En 2022, plus de 50 % des attaques des systèmes d’information sont liées à l’exposition des services sur internet. L’objectif de la start-up Chimère (5 salariés), créée à la fin 2019 par Guillaume-Alexandre Chaizy-Gostovitch et Gabriel Ladet, est de se positionner sur ce marché sensible de la cybersécurité, rendu plus aigu ces dernières années avec le développement du télétravail et des opérations dans le cloud. Toutefois, Chimère a choisi d’adopter une approche qui se veut totalement innovante, développant une expertise sur les technologies utilisées par les hackers.
Ce spin-off du groupe Thales ambitionne en effet de changer de paradigme. "La plupart du temps, les acteurs de la cybersécurité, pour contrer les pirates informatiques montent des murs, empilent des couches de sécurité afin de protéger les systèmes des entreprises. Il faut arrêter cette stratégie ! Plutôt que de barricader les sociétés, rendons leurs systèmes informatiques invisibles depuis l’extérieur, ainsi les hackers ne sauront même pas qu’ils existent", explique Guillaume-Alexandre Chaizy-Gostovitch. L’objectif est ainsi de permettre aux utilisateurs d’accéder aux applications de l’entreprise sans exposer celle-ci. En rendant la surface d’attaque réseau nulle, la solution de Chimère offre une confidentialité totale.
Darknet privé, personnalisé et crypté
" Pour y parvenir, nous avons développé un réseau, baptisé Chimère. Le système informatique de l’entreprise n’est alors plus accessible pour ses utilisateurs via une adresse IP et un port, mais via un intermédiaire, Chimère, qui a pour rôle d’interconnecter les utilisateurs et les services", détaille le dirigeant.
La start-up propose ainsi un darknet privé, personnalisé, dont les mécanismes sont cryptés, utilisant les outils des pirates informatiques pour protéger les sociétés. "Seuls les détenteurs de la clé cryptographique sont en mesure de trouver le chemin jusqu’au service associé. Ce mécanisme assure qu’il est mathématiquement impossible, pour un attaquant au sein du réseau, d’établir une connexion avec le service sans connaissance de la clé", explique le fondateur de la jeune pousse.
Levée de fonds envisagée fin 2024
Le projet Chimère a vu le jour au sein de Thales et a été incubé pendant deux ans par le groupe. Après avoir déposé un brevet et achevé ses derniers tests, l’entreprise lance au début 2024 la commercialisation de sa solution. En visant tous types d’activités : industrie, collectivité, défense, transport… Si Chimère s’adresse en priorité aux ETI et aux grands groupes, la start-up n’exclut pas de travailler avec des entreprises de plus petites tailles. "Plus que le nombre de salariés d’une organisation, c’est le besoin de sécurité qui est l’élément déclencheur. À partir d’une dizaine de collaborateurs, une entreprise peut parfaitement être concernée par notre solution", précise Guillaume-Alexandre Chaizy-Gostovitch.
Pour 2024, Chimère envisage de séduire une dizaine de grandes entreprises afin d’asseoir la crédibilité de son réseau et d’enclencher une levée de fonds pour la fin de l’année, dont les contours ne sont pas encore parfaitement définis. En 2025, Chimère devrait compter de 15 à 20 collaborateurs.
