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À Mulhouse, Stellantis (ex-PSA) se relance avec un nouveau véhicule
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À Mulhouse, Stellantis (ex-PSA) se relance avec un nouveau véhicule

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En 2020, le site Stellantis (ex-PSA) de Mulhouse, fortement impacté par la crise du coronavirus, a produit 50 000 véhicules contre 232 000 un an plus tôt. Un creux cependant attendu, avec l’arrêt de la fabrication des Peugeot 2008 sur le site. Stellantis Mulhouse attend désormais avec impatience l’arrivée d’un nouveau véhicule à grande diffusion. Sa production devrait débuter en milieu d’année.

La DS7 Crossback est produite en hybride et en conventionnel sur les lignes de montage de l'usine terminale du groupe PSA à Mulhouse — Photo : © PSA Peugeot

« L’année 2021 va être passionnante. Nous travaillons sur les véhicules les plus haut de gamme du groupe et nous allons poursuivre cette démarche premium en lançant un nouveau modèle », se réjouit Thierry Robert. Le nouveau directeur du site Stellantis, anciennement PSA Peugeot (CA groupe 2019 : 74,7 Mds €, 209 000 collaborateurs) de Mulhouse, installé dans la commune de Sausheim, se veut positif malgré des débuts agités. Après avoir été directeur de l’usine PSA de Sochaux (Doubs), il est arrivé à la tête du site haut-rhinois le 1er mars 2020, juste avant le premier confinement, et a dû faire face à la gestion de la crise du coronavirus dans une ville particulièrement touchée.

Le site de Mulhouse a réalisé 3,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019 et emploie 5 000 collaborateurs, ce qui en fait un des plus gros employeurs d’Alsace. Sur ses 320 hectares, il compte une usine mécanique (900 collaborateurs) qui produit les pièces de liaison au sol comme les trains arrière des voitures. Le pôle métallurgie (1 000 collaborateurs) comprend une fonderie, une forge et son outillage. Ces unités produisent des pièces brutes comme les carters pour les moteurs des véhicules. Enfin, il y a l’usine terminale (3 000 collaborateurs) qui produit les modèles DS7 Crossback, 508, 508 SW en conventionnel et en hybride, et la 508 PSE en hybride uniquement. Ces véhicules sont commercialisés dans le monde entier (France, Allemagne, Espagne, Russie, Italie…), sauf en Amérique du nord. Cette usine attend aujourd’hui l’arrivée d’un nouveau véhicule à grande diffusion après l’arrêt de la production de la Peugeot 2008 fin 2019.

Année de transition

« Nous sommes dans une phase de transition », précise Thierry Robert. En 2020, 50 000 voitures sont sorties des lignes de production de l’usine terminale contre 232 000 en 2019. Elle a pourtant désormais une capacité de production de 280 000 véhicules par an, grâce à la transformation de son outil industriel qui a représenté un investissement de 300 millions d’euros entre 2014 et 2020. L’EMP2, une ligne polyvalente, a remplacé deux lignes de production. Elle est capable de produire jusqu’à six silhouettes différentes de modèles moyen et haut de gamme et est équipée pour le "full kitting", c’est-à-dire l’approvisionnement en direct des différentes lignes de montage.

« La Peugeot 2008 représentait 60 à 70 % des volumes globaux du site », explique le directeur. L’arrivée du nouveau véhicule à forte diffusion doit permettre de redresser la barre. Ce « nouveau véhicule » sur lequel Stellantis Mulhouse ne communique pas est un secret de polichinelle dans la sphère automobile : il s’agirait de la nouvelle Peugeot 308, comme l'a dévoilé la presse professionnelle. Mais la direction de Stellantis ne confirme pas le modèle, ni n'évoque d'objectifs de commercialisation. L’accord de montée en cadence, c’est-à-dire l’autorisation de produire en série, devrait intervenir au deuxième semestre 2021. Thierry Robert précise simplement que ce nouveau modèle aura « deux silhouettes » et sera proposé avec différents niveaux d’hybridation. « Cela fait partie de la stratégie d’électrification du groupe », précise le directeur.

