Port fluvial d'Arles : Investir pour grandir

Port fluvial d'Arles : Investir pour grandir

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Transport. 7 M€ ont permis de rallonger le quai nord du port fluvial d'Arles et d'aménager une plate-forme pour l'implantation de nouvelles activités.
— Photo : Le Journal des Entreprises

« Compétitif et sûr, faible émetteur de gaz à effet de serre, le transport par voie d'eau ne réglera pas tous les problèmes environnementaux, mais il peut y contribuer par des gestes tels que l'extension du port fluvial d'Arles », expliquait Elisabeth Ayrault, P-dg de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), à l'occasion des 30 ans de l'infrastructure arlésienne, le 3 octobre dernier. Son groupe a investi 4 millions d'euros dans l'extension de 100 mètres du quai nord (180 m aujourd'hui), la réalisation du chenal de navigation à 4,5 mètres et du bassin de virement. Un projet complété par l'aménagement, pour 3 millions d'euros, d'une plate-forme de stockage extérieur de 15.000 m2 par la Chambre de Commerce et d'Industrie Territoriale du Pays d'Arles, avec le soutien financier des collectivités (Région, Conseil Général 13). Pour la présidente de la CNR, le plus dur commence maintenant. « Depuis 2007, la CNR a investi 126 millions d'euros sur deux "Plans Rhône" et prévoit d'en dépenser 44 supplémentaires sur le troisième plan. Mais le Rhône reste encore sous-utilisé. Il faut aller chercher des clients, convaincre des entreprises de s'implanter à proximité et d'utiliser les installations ». Directeur du Port fluvial d'Arles, Benoit Ponchon a bien l'intention de donner un coup d'accélérateur à la prospection. « Faute de capacité, nous ne pouvions plus proposer un service de qualité. Nous attendions impatiemment les nouvelles installations pour attirer des flux nouveaux ».




Pistes d'attractivité

À l'horizon 2030, la CCI, concessionnaire du site, espère atteindre 1 million de tonnes, objectif souvent affiché dans les années 1990-2000, en vain. Francis Guillot, son président, ose cependant le réaffirmer. En 2013, le port a enregistré un trafic de 450.000 tonnes. Avec ses derniers développements et d'autres à venir, la perspective lui paraît moins illusoire. Pour Benoit Ponchon, le port peut accroître ses activités sur les engrais, les matériaux pour le BTP, les produits de recyclage (pneus broyés, terres polluées...), voire, à plus long terme, la manutention de conteneurs, et compléter ainsi ses points forts dans le bois, les céréales ou les minéraux bruts (ballast ferroviaire, sel de déneigement...). « Nous avons des complémentarités à instaurer avec les ports de Marseille-Fos et Sète », dit-il. Une autre piste s'ouvrira lorsque la communauté d'agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette aura désenclavé le port par la construction d'un pont enjambant la voie ferrée pour permettre le passage de colis de grande dimension. Or, un client potentiel se situe tout près, la chaudronnerie CMP. L'investissement s'élève à 8 millions d'euros. « Ce dossier complexe a nécessité de longues études, mais l'avant-projet devrait être prêt en fin d'année. Le lancement des travaux est prévu en 2015. Ils dureront 18 mois », confie David Gryzb, vice-président d'ACCM, en charge de l'économie. Pour Monique Novat, directrice territoriale Rhône-Saône de Voies Navigables de France (VNF), « Arles représente près de 500.000 tonnes des 6,5 millions de tonnes de marchandises circulant sur l'axe Rhône-Saône, mais il pèse 50 % du trafic fluvio-maritime du bassin. Il y a des enjeux aussi dans la réparation navale, avec un outil à moderniser, les paquebots fluviaux de tourisme... ». « Arles détient le seul ascenseur à bateaux de la vallée du Rhône pour la réparation », rappelle le maire d'Arles, Hervé Schiavetti. Michel Cadot, préfet de région, s'avoue convaincu qu'une démarche misant sur l'intermodalité des transports accélérera l'essor du trafic. « L'ambition doit s'inscrire doit une stratégie territoriale. L'État n'imposera pas, mais accompagnera les bons choix », promet-il.