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CIP Nice : « Beaucoup d'entreprises vivent aujourd’hui sous perfusion »
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Michel Signoret président du Centre d’information sur la prévention des difficultés des entreprises de Nice CIP Nice : « Beaucoup d'entreprises vivent aujourd’hui sous perfusion »

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Au contact des entreprises en difficulté du département des Alpes-Maritimes, Michel Signoret, président du Centre d’information sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP) de Nice, dresse un premier état des lieux de la situation économique et confie s’attendre à une rentrée difficile.

Après 14 années passées au tribunal de commerce de Nice, Michel Signoret, directeur général de l'entreprise Signoret Telecom, préside aujourd'hui le Centre d’information sur la prévention des difficultés des entreprises de Nice. — Photo : DR

Le Journal des Entreprises : A l’image des 70 Centres d’Information sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP) présents sur le territoire national, le CIP de Nice propose « les entretiens du jeudi » en visioconférence. Avez-vous constaté une recrudescence des demandes en raison de la crise sanitaire et économique que nous vivons ?

Michel Signoret : Les CIP, plateformes départementales d’écoute et d’orientation ont repris du service depuis la fin du mois de mai avec « Les entretiens du jeudi ». Il s’agit de rendez-vous gratuits et confidentiels avec des bénévoles permettant aux dirigeants qui rencontrent des difficultés, d’être écoutés et orientés vers les dispositifs les plus adaptés à leur situation.

Dans les Alpes-Maritimes, une personne de la CCI Nice Côte d’Azur, un avocat, un expert-comptable et moi-même, dirigeant d’entreprise dans les télécoms et les réseaux (Signoret Telecom, 3,5 M€ de CA, 27 personnes, NDLR) et juge au tribunal de commerce pendant 14 ans, sommes présents aux entretiens pour aider et conseiller les dirigeants d’entreprise.

« Nous n’avons pas encore vu la vague arriver. »

Depuis que nous avons repris ces rendez-vous, nous ne croulons pas sous les demandes de rendez-vous. Nous n’avons pas encore vu la vague arriver et nous craignons unanimement la rentrée. Beaucoup de nos entreprises vivent aujourd’hui sous perfusion, grâce notamment aux différentes aides de l’État mais, en septembre, nous verrons réellement les premières conséquences de cette crise.

Quels sont les principaux problèmes remontés par les dirigeants d’entreprises rencontrés ?

M.S. : La plupart des problèmes ont trait à la trésorerie. Nous faisons face à toutes sortes de cas : des entreprises qui viennent de se lancer et dont les business plans sont mis à mal par la crise sanitaire, ou encore des entreprises indirectement touchées, comme les pressings, dont une majorité de la clientèle travaille dans le secteur événementiel.

Dans quel état d’esprit sont les dirigeants d’entreprise ?

M.S. : Je rencontre des chefs d’entreprise résignés, d’autres pensent s’en sortir. À ce jour, je n’ai pas encore d’échantillon suffisamment large pour tirer des conclusions mais, globalement, je remarque une inquiétude généralisée. Les conséquences psychologiques de la crise ne doivent pas être négligées car les patrons sont les premiers à sentir les effets du ralentissement économique ou de l’arrêt de leur activité. À ceux qui peuvent encore s’en sortir, je leur conseille de faire le dos rond, le temps que ça passe. Pour d’autres, la décision la plus sage est de demander la liquidation judiciaire auprès du tribunal de commerce. Néanmoins, chaque cas est unique et nous sommes là pour leur apporter des conseils sur-mesure en fonction de toutes les données et de tout l’historique de chaque entreprise et de chaque entrepreneur.

Quelles seront les conséquences de cette crise dans le département des Alpes-Maritimes ?

M.S. : Les secteurs les plus touchés, le tourisme et l’événementiel, sont prépondérants dans le département et notre région. Et de nombreuses entreprises, directement ou indirectement liées à ces secteurs vont souffrir. Je n’ai pas de boule de cristal, mais avec tout ce qu’on nous annonce pour la rentrée et notamment le million de chômeurs supplémentaires, nous nous attendons à un automne difficile. J’aimerais me tromper, mais je pense être dans le vrai.

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