« Le plus compliqué à gérer, c'est de licencier des personnes qu'on fait travailler depuis 15 ans »
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« Le plus compliqué à gérer, c'est de licencier des personnes qu'on fait travailler depuis 15 ans »

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Ancien chef d'entreprise basé à Mazamet, dans le Tarn, Maxime Rouanet a dirigé jusqu'à 29 personnes dans sa PME spécialisée dans les radiateurs. La concurrence des grands groupes a réduit son activité jusqu'à le pousser à demander la liquidation, en mai 2018.

Un an après la liquidation de sa société, Maxime Rouanet (à gauche) finalise la création d'une nouvelle activité, cette fois dans l'agroalimentaire : un nouveau départ facilité par son accompagnement par l'association 60 000 Rebonds, dirigée à Toulouse par Philippe Dagorno (à droite) — Photo : © Paul Falzon / Le Journal des Entreprises

Quand Maxime Rouanet se voit contraint de demander la liquidation de son entreprise de radiateurs, en avril 2018, cela fait bientôt une décennie que l’activité périclite : le chiffre d’affaires, qui a atteint 3,9 M€ les meilleures années, a chuté à moins d’un million d’euros, et les effectifs de 29 à 5 personnes.

« La solitude du patron de PME »

Durant toute cette période, cet entrepreneur du Tarn a connu ce qu’il appelle « la solitude du patron de PME », encaissant sans en parler à son entourage les difficultés matérielles et surtout psychologiques. Le téléphone qui sonne sans arrêt, les centaines d'e-mails par jour, les marchés perdus : Maxime Rouanet fait front seul, sans que les résultats suivent. Cet isolement progressif lui fait commettre des erreurs stratégiques, comme celle de réinjecter régulièrement des fonds personnels dans l’entreprise, jusqu’à mettre en danger l’équilibre financier de son ménage.

Mais c’est surtout au plan personnel que la charge mentale devient insupportable. « Le plus compliqué à gérer, c’est de licencier des personnes qu’on fait travailler depuis 15 ans : on connaît forcément leur épouse, leurs enfants, on sait apprécier leurs qualités professionnelles, insiste Maxime Rouanet. Je me souviens aussi d’un jeune à qui j’avais donné sa chance pendant deux ans, et qui vivait comme un désaveu personnel son licenciement. »

Accompagnement psychologique et professionnel

Il y a un an, à bout de solutions et de fonds propres, le patron prend les devants et demande la liquidation de son entreprise, obtenue auprès du tribunal de commerce en une semaine. « J’aurais pu attendre six mois de plus, mais je ne voulais pas avoir à subir une procédure imposée en plus de tout le reste », conclut Maxime Rouanet.

Sur les conseils d’amis et de l’Apec, il se rapproche de l’antenne toulousaine de 60 000 Rebonds. « J’y ai trouvé la vie de groupe et le partage d’expériences auxquels j’aspirais », se félicite l’entrepreneur. L’association lui propose aussi un accompagnement, à la fois psychologique et professionnel, qui lui remet le pied à l’étrier. Si les financements sont au rendez-vous, son nouveau projet d’entrepreneuriat dans l’agroalimentaire doit être lancé au printemps.

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