Depuis sa création en 2009 à Labège (31), c'est l'une des sociétés de biotechnologie les plus prometteuses d'Occitanie. Antabio (20 salariés, CA : non communiqué) aborde en 2021 une phase charnière de son développement. « Nous étions jusqu'à présent une société de recherche, nous préparons désormais l'entrée en essai clinique de nos trois traitements contre les infections résistantes aux antibiotiques. Pour ces trois candidats-médicaments, la phase 1, consacrée aux études de toxicité, doit démarrer au plus tard en 2023 », confie le président fondateur d'Antabio, Marc Lemonnier.
Partenariat en Chine
La biotech envisage même de finaliser avant la fin 2021 l'entrée en essai clinique de son programme MBLI, qui s'attaque à des infections résistantes particulièrement répandues en Chine. Antabio cherche à s'appuyer sur un partenaire local, pour porter les études thérapeutiques et agréger des premières données. La société haut-garonnaise conservera l'exclusivité des droits pour le reste du monde. Un schéma stratégique qui s'impose moins pour les deux autres candidats-médicaments qui vont entrer en essai clinique, l'un qui traite les infections respiratoires liées aux maladies nosocomiales, et l'autre qui s'attaque aux formes antibiorésistantes de la mucovisidose.
Pour ses trois traitements, Antabio prévoit de démarrer en 2025 la phase 2, qui vise à démontrer l’efficacité du traitement et à préciser la dose optimale auprès d'un nombre restreint de patients. « Nous aurons alors un saut de valeur significatif, avec des données cliniques consolidées », précise Marc Lemonnier. Ce sont ensuite les sociétés pharmaceutiques qui prendront le relai pour les essais en phase 3, sur une large population de patients, puis pour les autorisations de mise sur le marché.
Une levée de fonds au second semestre
Afin de couvrir ses besoins financiers dans les trois prochaines années, Antabio prévoit une nouvelle levée de fonds de série B de 15 millions d'euros au troisième trimestre 2021. La biotech a prévu entre 5 et 10 recrutements ces deux prochaines années pour accompagner ses développements cliniques, et notamment renforcer ses expertises réglementaires et pharmacologiques.
« Avec la Covid-19, tout le monde a compris le coût humain et économique d’une pandémie. »
Si la crise sanitaire a eu peu d'impact sur l'activité d'Antabio, elle a en revanche accéléré une prise de conscience sur la nécessité de mieux prévenir la diffusion de pathogènes non contrôlés, virus ou bactéries. « Nous intervenons sur un besoin médical encore insuffisamment adressé alors qu'on estime que l'antibiorésistance provoque déjà près de 700 000 morts par an, et que l'OMS en a fait une de ses priorités : les mécanismes de marché sont longtemps restés défavorables à notre secteur, constate Marc Lemonnier. Avec la Covid-19, tout le monde a compris le coût humain et économique d’une pandémie. » La stratégie adoptée en 2019 par l'Union européenne pour soutenir les activités de recherche et appeler à de modèles économiques dans le développement de nouveaux antimicrobiens pourrait aussi aider à changer la donne ces prochaines années.
