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Interxion : "Je n'ai jamais vu un hub d'échange de données croître aussi vite que celui de Marseille"
Interview Marseille # Informatique

Fabrice Coquio directeur général France de Digital Reality (ex-Interxion) "Je n'ai jamais vu un hub d'échange de données croître aussi vite que celui de Marseille"

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Le groupe Digital Reality (ex-Interxion) a postulé à l’appel d’offres du Grand port maritime de Marseille pour la reconversion du silo à sucre désaffecté. Fort de quatre data centers dans la Cité phocéenne, il envisage l’ouverture d’un cinquième.

Fabrice Coquio dirige Interxion (fusionné depuis 2020 avec Digital Reality) en France — Photo : DR

Interxion (groupe européen fusionné depuis 2020 avec l'américain Digital Reality) a postulé à l’appel d’offres lancé par le Grand port maritime de Marseille pour la valorisation de l'ancien silo à sucre. Quel est votre plan de développement à Marseille ?

Notre projet prévoit d'investir près de 250 millions d’euros sur ce site pour transformer le silo à sucre en data center. Ce serait alors notre cinquième data center dans la Cité phocéenne, dont trois sont déjà dans l’enceinte du port. Nous avons investi près de 400 millions d’euros ces dernières années sur le port, notamment 27 millions d’euros pour créer un poste de distribution électrique privé, qui alimente depuis l’an dernier notre dernier data center. Nous allons progressivement basculer les autres. Nous sommes ainsi totalement indépendants pour notre alimentation électrique. Si nous emportons l’appel d’offres pour le silo, nous pourrions ainsi nous alimenter immédiatement.

Et si vous n’emportez pas cet appel d’offres ?

Notre métier est, par nature, expansionniste. La question n’est vraiment pas de savoir s’il y aura de nouveaux data centers à Marseille, mais plutôt quand… La Ville s’inquiète de la multiplication des data centers, mais je milite depuis des années auprès des préfets pour travailler sur la programmation, pour que les choses se déroulent le mieux possible. Comment envisage-t-on le développement des data centers à Marseille dans les sept à huit prochaines années ? Voilà une question qu’il faut résoudre. Les Hollandais, les Espagnols et les Irlandais ont des schémas de programmation urbaine.

À chaque fois que nous investissons un euro dans un data center, nos clients y investissent quatre euros. Nous ne proposons que des infrastructures, ce sont nos clients (OVH, Capgemini, Jaguar Network etc) qui eux-mêmes hébergent des centaines d’entreprises. Notre impact économique va ainsi bien au-delà de nos seuls clients. Je n’ai jamais vu un hub croître aussi vite que celui de Marseille et nous n’en sommes qu’au début. C’est une chance pour la ville, nous devons nous organiser plutôt que nous inquiéter. On critique souvent notre activité pour des raisons environnementales mais nos activités sont neutres en carbone. Quand on investit autant que nous le faisons sur de petites parcelles, nous envisageons de rester sur le territoire entre trente et quarante ans. Nous ne pouvons pas ne pas nous y intégrer le mieux possible.

Les data centers sont aussi critiqués pour leur faible impact sur l’emploi. Que répondez-vous ?

À Marseille, nous comptons 87 collaborateurs et nous allons recruter près d’une trentaine de personnes. Nous sommes un métier d’infrastructure, comme le serait une centrale nucléaire. Notre vocation n’est pas d’avoir un grand nombre de salariés en interne, mais de nous appuyer sur un important réseau de sous-traitants. En France, le ratio est de 1 pour 4. Sans oublier que nos clients vont également faire appel à de la sous-traitance dédiée. Les data centers créent bien plus d’emplois que l’on imagine, et pas que des emplois qualifiés.

Interxion est présent à Marseille au travers de quatre sites sur les 15 dont le groupe dispose en France. Pourquoi se développer à Marseille ?

Une cinquantaine de villes dans le monde regroupe actuellement près de 90 % des data centers. En France, nous avons deux sites dans le top 10 mondial : Paris et Marseille. C'est la géographie physique qui décide de tout cela. Nous installons des data centers là où se trouvent les infrastructures, où arrivent les câbles sous-marins. Marseille est aujourd'hui classée en 7e position des hubs mondiaux d'échange de données, avec 25 000 m² de salles informatiques. En comparaison, Francfort est en tête du classement avec un million de m².

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