Le créateur
Stéphane Mahé, âgé de 52 ans, possède une formation dans l’agroalimentaire et a exercé différents métiers dans ce domaine, toujours en Bretagne et jamais très loin des algues. Il y a cinq ans, il a pris un virage professionnel et a commencé à réfléchir à son projet de transformation des algues. Au terme de recherches et d’essais, il a présenté son idée en juin 2019 à la Technopole Saint-Brieuc Armor (devenue depuis Innôzh Technopole) et à Emergys Bretagne. En décembre 2019, il créait Algroupe, entrait à la pépinière Cap Entreprise 2 en mars 2020 et réalisait sa première production en juin de la même année.
Le concept
Le projet d’Algroupe est de proposer aux entreprises agroalimentaires un nouvel aliment : le haricot de mer (himanthalia elongata), sous la marque Algood. Nouveau car transformé par le procédé de la lactofermentation qui consiste en la transformation des glucides en acide lactique et augmente la concentration en nutriments de l'aliment. "Il peut être vendu en bocal mais il peut surtout devenir un nouveau légume pour les industriels, un ingrédient qui peut intégrer tous les process sans préparation, avec des facultés antioxydantes, texturantes et gélifiantes, avec des valeurs nutritionnelles riches en fibres, oligoéléments et vitamines, des indicateurs chimiques positifs et des qualités en termes de goût", énumère Stéphane Mahé. Autre argument, dans le domaine de l’éco-responsabilité, les haricots de mer utilisés, récoltés à Roscoff et Perros-Guirec, sont triés, nettoyés, découpés et conditionnés à température ambiante. Un premier produit utilisant "l’algue légume", une soupe de poisson, a été sorti fin 2021 par Les Délices de la mer (groupe Le Graet). D’autres utilisations sont en cours de développement, dans le domaine traiteur (salade, fromage) et le tartinable.
Les perspectives
Malgré cela, "le développement de la start-up est freiné par une certaine inertie des acteurs de l’agroalimentaire, déplore Stéphane Mahé. Intégrer un nouvel ingrédient met du temps car il fait appel à l’innovation et ça n’a pas été toujours le sujet du moment avec la crise sanitaire, qui a plutôt poussé à développer ce que les industriels savaient faire et ce qui marchait", constate le président d’Algroupe. Le Costarmoricain a poursuivi ses recherches de débouchés pour son produit issu de la lactofermentation et en a trouvé un qu'il espère particulièrement prometteur. "Nous avons un développement en cours d’un produit de facteur d’appétence dans le domaine de l’alimentation animale, qui favorise l’ingestion des compléments alimentaires", explique Stéphane Mahé. Testé par une société d’envergure nationale, le produit destiné aux porcelets devrait être commercialisé ce printemps. Il est issu du jus obtenu au cours du process de lactofermentation. "Ce pourrait être le retour le plus rapide et faire basculer le business plan : le coproduit deviendrait l’algue." Algroupe a obtenu mi février le standar feed Chain Alliance pour pouvoir devenir fournisseur en matière de nutrition animale. Parallèlement, une levée de fonds d’amorçage est en cours depuis début mars. Elle pourrait s’élever à près de 400 000 euros.
