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Avec le Pleneri, Dao va lancer une alternative au cuir animal
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Avec le Pleneri, Dao va lancer une alternative au cuir animal

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Le créateur nancéien Davy Dao va mettre sur le marché un sac fabriqué avec du Pleneri, une matière ressemblant à un cuir composé essentiellement de lin. Une diversification pour l’entreprise et un premier produit pour cette nouvelle matière appelée à évoluer.

Les sacs Faubourg, fabriqués en Pleneri, sont assemblés dans l’atelier Dao de Maxéville, en périphérie de Nancy — Photo : Jean-François Michel

Dirigeant de la société Dao, marque nancéienne connue pour ses jeans fabriqués en lin, Davy Dao reconnaît avoir abordé le marché de l’accessoire de mode et de la maroquinerie "la fleur au fusil". "Pour moi, le produit est tellement beau, il fallait absolument que ça sorte", estime Davy Dao.

Après avoir imaginé puis produit le jeans en lin, le dirigeant de la société Dao récidive dans l’innovation avec un sac fabriqué en Pleneri, une alternative au cuir animal fabriqué avec 72 % de lin, le reste étant composé d’un dérivé du plastique, l’élastomère de polyuréthane ou EPU. L’entrepreneur, qui emploie dix salariés pour produire près de 7 000 paires de jeans par an, devrait boucler l’exercice 2023 sur un chiffre d’affaires de près d’un million d’euros et a déjà investi près de 100 000 € dans le développement de Pleneri.

Un cuir "sobre" face à l’utilisation de peaux

Les premières réflexions datent de 2018 : à cette époque Davy Dao songe à remplacer le cuir utilisé pour fabriquer le jacron, cette petite pièce cousue à la ceinture et servant d’étiquette aux jeans. Quelques recherches plus tard, le dirigeant s’impose un cahier des charges : "Trouver une alternative au cuir qui soit 100 % biosourcé". Une publication de la Commission européenne l’amène à comprendre qu’à partir "de 25 taureaux abattus pour une tonne de peau brute, on obtient 145 kg de cuir", résume Davy Dao. "L’ensemble des processus de production pour cette quantité de cuir génère plus de 1,3 tonne de déchet, l’utilisation de produits chimiques, et des dizaines de milliers de Kwh d’énergie."

En 2020, les premiers essais aboutissent à un résultat satisfaisant grâce à l’utilisation de lin, mais le Covid interrompt les développements pilotés par le Cetelor, le Centre d’essais textile lorrain, basé à Épinal. "Cette période m’a aussi permis d’avoir une prise de conscience. Avec cette nouvelle matière, il est possible de faire beaucoup de choses", estime Davy Dao.

Cinq années de tests et d’expérimentation, menés avec le Cetelor, ont été nécessaires pour aboutir à un cuir végétal conforme aux exigences de Davy Dao — Photo : Jean-François Michel

Plus question de se contenter de fabriquer les jacrons de ses jeans, le dirigeant de Dao dessine un sac unisexe, le Faubourg, dans cette nouvelle matière, le Pleneri. Hormis les zips, fabriqués en Belgique, et la bouclerie, en Italie, tous les composants du sac sont produits et confectionnés en France, jusqu’à l’assemblage, finalisé dans les 500 m² d'ateliers dont dispose la marque Dao à Maxéville, en périphérie de Nancy.

Pour se lancer sur le marché, Davy Dao a choisi d’ouvrir un financement participatif sur la plateforme Ulule, permettant aux premiers convaincus d’acheter le sac en pré-commande 149 € contre 299 € après le lancement officiel, programmé pour mars 2024. Les 15 000 € recherchés sur la plateforme devront permettre de financer la production de la nouvelle matière, mais aussi d’acheter un nouvel outillage permettant de lancer la production en série.

Une matière qui doit incorporer toujours plus de lin

La campagne sur Ulule devrait être bouclée en moins de trois semaines : un temps qui a semblé très long à Davy Dao. "Pour le financement de notre jeans en lin, nous avions rassemblé 120 000 € en moins de 24 heures", rappelle le dirigeant. Un engouement que le créateur ne retrouve pas dans ce nouveau produit. S’il admet que le contexte n’est pas très favorable, "entre la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien et l’inflation", Davy Dao évoque une "diversification qui patine". "Les accessoires de mode, c’est un marché très spécifique, avec des codes précis que nous avons bousculé un peu fort".

Quel que soit le succès du premier sac en Pleneri, le dirigeant de Dao travaille déjà sur l’avenir de sa nouvelle matière. Détenteur d’un co-brevet avec l’Université de Lorraine sur le Pleneri, Davy Dao veut maintenant se donner trois ans pour concevoir un cuir contenant jusqu’à 90 % de lin. "Nous avons déjà touché du doigt cet objectif, mais à des tarifs qui n’avaient plus de rationalité économique", regrette le dirigeant. Grâce au travail d’un doctorant, embauché dans le cadre d’une thèse Cifre au Cetelor, Davy Dao compte poursuivre les recherches. "Cela nécessitera encore 40 000 € d’investissement, pour lesquels il sera possible de trouver des financements publics", assure le dirigeant.

Ensuite, il faudra "répondre aux exigences de tous les marchés" pouvant être utilisateur de cette alternative au cuir, explique le dirigeant en évoquant le développement de l’alcantara, ce tissu composite ayant l’aspect du daim mais fabriqué en apposant une résine de polyuréthane sur des fibres de polyester. "Après, nous pourrons nous appuyer sur le savoir-faire des tanneries pour proposer une multitude de couleurs ou de grains pour le Pleneri."

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