Cette stratégie se traduit déjà depuis fin 2019 à Mulhouse. Tous les modèles produits sur place le sont également en hybride. C’est particulièrement le cas avec la dernière 508 PSE, produite à Mulhouse depuis fin 2020. Voiture la plus puissante du groupe, elle est uniquement disponible dans sa version électrifiée. Selon les mois et les silhouettes des voitures, la part des véhicules hybrides représente aujourd’hui en moyenne 25 % du chiffre d’affaires de l’usine terminale. Cette stratégie d’électrification se retrouve dans l’usine mécanique qui, elle, fournit les usines du groupe principalement en Europe. Elle a amorcé le tournant de l’hybride en investissant, en 2019, cinq millions d’euros dans deux lignes d’assemblage pour fabriquer les trains-arrière PHEV pour les hybrides. Grâce aux pièces destinées à ce type de moteurs, elle réalise aujourd’hui 50 % de son chiffre d’affaires.

Des entités stratégiques à Mulhouse

La baisse de la production en 2020 était donc attendue, « mais nous sommes assez loin de ce que nous avions prévu », reconnaît Thierry Robert, qui ne communique pas sur les prévisions initiales. Malgré les mesures sanitaires, la crise du Covid-19 a imposé une fermeture totale des sites de production européens de PSA (avant la fusion qui a donné naissance à Stellantis) pendant près de deux mois, dont Mulhouse où un cas de contamination avait été repéré dès le 11 mars : « Le 16 mars 2020 à midi, nous avons décidé de fermer l’usine terminale. Nous avons été la première du groupe à le faire compte tenu de la situation de la pandémie à Mulhouse. On ne savait pas quand on pourrait rouvrir », se souvient le directeur du site. L’usine mécanique avait ensuite fermé, puis le pôle métallurgie. « La fonderie abrite des fours en fusion, explique Denis Oulès, le directeur de cette usine. Il faut plusieurs jours pour arrêter les installations ». Ce pôle compte l’unique fonderie d’aluminium sous pression et l’unique forge du groupe. « Il s’agit d’entités stratégiques. Si elles s’arrêtent, le groupe s’arrête. Nous sommes les seuls à faire certaines pièces pour le groupe PSA (au moment où l'interview a été réalisée, la fusion avec Fiat Chrysler n'avait pas eu lieu), comme certains vilebrequins, les moyeux pour les transmissions et certains pignons des boîtes de vitesses. »

Au plus fort de la crise, 99 % des employés des trois usines ont été placés au chômage partiel sauf quelques équipes de maintenance et de surveillance. La pratique du télétravail, déjà en cours depuis plusieurs années, a été généralisée : « Nous l’avons largement développé, l’exception a été la présence ». De mai à septembre, jusqu’à 350 collaborateurs volontaires ont été envoyés sur d’autres sites du groupe comme Sochaux (Doubs), Trémery (Moselle) ou encore Caen (Calvados) dans le cadre d’un prêt de salariés. Ils ont bénéficié de mesures incitatives comme une prime d’éloignement. « Nous avons été accompagnés par les partenaires sociaux qui avaient compris que l’enjeu pour tout le monde était d’avoir un salaire complet », retrace Thierry Robert.

Un redémarrage progressif

Le redémarrage total de toutes les usines du site a eu lieu le 18 mai. La reprise a été un peu plus rapide dans les usines mécaniques et au pôle métallurgie que dans l’usine terminale. La priorité a été donnée à la production interne. En Alsace, Stellantis Mulhouse travaille avec 620 fournisseurs et sous-traitants, notamment les équipementiers automobiles Flex-N-Gate à Burnhaupt-le-haut (Haut-Rhin) ou encore Faurecia à Pulversheim (Haut-Rhin). Certains, comme Alsace-EA à Wittenheim (Haut-Rhin), qui fournit notamment l’usine terminale, ont vu leurs commandes chuter pendant la période de ralentissement de la production, avant de reprendre peu à peu.

À l’usine terminale, la reprise s’est véritablement faite en septembre dernier avec le retour au travail en deux équipes, samedis inclus. Ces samedis, prévus pour être supprimés en cas de ralentissement, l'ont été au deuxième confinement. « Dans un contexte d'une chute du marché automobile de - 25% en 2020 et avec un niveau d’incertitudes très élevé, le Groupe PSA a décidé d’adapter, par précaution, sa production », explique le groupe. Il s’agit pour Stellantis Mulhouse d’être à la fois « en capacité de lancer le nouveau modèle à forte diffusion et de se prévenir d’un retournement du marché », estime le directeur du site. Le nouveau véhicule devrait permettre de retrouver une capacité de production en trois équipes, proche d’avant l’arrêt de la Peugeot 2008, « même s’il est difficile de prévoir combien, surtout dans le contexte actuel », précise Thierry Robert.

Début 2021, les groupes PSA Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler (FCA) ont fusionné, donnant naissance au géant Stellantis.

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