Il y a dix ans, l’initiative de Sandrine Queyroi, créatrice de l’entreprise de recyclage Easy Tri (16 salariés, 626 000 euros de CA), aurait semblé pour le moins décalée : en offrant à tous ses employés un massage chaque mois, et deux séances d’ostéopathie par an, la dirigeante met la prévention au cœur de sa politique d’entreprise. « Nos salariés ont des métiers physiques, il est normal de se préoccuper de leur bien-être physique », témoignait Sandrine Queyroi lors d’une récente réunion du club d’affaires CAP 31.
Autrefois réservées à l’État et à la Sécurité sociale, les problématiques de la santé s’imposent à l’entreprise. Le Salon de l’Entreprise Occitanie, dont notre magazine est partenaire, intègre cette année un pôle dédié au bien-être, à la santé et à la sécurité au travail. L’obligation d’offrir à ses salariés une complémentaire santé, en vigueur depuis 2016, n’est pas étrangère à cette évolution. Mais la prise de conscience semble plus large. Face aux reculs de la protection collective, et alors que progressent les déserts médicaux, l’accès aux soins est un défi de société. Que des chefs d’entreprise décident de s’investir pour réduire les inégalités est cohérent avec la montée du thème de la RSE ces dernières années.
Mais la santé au travail est aussi un enjeu économique. Des salariés en mauvaise santé ou en souffrance, ce sont des salariés moins performants. S’engager dans la prévention est, pour les chefs d’entreprise, un moyen de réduire la fréquence des accidents et des arrêts de travail ainsi que les risques psychosociaux, tout en améliorant le climat social. Et ça marche : les études montrent que, pour un euro dépensé sur des actions de santé ou de sécurité, le retour sur investissement serait de 2 à 5 euros. Les acteurs privés (mutuelles, assurances) ne s’y trompent pas, en multipliant les programmes pour aider les dirigeants à concevoir des dispositifs adaptés aux besoins de leurs salariés. La santé est un nouveau terrain de l’entreprise : ce sera sans doute, de plus en plus, un enjeu de marché.
Ce billet a été publié dans Le Journal des Entreprises édition Toulouse n°376, novembre 2018.
