Chambre de métiers et de l'artisanat Paca : « Ma principale préoccupation, aider les chefs d’entreprise »
Interview # Artisanat

Jean-Pierre Galvez président de la Chambre régionale de métiers et de l'artisanat Paca Chambre de métiers et de l'artisanat Paca : « Ma principale préoccupation, aider les chefs d’entreprise »

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Dans le contexte sanitaire et économique exceptionnel lié à l’épidémie de coronavirus Covid-19, Jean-Pierre Galvez, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de région Provence-Alpes-Côte d’Azur, revient sur le dispositif mis en place localement pour aider les entreprises artisanales et raconte son nouveau quotidien, celui d’un chef d’entreprise confiné.

Jean-Pierre Galvez, président de la Chambre de métiers et de l'artisanat de la région Paca. — Photo : CMAR Paca

Le Journal des Entreprises : Dans le contexte actuel, vous avez mis en place un dispositif pour accompagner les artisans et dirigeants d’entreprises de la Région Paca. Quel est-il ?

Jean-Pierre Galvez : Face au tsunami économique, conséquence de la crise sanitaire du coronavirus Covid-19, la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat s’est organisée pour assurer la continuité de service et suivre les chefs d’entreprise. Avant le confinement, nous recevions déjà 1 000 appels par jour. Jeudi dernier, nous avons mis en place un numéro vert, le 09 800 806 00 et il est important que nos ressortissants mais aussi tous les chefs d’entreprise sachent qu’ils ont des experts à leur disposition pour résoudre leurs problèmes et toutes les formalités liées à la vie habituelle d’une entreprise.

« Les entrepreneurs ont des experts à leur disposition pour résoudre leurs problèmes. »

Nous avons adopté une nouvelle organisation en une semaine. Nous avons ainsi doublé les responsables de sites territoriaux et nous avons généralisé le télétravail. Nous avons créé une équipe de référents et 120 collaborateurs accompagnent les entreprises : nous pouvons traiter les formalités administratives, la formation continue, la création d’entreprise (même si je doute que nous ayons beaucoup de demandes en ce sens) et nous avons monté une équipe de cinq experts juridiques. Enfin, nous avons mis en place des boîtes mail dédiées sur chaque territoire (sur le modèle suivant : assistance06@cmar-paca.fr pour les Alpes-Maritimes. Pour les autres départements, seul le N° du département change, NDLR). En tant que président de la Cmar Paca, ma principale préoccupation est d’aider les chefs d’entreprise pour qu’ils puissent mettre en œuvre tous les dispositifs de soutien existants.

À ce jour, quelle est la situation économique des entreprises ?

J.-P.G. : L’impact est très fort. Sur la base d’une enquête que nous avons envoyée à nos entreprises avant le confinement, 100 % d’entre elles ont répondu et parmi elles 99 % observait déjà un net ralentissement de leur activité. Aujourd’hui, l’impact est total en dehors des entreprises liées à l’alimentaire, qui restent ouvertes et se sont adaptées aux mesures. Les entreprises, dans leur ensemble, sont absolument impactées par une baisse de rideau.

« Aujourd’hui, l’impact est total en dehors des entreprises liées à l’alimentaire. »

Je retiens de cette première semaine que le secteur alimentaire, essentiel au public, tient le choc et offre un peu de chaleur à la population. Ces professionnels sont disposés à respecter les gestes barrière et portent des gants quand ils en ont trouvé… Mais globalement, nous avons un problème car nous ne trouvons ni masques ni gants.

Quelles sont les principales difficultés ?

J.-P.G. : Les entreprises font face à toutes sortes de difficultés et je veux souligner que les partenaires administratifs facilitent la tâche des dirigeants, ils sont conciliants et bienveillants.

Les entreprises sont, en particulier, extrêmement impactées dans leur trésorerie, d’autant qu’avant la crise du Covid-19, elles avaient déjà essuyé quelques épreuves successives : les Gilets jaunes, les inondations, le mouvement de contestation contre la réforme des retraites. Dans ce contexte, nous leur préconisons de réaliser un plan d’étalement de leurs créances en s’appuyant sur l’État et la Banque de France. Les entreprises qui ont fermé leurs portes, peuvent demander le chômage partiel pour leurs salariés… Une telle demande est souvent vécue comme un choc car les artisans n’y ont que très rarement recours en période normale. Et puis se pose le problème du financement des salaires en attendant le remboursement.

« Les entreprises sont extrêmement impactées dans leur trésorerie. »

Vous êtes vous-même dirigeant d’entreprise, comment vivez-vous cette épreuve ?

J.-P.G. : J’ai deux salons de coiffure dans les Alpes-Maritimes et j’emploie sept personnes. Nous avons fermé lorsque nous en avons reçu l’ordre du Premier Ministre, le samedi 14 mars. Pour le chef d’entreprise que je suis depuis 1975, baisser le rideau est un crève-cœur. C’est une émotion particulière quand on ferme son entreprise parce qu’on ne ferme pas pour le week-end ou pour des congés. Nous fermons jusqu’à nouvel ordre. C’est un sentiment particulier, partagé entre la résignation et l’impuissance.

« Baisser le rideau est un crève-cœur. »

C’est plus fort que tout. Dans ma vie d’entrepreneur, je me suis adapté à toutes les problématiques de l’entreprise, j’ai bâti une entreprise qui tient la route, mais quand j’ai fermé, j’ai pensé aux autres : mes clients, mes collaborateurs et au fond de moi, je n’y croyais pas.

J’ai été assailli par les doutes, mais très vite l’esprit d’entreprendre a repris le dessus : j’ai alors listé tout ce qu’il y avait à faire, j’ai préparé le futur et aujourd’hui, le confinement a ça de bon qu’il permet de faire des choses que nous ne faisons pas avant, comme être en famille, s’informer sur sa profession, redécouvrir son jardin…

Tous les jours, je fais une nouvelle croix sur mon calendrier de La Poste, je m’organise comme si j’allais à mon travail, j’essaie d’être utile à mes artisans et mes artisanes. Je pense aussi à mes salariés pour lesquels j’ai créé un groupe WhatsApp : cela permet de les rassurer, de les tenir informés, de les aider aussi.

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