Le jeune groupe d’intérim IME Emploi vient d’installer ses bureaux marseillais au sein du Quanta, le « smart building » qui abrite notamment le siège social de Jaguar Network. Ce choix ne doit rien au hasard puisqu’il doit servir une stratégie résolument tournée vers le numérique. L’entreprise fondée à Aix-en-Provence par Jaouad El Miri, un ancien cadre des majors de l’intérim, Mourad et Khaled Haji, deux entrepreneurs du BTP, nourrit en effet l’ambition de « faire de l’intérim en mode start-up. »
Le numérique comme nouvel horizon
Convaincu que l’intérim ne se résume ni aux secteurs classiques du BTP ou de la restauration, ni à la précarisation et qu’il peut adresser des secteurs d’activité émergents, Jaouad El Miri a fait du numérique un axe fort de sa stratégie de développement et ceci à double titre : il veut adresser les entrepreneurs du numérique en quête de main-d’œuvre et proposer des outils innovants pour capter de nouveaux talents.
IME Emploi a ainsi investi dans le développement de deux applications. « Nous avons banni le CV de notre modèle et avons développé le CV vidéo, via une application mobile qui est pour nous une agence à part entière. Baptisée Smile For Work et basée sur un algorithme, elle identifie des mots-clés énoncés par le candidat pour envoyer des notifications en direct et ainsi proposer cinq à six CV vidéo par poste », explique le dirigeant. Une seconde appli, en cours de finalisation, apportera une solution rapide sur des secteurs en tension.
Parce que l’entreprise doit à la fois fidéliser des entrepreneurs en quête de main-d’œuvre (90 à ce jour, du commerce de proximité au grand groupe de travaux publics) mais aussi des salariés en quête de missions, IME Emploi innove aussi en soutenant des événements ou clubs sportifs « qui sortent des sentiers battus » à l’image du festival Gaming Gen de Gardanne ou de l’équipe de France de foot golf, championne du monde et vice-championne d’Europe. « Nous recrutons ainsi de nouveaux publics et captons notamment les jeunes de moins de 25 ans qui ne passent plus en agence. »
Un modèle dupliqué au Maroc
En deux ans, l’entreprise, qui a réalisé 2,5 M€ de chiffre d’affaires la première année (2018) et vise 5 M€ pour son deuxième exercice, a placé des candidats qui ont accompli un total de 230 000 heures de travail, soit 140 équivalents temps plein. Elle a aussi dispensé 20 000 heures de formation, un autre axe de différenciation. « Face à une concurrence forte, nous accompagnons nos salariés vers le retour à l’emploi et leur ouvrons les portes du monde numérique. » Le groupe d’intérim a par exemple lancé le programme Comm’elles, dont l’ambition est de former des femmes au métier de community manager. Il a aussi noué un partenariat avec Medinsoft, qui regroupe 120 entreprises du numérique, pour mettre en place des actions communes, comme une formation aux métiers du développement qui pourrait voir le jour avant la fin de l’année 2020.
L’entreprise, qui compte deux agences à Aix et Salon-de-Provence et deux bureaux à Sophia-Antipolis et Marseille, espère compter 10 agences rapidement et entend dupliquer son savoir-faire à l’international, « un axe de développement acquis dès la création », souligne Jaouad El Miri. Un bureau à Marrakech sera ouvert au premier trimestre 2020. « C’est un vrai challenge pour nous et nous portons un projet ambitieux sans être prétentieux, un projet inscrit dans la durée. »
