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Caddie devient polonais mais reste plus que jamais alsacien
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Caddie devient polonais mais reste plus que jamais alsacien

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Caddie est passé sous pavillon polonais. Une bonne nouvelle selon son dirigeant, Stéphane Dedieu. Le fabricant de chariots alsacien et son ancien concurrent Damix mutualisent leurs forces industrielles et commerciales en conservant leurs marques. Côté production, l’Alsace conservera un rôle central, avec le projet de réunir les activités sur le site de Dettwiller.

« Nous souhaitons réaliser une extension de 12 000 m², pour ramener les lignes les plus modernes de Drusenheim à Dettwiller, où l’entreprise est propriétaire des murs », pointe Stéphane Dedieu, PDG de Caddie — Photo : © Jean-Marc de Balthasar

Depuis fin novembre 2018, l’industriel polonais à capitaux familiaux Damix a pris officiellement le contrôle des Ateliers Réunis - Caddie. Une nouvelle page de l’histoire du fabricant emblématique de chariots de supermarché se tourne. Et tout est pour le mieux, selon Stéphane Dedieu, qui conserve la direction générale de l’entreprise. Celui-ci l’avait sauvée de la liquidation judiciaire en 2014, suite à la parenthèse malheureuse d’Altia Industry, repreneur de Caddie des mains de la famille fondatrice en 2012, suite à un premier dépôt de bilan.

« L’ouverture du capital était une étape inéluctable, logique et normale pour être en mesure d’accompagner financièrement Caddie dans ses projets de croissance », souligne ainsi Stéphane Dedieu, qui a pris cette décision dès fin 2016. « Quand j’ai repris l’entreprise en 2014, celle-ci était en très mauvais état », témoigne-t-il. Au prix d’une importante réorganisation industrielle, du rachat de l’entreprise Electropoli à Dettwiller (72 emplois repris) et du renouvellement de l’outil productif, Caddie a renoué avec la croissance. « Tout est allé vite, j’ai pris des risques, la société s’est endettée pour engager le virage nécessaire à sa pérennité ». Elle compte aujourd’hui 300 salariés, dont 70 intérimaires – contre 128 salariés au moment de la reprise - et a réalisé un chiffre d’affaires de 32 M€ en 2018, en légère hausse par rapport à 2017.

Vendre plutôt qu’ouvrir le capital

« J’ai préféré d’emblée donner un mandat de vente car je n’étais pas favorable à l’entrée de fonds, notre activité n’offrant pas de perspectives de rentabilité élevées. Plus qu’une nationalité, je cherchais un industriel qui connaisse bien notre métier, pour aller vite dans les transformations nécessaires au renforcement de la compétitivité de l’entreprise ». En mai 2017, un de ses concurrents, Damix (60 M€ de chiffre d’affaires ; 650 salariés), fabricant de chariots et de linéaire de supermarché polonais, s’est présenté. « Nous nous sommes rapidement entendus, bien que d’autres repreneurs se soient manifestés », témoigne Stéphane Dedieu. Le processus de rachat a été plus long que prévu du fait des démarches administratives et fiscales. Ce temps a en tout cas permis aux deux entreprises de peaufiner leur stratégie commune.

Damix voulait gagner des parts de marché à l’Ouest et était intéressée par les réseaux de distribution européens et la renommée internationale de la marque Caddie. Caddie était pénalisé par rapport à ses concurrents parce qu’elle ne disposait pas de sites de production à l’Est. Et Damix représentait une opportunité d’élargir ses catalogues de produits complémentaires, notamment dans les produits de manutention et les linéaires de supermarché.

Un projet industriel pour l’Alsace

L’industriel polonais a repris 70 % du capital. Stéphane Dedieu garde 19,5 % et le reste est aux mains des actionnaires historiques. « Nous conservons notre marque, la leur pour leurs marchés, notre gamme de produits est élargie pour les marchés ouest européens et on mutualise nos efforts industriels et commerciaux », détaille le dirigeant.

D’un point de vue industriel justement, le rachat devrait profiter à l’Alsace. Le projet est de centraliser l’activité industrielle sur le site de Dettwiller, fruit du rachat en 2016 de la société Electropoli, en investissant dans un outil de production ultramoderne. « Nous souhaitons réaliser une extension de 12 000 m², pour ramener les lignes les plus modernes de Drusenheim, où l’entreprise n’est pas propriétaire des murs », pointe Stéphane Dedieu. Un projet chiffré à quelque 8 M€ qui devrait être réalisable « sous 36 à 48 mois ». Le site de Dettwiller dispose déjà d’une ligne de zingage et peinture flambant neuve. 10 M€ ont été investis dans cette activité centrale et stratégique pour Caddie.

Le chariot de demain sera connecté

L’objectif n’est pas d’augmenter les capacités de productions, qui sont aujourd’hui d’1,5 million de chariots, alors que Caddie en produit moins de 300 000 par an. Ce projet devrait se faire à effectif constant dans un premier temps.

Côté produits, Caddie planche sur un chariot connecté. L’idée n’est pas nouvelle. Déjà, en 2010, Stéphane Dedieu dévoilait un chariot prototype et des sacs dédiés inspirés du succès de Nespresso et de ses consommables autour de la machine à café. « L’idée était déjà de faire du chariot une caisse enregistreuse, en zappant l’étape de décharge et charge du chariot en caisse ». Si l’idée de consommables a été depuis abandonnée, l’entreprise retravaille depuis un an et demi sur cette idée, cette fois en partenariat avec une start-up de Nice, Knap. « Nous développons le chariot, et eux, l’intelligence qui va avec. Des magasins testeront le concept avant l’été », prévoit Stéphane Dedieu. Le projet pourrait aboutir d’ici à 2021.

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