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Soprema se détache de la dépendance aux matières fossiles
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Soprema se détache de la dépendance aux matières fossiles

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Soprema, le géant de l’isolation, présente les résultats d’un travail collaboratif visant à réduire les matières premières fossiles dans ses produits au profit de matières premières dite "écosourcées", issues du végétal ou du recyclage.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Du bitume vert issu de matières végétales, c’est ce qu’un consortium d’industriels et de scientifiques pilotés par le géant de l’isolation Soprema est aujourd’hui capable de proposer sur le marché après six ans de recherche. Tout est parti d’un constat dès 2008 : « le prix du baril de pétrole était de 150 dollars et selon les prévisionnistes, la flambée des prix était un phénomène qui devait s’inscrire dans la durée » se souvient Rémi Perrin, directeur R & D pour le groupe Soprema.

Des alternatives aux matières fossiles

Dans ce contexte, l’entreprise Soprema a commencé à réfléchir à des alternatives. En effet, le groupe familial qui conçoit et fabrique des isolants et des composants étanches pour le bâtiment, utilisait jusqu’alors des matières premières issues à quasi 100 % du pétrole. « Tributaires des dérivés de la pétrochimie, l’idée était de substituer 65% des matières premières fossiles par des matières premières issues de sources végétales ou du recyclage pour nos membranes d’étanchéité et les isolants thermiques. Nous avons ainsi travaillé les huiles végétales et issues des micro-algues, les fibres de lin, les dérivés du bois mais aussi le recyclage issu des produits internes de Soprema » explique Rémi Perrin. Le groupe a répondu en 2009 à un appel à projets d’Oseo, anciennement Bpifrance pour un programme d’Open innovation.

Un pari sur l’avenir

L’entreprise Soprema, pilote de l’opération, ainsi que ses partenaires industriels et universitaires, présentent désormais les résultats de leurs recherches ayant mobilisées un budget de 13 millions d'euros. Outre un bitume vert déjà commercialisé depuis 2013, Soprema commercialisera une nouvelle version en 2018 et est aujourd’hui en mesure de substituer partiellement des matières premières fossiles par des matières premières dites « écosourcées ». En 2016, 18 000 tonnes de matières écosourcées ont été utilisées par Soprema, contre une centaine en 2010. Sur le marché, ces produits restent cependant au minimum deux fois plus chers que les produits issus de matières conventionnelles. «Le prix du pétrole n’est plus le même qu’en 2008 et la compétitivité des matières écosourcées s’est réduite. Pourtant, les résultats nous offrent un pari sur l’avenir. Il s’agit d’un succès technique et technologique, nous disposons des substituts potentiels en cas de retournement de conjoncture» souligne Rémi Perrin. Enfin, le projet collaboratif, créateur de trois emplois en 2017, a également mis à jour des avancées technologiques « majeures, même si encore loin d’une mise sur le marché, comme par exemple des mousses d’isolation thermique à base de micro-algues. C’est une première mondiale » insiste Rémi Perrin. Huit brevets ont été déposés et trois en copropriété. « Pour des industries traditionnelles comme Soprema, l’ open innovation est possible et crée des effets leviers exceptionnels » poursuit Rémi Perrin.

Prise de participation

Dans le cadre de ce projet collaboratif de recherche, Soprema a eu connaissance des travaux de la start-up parisienne XCrusher, spécialisée dans les technologies de recyclage. Intéressé par ses études, le groupe Soprema est finalement entré au capital de la start-up à hauteur de 40 % l’été dernier. Selon Rémi Perrin « même pour un grand groupe, les moyens ne sont pas illimités et les technologies émergentes sont tellement nombreuses qu’on ne peut pas tout explorer ». Pour Soprema, il s’agit d’une première entrée au capital d’une start-up. « La logique est de nouer un partenariat win-win entre le groupe et la start-up. Cela fait partie du business model de Soprema d’être à l’écoute des métiers annexes et connexes car nous ne sommes pas omniscients. Mais c’est avant tout une histoire de personnes entre lesquelles le courant passe ou non » conclut Rémi Perrin.

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