4 millions de touristes gagnés en dix ans dans la région
# Tourisme # Attractivité

4 millions de touristes gagnés en dix ans dans la région

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Le Comité régional du tourisme de Bretagne (CRT) a publié les résultats d'une enquête sur l'état de la fréquentation touristique. Une enquête en profondeur qui n'avait pas été menée depuis 2005. Entre temps, la Bretagne a gagné 4 millions de visiteurs annuels mais perdu 1 million de Franciliens.

— Photo : Pierre Gicquel

Le Comité régional du tourisme vient de publier les résultats de son enquête Reflet 2016, pour permettre aux acteurs du tourisme de disposer d’une photographie actualisée et détaillée des touristes séjournant en Bretagne, de leurs pratiques et motivations. Autant d’éléments utiles pour ajuster aux mieux les stratégies marketing, de communication et de commercialisation. Pas de grande surprise pour les lieux qui attirent le plus, le critère de choix arrivant loin devant tous les autres étant la nature, les paysages, le littoral, on compte donc 76% de fréquentation sur la côté. Mais d'autres chiffres clés interpellent.

Tourisme: 4,5 milliards d'euros de retombées

L'enquête Reflet dénombre un total de 13 millions de touristes en Bretagne pour l'année 2016 (les chiffres 2017 ne pouvant encore y être inclus) et 4,5 milliards d'euros dépensés par ces visiteurs. « Une balance commerciale en matière de tourisme ne pouvant être calculée que d'un État à l'autre, il nous est impossible de calculer un bénéfice net pour la seule région Bretagne, explique Audrey Legardeur, nouvelle directrice du CRT. Ce que nous pouvons affirmer en revanche, c'est que le tourisme représente 8,1% du PIB de la région, et 7% pour la France. En Espagne, c'est 10%. Ce qui montre qu'il existe une sacrée marge de manœuvre. Nous avons la chance d'être la troisième région française en terme de fréquentation et ce, avec une seule vraie saison. Mais ce n'est pas une raison pour s'endormir sur ses lauriers. Nous allons notamment travailler sur les chaînes de valeurs, c'est-à-dire en reliant toujours plus les différents acteurs. »

Ce qui a changé depuis 2005

La dernière enquête ayant été produite en 2005, Jessica Viscart, responsable du pôle observatoire du CRT, revient sur ce qui a évolué entre temps: « De nombreux bouleversements ont impacté la fréquentation touristique. L'évolution fulgurante des technologies entre 2008 et 2016, comme l'usage des smartphones ou le web 2.0 ont accompagné un changement de comportement. Un autre point important a été l'influence de la géopolitique, avec les attentats et les conflits armés mais aussi la crise de 2008 qui ont impacté la fréquentation touristique.» Pourtant , la Bretagne comptait 9 millions de touristes en 2005 contre 13 millions en 2016 «mais pour des séjours plus courts, en passant de 10 à 7,5 nuits par séjour», précise Jessica Viscart. En 2016, la dépense moyenne par jour et par personne était de 47,20€, pour un budget moyen de séjour de 1 222€. Quant au changement de comportement, il s'observe dès la réservation, à 52% par internet. Les réservations des séjours marchands se font aussi en majorité sur internet (Booking 20%, Site de l'hébergement 12%, AirBnB 11%, Gîtes de France 7%, Le Bon Coin 6%, Abritel 5%) mais aussi, toujours à 22% par téléphone.

La Bretagne comptait 9 millions de touristes en 2005 contre 13 millions en 2016.

Photo : Pierre Gicquel

1 million de Franciliens perdus

« La clientèle étrangère présente globalement une stabilité entre 2005 et 2016, poursuit Jessica Viscart. Mais nous observons une diversification des provenances, l'importance des Britanniques étant moins lourde. Pour les touristes venant de France, on observe qu'on se recentre sur de l'ultra-proximité ». En effet, 37% des visiteurs arrivent du Nord-Ouest de la France et 27% de Région Parisienne. « Entre 2005 et 2016, nous avons perdu 1 million de Franciliens. La distance géographique, liée à la tendance de partir moins loin et de manière plus fractionnée, jouant un rôle, tout comme la diminution du nombre des maisons secondaires. »

Opération séduction

Les marges de progression sont donc à chercher chez ces touristes Franciliens mais aussi vers les habitants du Sud-Ouest (région la moins bien représentée avec 6%). Côté Européen: l'effritement continu depuis de nombreuses années de la clientèle Britannique est à surveiller de près, notamment avec les effets pressentis du Brexit, sachant qu'ils sont encore les principaux visiteurs étrangers de la Bretagne. Dans le même temps, la région a vu l'augmentation de la présence des Allemands, des Belges, des Suisses et des Espagnols. Plus loin, « nous avons la cote chez les Japonais et les Américains, ce sont deux provenances où nous accentuerons nos efforts. »

Le témoignage d'Océanopolis

Stéphane Maby, directeur d'Océanopolis, témoigne de l'intérêt d'une telle enquête pour sa structure, premier site payant en Bretagne avec 415 000 visiteurs : « Grâce à ces données précises, cela permet de vérifier notre zone de chalandise qui va de Lorient à Saint-Brieuc. On apprend que l'on capte 9% des clients potentiels. » Ce qui peut passer pour un détail peut donc changer la manière d'appréhender la clientèle: « Nous développons deux approches: aller mieux chercher la clientèle et ensuite, cible par cible, trouver comment répondre au mieux à leurs attentes. Les Allemands, par exemple, sont passés devant les Britanniques et nous savons qu'ils préfèrent être accueillis dans leur langue, nous allons donc rédiger une brochure dans leur langue et cherhcer plus de guides germanophones. »

Photo : Pierre Gicquel

Excursionnisme: 3,4 milliards d'euros de retombées

Un autre volet de l'étude porte sur l'importance des retombées économiques pour la région en matière d'excursionnisme. Comprendre: les personnes qui visitent la Bretagne pour une journée ou moins. Cette partie de la clientèle est pourtant très loin d'être négligeable et a aussi fait l'objet d'une étude détaillée de la part du CRT.

Il en ressort des chiffres encourageants avec près de 4,4 millions de visiteurs journaliers, provenant pour les deux tiers de la Bretagne elle-même et de ses trois régions limitrophes. Avec une moyenne de 17 excursions par an et par personne, soit 66 millions d'excusions au total. C'est 2,5 fois plus qu'en 2005.

Même s'il s'agit de séjours très courts, les retombées économiques atteignent donc 3,4 milliards d'euros, soit 2,8 fois plus qu'en 2005.

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