Lorsqu’en 2020, les services et cabinets psychologiques ferment leurs portes pour cause de crise sanitaire, la start-up toulonnaise C2Care, qui propose des logiciels thérapeutiques en réalité virtuelle depuis 2016, perd son marché cible et tout son potentiel de développement. Un an plus tôt, elle se voyait déjà conquérir le monde grâce au bouclage d’une levée de fonds d’1,4 million d’euros. Contrainte de revoir sa copie, des patients, qui contactent la jeune entreprise en direct, lui soufflent une nouvelle piste : proposer un service de thérapie par réalité virtuelle en direct. Des psychologues sont alors recrutés, une nouvelle offre de soins pour traiter les phobies, l’addiction au tabac ou les troubles du comportement alimentaire, voit le jour et rencontre son public : "Au total, nous avons pris 600 patients en charge et aujourd’hui, 200 sont suivis par nos psy et en cours de thérapie via nos casques", confie Pierre Gadea, cofondateur de l’entreprise avec Romain Streichemberger. Cette entorse à la stratégie initiale qui prévoyait de cibler exclusivement les psychologues est un "succès, elle représente aujourd’hui 20 % de notre activité", ajoute le dirigeant.
Un nouveau marché : les entreprises
Elle a aussi permis à l’entreprise toulonnaise, qui revendique un total de 22 000 patients traités depuis sa création, d’atteindre l’équilibre et de se lancer officiellement sur un troisième marché, celui des entreprises. Un marché sur lequel C2Care communique depuis quelques semaines avec l’espoir de compter une cinquantaine d’entreprises partenaires d’ici la fin de cette année. Là encore, l’idée est venue du terrain, de demandes provenant de deux grands groupes français pour une utilisation des casques en interne dans le cadre d’une démarche plus globale de qualité de vie au travail. "Nous nous sommes donc dit qu’il y avait une nouvelle clientèle à conquérir, que nous pouvions permettre aux dirigeants, DRH ou médecins du travail de prendre soin de leurs salariés en leur proposant un accompagnement psychologique en réalité virtuelle", détaille Pierre Gadea. Pour lui, cette offre répond à un enjeu majeur des entreprises et à la nécessité de pouvoir s’appuyer sur des salariés en bonne santé : "La santé mentale en entreprise fait partie intégrante des risques psychosociaux et les problématiques les plus rencontrées sont en lien avec le stress et le burnout, avec des phobies impactant le travail, avec l’affirmation et l’estime de soi. Alors que 25 % des salariés pourraient être touchés par une détresse psychique, la thérapie par réalité virtuelle permet de déstigmatiser la santé mentale."
Cap vers les 5 M€ de chiffre d’affaires
Pour accompagner ces changements de cap, C2Care, qui propose 176 environnements différents de thérapie (phobies de l’avion ou de la conduite, vertige, addictions, hypnose, éducation alimentaire, etc.) compte déjà cinq psychologues en interne, dont deux experts en santé au travail, portant à 15 l’effectif total de l’entreprise. De nouveaux postes sont ouverts pour structurer la société et renforcer le développement commercial auprès des professionnels de santé, qui sont plus de 900 à être équipés en France, comme des entreprises. Pierre Gadea reste discret sur le chiffre d’affaires de C2Care mais révèle son ambition : atteindre les 5 millions d’euros d’ici trois ans.
