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Bruno Pivain (Navtis) : "Mieux vaut une reprise au tribunal qu'une croissance organique "
Interview Finistère # Industrie # Fusion-acquisition

Bruno Pivain président du groupe Navtis "Mieux vaut une reprise au tribunal qu'une croissance organique "

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Pour continuer à se développer, Bruno Pivain, le président du groupe brestois Navtis spécialisé dans la construction et la réparation navale, l’industrie et l’Oil & Gas, a récemment repris trois entreprises à la barre du tribunal de commerce. Trois expériences totalement différentes sur lesquelles il a accepté de revenir.

Bruno Pivain a repris trois sociétés à la barre du tribunal de commerce depuis 2015 — Photo : Philippe Flamand

Comment s’est déroulée la reprise des sites de Timolor, à Lorient et Saint-Nazaire en 2015 ?

Bruno Pivain : Je connaissais bien ces deux sites pour les avoir pilotés par le passé, lorsque je travaillais au sein du groupe Leroux et Lotz. Ce n’est pas toujours simple de valider un positionnement pour la reprise. On manque parfois d’informations sur l’ensemble des éléments économiques et RH, on se demande s’il faut reprendre l’ensemble des salariés, le passif ou uniquement l’actif. Pour Timolor, nous savions que nous devions nous positionner sur les deux structures afin d’améliorer l’acceptabilité de notre offre. Nous savions aussi que le site de Saint-Nazaire (25 salariés, NDLR) se trouvait dans une situation relativement positive en termes de marchés, de prise de commandes et surtout de capacité de développement. Il fallait donc être très prudent pour établir un prévisionnel, tout en étant suffisamment ambitieux vis-à-vis des partenaires financiers et du tribunal de commerce. Aujourd’hui cette reprise est un succès. Le site emploie 70 salariés, un nouveau directeur arrivera très prochainement et nous avons investi plus de 2,4 millions d’euros dans une nouvelle usine. Et surtout, les collaborateurs adhèrent parfaitement à la stratégie du groupe, ce qui est un point essentiel lors d’une reprise.

Les choses se sont malheureusement moins bien passées à Lorient…

B. P. : En effet, la situation était toute autre à Lorient (45 salariés, NDLR). Les marchés étaient compliqués, il y avait des pertes financières, des marges très faibles et des infrastructures vétustes dont la remise en état aurait été impossible à financer sans l’aide du groupe. Après la reprise, nous avons également constaté une forme d’usure et de lassitude des collaborateurs, très certainement liée au parcours chaotique de la société. Nous avons beaucoup dépensé pour tenter de sauver la société, mais sans succès. Cependant, d’un point de vue global et malgré la fermeture de Lorient, nous estimons que nous avons eu raison de reprendre ces deux sociétés, notamment en termes de synergies.

Pourquoi la reprise de Technométal, en 2019 ?

B.P. C’est le directeur qui m’a appelé pour savoir si nous étions intéressés. Je lui ai dit que oui, mais uniquement s’il restait dans l’entreprise (15 salariés, NDLR) et qu’il supervisait l’ensemble de nos activités existantes en Normandie. Son savoir-faire accélère la diversification et le développement de nos capacités de production, tout comme le rachat de l’atelier de production et de ses capacités de chaudronnerie importantes. Par expérience, mieux vaut reprendre une société à la barre du tribunal de commerce plutôt que de se développer dans le cadre d’une croissance organique, comme nous l’avons également testé en Normandie. Pour une reprise réussie, il faut également établir une cartographie RH très précise, être très présent, rencontrer si possible les clients en amont, s’entourer d’avocats spécialisés et veiller dans sa stratégie à ne pas manquer de BFR afin d’assurer le développement.

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