les couleurs flashy dominent, le duo remet tout à plat. Côté produit, c’est l’efficacité et la qualité des brosses, vendues en majorité à travers la marque Bioseptyl, qui prévalent. Côté production, la PME s’engage dans la RSE, avec une usine modernisée alimentée à 100 % en énergie verte, une consommation énergétique divisée par quatre et l’utilisation de plastiques recyclés.
Recyclage des brosses à dents
La PME propose même aux consommateurs de recycler leurs brosses usagées, en organisant la collecte dans les points de vente ou par voie postale, via l’envoi d’enveloppes pré-affranchies. Les canaux de distribution évoluent aussi, les brosses à dents étant en majorité écoulées dans des magasins bio, les pharmacies et sur le web, des espaces où La Brosserie Française peut plus facilement déployer ses arguments. L’évolution des modes de consommation rouvre des perspectives en GMS, pour qui la brosserie travaillait en majorité il y a une décennie. Cette volonté de fabriquer en France autrement est couronnée de succès. Fabriquant 8 millions de brosses à dents par an (soit 4 % du marché tricolore qui reste inondé par des produits asiatiques), La Brosserie Française a doublé son chiffre d’affaires en 10 ans (6 M€ de CA en 2022), tout en restant rentable sur chacun de ses exercices comptables, assurent ses dirigeants.