"Nous voulons créer des start-up, c’est l’objectif de ces concours", résume Frédéric Magni, repsonsable crédits et innovation au sein de Bpifrance. Les concours nationaux en question, i-PhD et i-Lab, ont vu cette année 12 projets* azuréens récompensés, correspondant à un investissement potentiel de 2,7 millions d’euros. C’est le meilleur palmarès jusqu’à présent pour le territoire.
500 deeptechs par an
Le volet i-PhD, lancé en 2019, s’adresse aux jeunes chercheurs afin de valoriser leurs travaux et créer des start-up en rupture technologique, en lien avec les structures de transfert de technologie et les laboratoires de recherche publique. La dynamique est là : sur le plan national, 70 dossiers avaient été déposés il y a quatre ans contre 100 en 2023 pour 50 lauréats.
"À noter, reprend Frédéric Magni, une forte représentation de la gent féminine, qui représente 38 % des lauréats, c’est très important." À l’image d’Antonia Machlouzarides-Shalit et NeuroPin, entreprise de technologie médicale qui aide le radiologue à détecter et à mesurer rapidement les régions et les anomalies du cerveau ; de Marielle Péré qui, avec CellEmax, travaille sur le traitement du cancer ; ou de Charlotte Gaviard (Grand Prix) avec DareWin Evolution qui explore le domaine des biotechnologies bleues au service d’une économie durable. "L’objectif du Plan deeptech est de voir l’émergence de 500 deeptechs par an à l’horizon 2030, précise le représentant de Bpifrance. C’est un enjeu colossal mais nous sommes dotés de fonds, régulièrement abondés par l’État, pour permettre cette accélération."
Innover dans les entreprises
Faire sortir les chercheurs de leur laboratoire, les aider à devenir des entrepreneurs et faire ainsi de la France un acteur majeur de l’innovation de rupture à l’échelle internationale, est aussi l’objectif du concours i-Lab qui finance les meilleurs projets de recherche et de développement pour la finalisation d’un produit, un procédé ou un service technologique innovant, grâce à une aide financière pouvant aller jusqu’à 600 000 euros et un accompagnement adapté. Tous soutenus par l’incubateur Provence-Côte d’Azur, 7 lauréats azuréens figurent donc au palmarès cette année, qui pour observer les fonds marins (DESS), utiliser les insectes contre les ravageurs dans l’agriculture (AgroInnov), proposer une nouvelle approche thérapeutique contre le glioblastome, un cancer cérébral (Virtu Therapeutix) ou développer des lunettes auditives pour mieux comprendre la parole dans le bruit (Pulse Audition). PearCode, distinguée par un Grand Prix, vise à assurer un stockage massif de données numériques sur de l’ADN synthétique. Tous ces porteurs de projets sont partenaires de l’INRAE, d’Université Côte d’Azur, du CNRS, de l’Inserm ou de la SATT Sud-Est. Mais "l’innovation ne se fait pas chez nous, elle se fait dans les entreprises, a souligné Maureen Clerc, directrice du Centre Inria d’Université Côte d’Azur. On veut que vous soyez connus dans le monde entier !"
Pour cela il faut de la R & D, des financements, de l’accompagnement, des cerveaux au profil de chercheur et d’autres aussi au profil d’ingénieur, ce qui manque dans les Alpes-Maritimes et surtout à Nice. Le retard tend toutefois à se combler : deux écoles d’ingénieurs s’y sont installées ces trois dernières années (Centrale Méditerranée et Isart) et la Métropole Nice Côte d’Azur dit être en pourparlers avec d’autres écoles qui souhaitent venir s’implanter sur son territoire.
Les lauréats * Côte d’Azur 2023 : NeuroPin d’Antonia Machlouzarides-Shalit, CellEmax de Marielle Péré, DareWin Evolution de Charlotte Gaviard, Dimicare Biotech de Juan Antonio Garcia-Sanchez et SequoIA Analytics de Daniel Mata Flores pour le volet I-PhD ; et PearCode de Melpomeni Dimopoulou, DEESS de Frédéric Mittaine, AgroINNOV Christophe Vasseur, Mycelium Technologies de Laetitia Pierazzi, Evolutive Agronomy de Lucie Monticelli et d’Antoine Pasquier, Pulse Audition de Manuel Pariente et Virtu Therapeutix de Thierry Virolle, pour le volet i-Lab.)
