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Coronavirus - Caddie : « C’est compliqué d’obtenir un prêt garanti par l’État »
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Coronavirus - Caddie : « C’est compliqué d’obtenir un prêt garanti par l’État »

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Contraint à la fermeture de son site de production par manque de main-d’œuvre, Caddie, le fabricant alsacien de chariots vient de rouvrir son usine. Pour honorer les quelques commandes de distributeurs mais aussi pour entrer du cash nécessaire au déblocage d’un prêt garanti par l'Etat.

— Photo : © Jean-Marc de Balthasar

En raison du confinement, Caddie (CA 2019 : 22 M€), basé à Dettwiller dans le Bas-Rhin, a été contraint de suspendre sa production une dizaine de jours à cause d’un fort absentéisme. Sur les 200 salariés de l'entreprise, 95 n’ont pas rejoint les rangs de la marque emblématique des chariots de supermarchés pour des raisons d’arrêts de travail, de gardes d’enfants, de crainte de la maladie, etc. « Le site de production est suffisamment vaste pour éviter la promiscuité entre les collaborateurs et toutes les mesures sanitaires sont prises », décrit Stéphane Dedieu, PDG de Caddie. Une équipe de volontaires dédiés à la production a ainsi repris l’activité la semaine du 6 avril.

Assurer 50 % de la production

Avec 38 salariés à la production, soit un tiers des effectifs habituels pour ce département, Caddie est parvenu à produire 4 500 chariots en une semaine, contre 8 000 en temps normal. « Nous pouvons maintenir 50 % de la production car nous nous concentrons sur des grandes séries qui ne nécessitent pas de changement de machine, ce qui ralentirait le processus de fabrication », précise Stéphane Dedieu.

« L’obtention d’un prêt garanti par l’État, ce n’est pas ce qu’on entend dans la publicité que Bpifrance fait à la télévision. »

La relance de la production, c’est aussi un impératif « pour faire entrer de la trésorerie, afin de faire face aux besoins ». Habituellement, « Caddie entre trois millions d’euros de cash par mois. Ce mois-ci, l’entreprise peut espérer faire entrer 600 000 à 700 000 euros. Certes, nous n’avons pas d’entrées de matières premières à financer, mais les salaires et les frais fixes restent à payer ».

Patrimoine français

Et pour maintenir l’activité, Stéphane Dedieu a sollicité ses banques. Quatre établissements au total. Certains sont disposés à lui accorder un crédit dont le montant n’est pas dévoilé. Pourtant, ces accords sont conditionnés à l’engagement des autres banques. «  L’obtention d’un prêt garanti par l’État, ce n’est pas ce qu’on entend dans la publicité que Bpifrance fait à la télévision. C’est plus compliqué. Bpifrance interviendra quand les banques m’auront donné leur feu vert pour un crédit », insiste Stéphane Dedieu.

Le chef d’entreprise reconnaît que « les banques sont contraintes par de durs comités de crédit qui demandent des garanties ». Pour autant, l’entrepreneur se refuse de penser que Caddie ne sera pas soutenu par les banques. Même si depuis 2018, le groupe polonais Damix détient 70 % de la société alsacienne, « Caddie est une entreprise du patrimoine français, personne n’a intérêt à ce que nous ne soyons pas protégés pendant cette crise ».

En attendant, la marque alsacienne continue d’honorer ses commandes, certaines ayant été passées avant le confinement. D’autres ont été enregistrées depuis, notamment venant de clients scandinaves mais aussi français, même si les priorités des distributeurs sont ailleurs pour l’instant. Enfin, Caddie a reporté le lancement de son innovation qui se voulait phare pour 2020. Un chariot connecté devait être testé en phase pilote dans plusieurs supermarchés de la Côte d’Azur ce printemps.

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