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AC Environnement : « Nous devons être moins dépendants des marchés publics »
Interview Loire # Immobilier

Denis Mora président d'AC Environnement AC Environnement : « Nous devons être moins dépendants des marchés publics »

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Sous le coup d'une enquête pénale toujours en cours, le spécialiste du diagnostic immobilier AC Environnement, basé à Roanne dans la Loire, remonte la pente après une année horribilis et vient de lancer son nouveau plan stratégique. Un plan qui, selon le président de l'ETI Denis Mora, repose sur une diversification de clientèle et d'activité avec en ligne de mire le marché des audits énergétiques.

Le président du groupe roannais AC Environnement, Denis Mora, ambitionne d'atteindre les 70 millions d'euros de chiffre d'affaires à horizon 2024 — Photo : AC Environnement

Depuis novembre 2019, AC Environnement (650 salariés ; 45 M€ de CA en 2020) est visé par une enquête pénale suite aux dépôts de plaintes de sept ex-salariés du groupe qui vous reprochent de les avoir exposés à une surconcentration de substances cancérogènes. Où en est-on de cette enquête ?

La procédure est toujours en cours. Elle est entre les mains des avocats des deux parties et suit le rythme classique et long de la justice française. De notre côté, nous avons reconnu que nous avions été défaillants dans nos procédures, nous avons produit toutes les pièces et expertises demandées et surtout, depuis cet épisode malheureux, nous avons restructuré la sécurité de deux de nos trois laboratoires que sont Riorges (Loire) et Limonest (Rhône). Nous avons effectué des investissements importants et le troisième laboratoire est en cours de transformation pour répondre aux mêmes critères de sécurité. Nos salariés y sont déjà en sécurité mais nous avons souhaité aller encore plus loin. Et cela sera fait au premier trimestre 2021.

Cette affaire n’a-t-elle pas altéré votre image et freiné votre développement ?

Cela a effectivement été un frein à notre développement parce que tous nos investissements se sont portés sur la mise en sécurité de nos collaborateurs. Nous nous sommes concentrés sur cela. Les investissements, les arrêts d’activité et l’accompagnement des salariés représentent un coût d'environ trois millions d’euros. Il s’agissait d’une urgence absolue. Il fallait le faire, nous l’avons fait ! Maintenant, ce qui a surtout impacté notre développement, c’est le Covid. L’arrêt brutal pendant un mois au premier confinement et la reprise partielle jusqu’au 19 mai nous ont fait perdre beaucoup d’affaires. Or ce qui a été perdu n’est pas rattrapable à effectif constant et nous n’avons pas les moyens de créer les ressources humaines que nous souhaiterions. Au final, l’impact du Covid se chiffre à 13 millions d’euros. Nous aurions dû faire 58 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020. Nous allons boucler l’exercice à 45 millions.

Depuis janvier 2020, vous avez fait évoluer votre gouvernance, avec notamment le départ du directeur général, Stéphane Sanchez. Est-ce que sa démission et la nouvelle gouvernance mise en place ont un lien avec les démêlés judiciaires d’AC Environnement ?

Pas du tout ! Stéphane Sanchez a quitté ses fonctions dans le cadre d’un calendrier que l’on avait fixé ensemble, indépendamment des événements de 2019. Nous en avons effectivement profité pour revoir notre gouvernance avec une structure qui repose désormais sur trois directeurs généraux délégués que sont Jean-Baptiste Sebag en charge de la transformation et de l’opération, Bruno Afresne en charge de l’exploitation et du commerce, et Gilles Simionesco qui s’occupe de l’administration des finances.

Vous avez aussi récemment nommé un nouveau directeur commerce et marketing en la personne de Jean-Michel Talazac. Quelle va être sa mission ?

Jean-Michel Talazac est placé sous la responsabilité de Bruno Asfrene. Il a la charge de transformer notre portefeuille clients en le diversifiant. Jusqu’à présent, le groupe a appuyé sa croissance sur le marché public, les institutionnels que sont les bailleurs sociaux, les mairies, les Régions… Aujourd’hui, notre volonté est d’aller vers plus de marchés privés, industriels et tertiaires, pour sortir de cette dépendance aux marchés publics.

C’est l’axe majeur de votre nouveau plan stratégique ?

Nous souhaitons effectivement diversifier notre portefeuille mais aussi nos activités notamment en direction de l’énergie. Avec ce qui est prévu dans le plan de relance du gouvernement, nous avons la conviction que nous avons une place à prendre sur les audits énergétiques.

Vous n’en faisiez pas déjà ?

Nous faisions déjà des diagnostics de performance énergétique (DPE). C’est d’ailleurs quelque chose qui va prendre de l’importance avec leur troisième version, qui va rendre ce document opposable dès 2021. Un document sur lequel l’État va s’appuyer pour lutter contre les "passoires énergétiques". Nous nous attendons donc à une massification de ces expertises. Mais l’audit énergétique, c’est encore différent ! C’est une expertise plus approfondie qui demande un niveau de certification supérieur que l’on va aller chercher. Nous souhaitons aussi nous positionner fortement sur les certificats d’économies d’énergie que l’on voit arriver un peu partout. Il y a aussi le diagnostic technique global, qui va être adossé aux copropriétés en France avec un volet énergétique extrêmement important. Et pour capter tous ces marchés, nous avons pris la décision d’isoler l’ensemble de ces expertises au sein d’un département Énergie pour lequel nous avons beaucoup d’ambition.

Diversification de clientèle, d’activité mais aussi transformation de vos outils de production ?

Parfaitement. Nous avions jusqu’ici un outil de rapport d’expertise performant et compétitif pour le diagnostic immobilier. Aujourd’hui, notre panel de prestations s’élargit avec notamment l’audit énergétique. Nous avons pris la décision de tout remettre à plat pour reconstruire un système informatique qui devrait être à la disposition de nos collaborateurs à partir de septembre 2021. ce nouveau système informatique prendra la forme d’un nouvel ERP pour nos salariés sédentaires et de nouveaux logiciels de diagnostics pour nos techniciens de terrain. L’objectif étant d’optimiser différentes tâches pour plus de profitabilité et aussi de confort en termes de travail pour nos collaborateurs.

Quid de votre réseau de franchisés qui avait vu le jour avec la reprise de votre confrère ASE ?

Nous avons mis son développement en stand-by jusqu’à ce que nous ayons notre nouvel outil informatique, qui va aussi nous permettre d’équiper plus facilement nos franchisés. Pour l’instant, nous avons 25 franchisés ASE et quatre franchisés AC Environnement. La reprise du développement se fera en 2022 et 2023 avec la volonté d’arriver à 80 agences d’ici fin 2023 et de porter notre chiffre d’affaires à 70 millions d’euros à horizon 2024.

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