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La Brosserie française gagne le pari de la relocalisation
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La Brosserie française gagne le pari de la relocalisation

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Après une délocalisation en Chine et un redressement judiciaire, La Brosserie française a remporté avec succès le pari de la réindustrialisation. Basé à Beauvais, dans l’Oise, le dernier fabricant de brosses à dents en France (sous la marque Bioseptyl) a aujourd'hui une croissance de son chiffre d'affaires de 15 % par an.

À Beauvais, dans l'Oise, La Brosserie française est le dernier fabricant de brosses à dents en France — Photo : Lise Verbeke - Le JDE

Devant La Brosserie française, à Beauvais (Oise), un âne et des chèvres tondent la pelouse, à quelques pas de plusieurs ruches. À l’intérieur du bâtiment, des palettes de bois recyclées font office de mobilier. Le ton est donné. Le dernier fabricant de brosses à dents en France revendique deux leitmotivs : l’écocitoyenneté et le made in France. Un modèle économique entièrement revu depuis 2012, après une délocalisation en Asie qui l’a conduit à deux doigts de la liquidation judiciaire.

Le chiffre d’affaires de cette PME d’une trentaine de salariés croît à présent de 15 % par an, pour atteindre 5,3 M€ en 2018. Un retournement dû à la ténacité de son dirigeant, Olivier Remoissonnet.

Le pari du made in France

L'entrepreneur est entré en 2007 dans l’entreprise. Trois ans plus tard, sous la pression des prix pratiqués par la grande distribution, le groupe délocalise 40 % de la production en Chine. « C’était une usine fantôme pourtant vieille de 170 ans ! Elle n’a pas su prendre le virage de la mondialisation », explique-t-il. En 2012, à quelques mois de la liquidation judiciaire, il fait une rencontre qui va tout changer : celle d'Olivier Voisin, dirigeant de Natta, fabricant de pièces plastiques dans l'Orne. Les deux hommes s’associent et reprennent l’entreprise.

« Nous avons établi un projet sur neuf ans pour réindustrialiser le site de Beauvais. Nous avons repris 26 salariés et je me suis mis à la chasse à la clientèle », se rappelle Olivier Remoissonnet. Une enveloppe d’1 M€ sur trois ans est investie dans des machines. Le dirigeant mise sur le circuit court et le made in France pour sa marque, Bioseptyl. « Nous sommes passés d'une présence dans 277 magasins de la grande distribution à 1 000. Nous avons aussi diversifié notre réseau de distributeurs vers les magasins bio », détaille le dirigeant.

En 2014, il lance la première brosse à dents conçue en bioplastique (coquille Saint-Jacques ou copeaux de liège), avec des filaments en base végétale, emballé dans un carton recyclé. Le prix se situe dans la tranche moyenne, entre 3,50 et 4,50 euros. « Nous nous y retrouvons en limitant les intermédiaires », plaide le dirigeant.

Le e-commerce comme canal stratégique

Autre source de revenus non négligeable : le e-commerce, qui représente 25 % du chiffre d’affaires via les achats ou les abonnements des 40 000 clients. Depuis deux ans, les clients peuvent retourner le manche de leur brosse à dents pour être recyclé. Les plastiques inconnus sont transformés en pot de fleurs ou en bitume. Chaque année, 20 000 manches connaissent une seconde vie. « C’est important de montrer que l’industrie peut avoir une démarche de développement durable », insiste Olivier Remoissonnet.

La Brosserie se concentre désormais sur la distribution en magasins bio, le e-commerce et l’export, notamment en Espagne, Suisse, Belgique, Liban, Chine, et bientôt en Russie. L’ambition est de passer de 8 % d’exportation à 25 % en 2020. Elle vient également de lancer une brosse à dents haut de gamme en bois, « en hêtre rouge déclassé, en provenance de forêts écogérées en France ». Le circuit court avant tout.

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