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Bunker comestible : la première ferme urbaine bio est née à Strasbourg
Strasbourg # Agroalimentaire # Innovation

Bunker comestible : la première ferme urbaine bio est née à Strasbourg

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Voir pousser sous des led multicolores endives, champignons et micro-pousses, c’est le pari de la start-up Cycloponics. Celle-ci a installé sa première ferme urbaine cultivée en bio dans un ancien bunker strasbourgeois en avril 2017. Depuis, la société s’est développée à Paris et projette d’autres implantations en province.

— Photo : Lucie Dupin

Sur les anciennes lignes de défense de Strasbourg, le passé a laissé des bunkers construits lorsque la ville était allemande à la fin du XIXe siècle. En poussant leurs portes, l’effervescence y règne. Et une start-up est bien partie pour y développer une activité d’avenir. Cycloponics, créée début 2016, y cultive 150 m² de champignons et de micro-pousses. Son fondateur Jean-Noël Gertz, ingénieur thermicien, voulait « trouver un modèle économique capable d’offrir à de jeunes citadins comme moi l’opportunité de développer l’agriculture urbaine ».

Précurseur strasbourgeois

Au sein de l’incubateur Semia, Jean-Noël Gertz a bénéficié d’une formation en management et d’une aide au montage de projet. Les services de la Ville lui proposent alors des lieux abandonnés pour développer sa ferme urbaine. Celui-ci jette son dévolu sur un ancien bunker et signe un bail de 12 ans. Après un investissement de 50000 €, notamment financés par Bpifrance, et de gros travaux de réhabilitation, la première ferme urbaine de France, baptisée le bunker comestible, est entrée en culture en avril 2017.

« Avec le bunker comestible, nous avons développé un modèle expérimental. Nous avons fait des recherches pour cultiver en intérieur et lancer des réseaux de distribution en circuit court. Notre modèle peut être dupliqué ailleurs, il existe un potentiel en France ». Depuis, le jeune alsacien s’est d’ailleurs installé à Paris suite à un appel d’offre remporté pour exploiter 8000 m² de parking souterrain Porte de la Chapelle en association avec Théo Champagnat. Une partie réhabilitée est déjà exploitée.

Développer les circuits de distribution

La start-up compte 10 salariés. Elle ne communique pas son CA.
A Strasbourg, Cycloponics emploie deux personnes à mi-temps depuis septembre. Anne-Laure Labrune et Raphaël Maret exploitent la ferme urbaine bio et récoltent toutes les deux semaines 150 kilos de champignons comme des shiitakés et plus récemment des pleurotes et 80 barquettes hebdomadaires de micro-pousses de radis, poireaux, moutarde etc.
Leur clientèle est composée d’une vingtaine de noms, entre restaurateurs, Amap, grossistes et même particuliers. « Nous livrons à vélo pour réduire notre empreinte carbone. Là, nous avons une carte à jouer avec la cantine d’Arte, qui vient de nous passer commande pour des micro-pousses. Cela représente un marché potentiel de 400 couverts », estime Anne-Laure Labrune, dont l’équipe expérimente aussi une technique de séchage et d’emballage de champignons pour proposer un nouveau produit dans son circuit de distribution.

Pour répondre à la demande croissante, Cycloponics prospecte déjà d’autres lieux abandonnés à réhabiliter à Strasbourg. Le concept doit essaimer dans plusieurs villes, dont Bordeaux. La start-up s’étant rapprochée de bailleurs sociaux pour investir des caves.

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