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Coronavirus – Visiplus : « La formation et la montée en compétences des salariés sont indispensables pour la reprise »
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Gaëlle Féchant-Garnier directrice développement de Visiplus Academy Coronavirus – Visiplus : « La formation et la montée en compétences des salariés sont indispensables pour la reprise »

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Depuis le 14 avril, les entreprises peuvent faire former gratuitement leurs salariés en chômage partiel via le dispositif du FNE-Formation, le Fonds national pour l’emploi. Basé à Sophia Antipolis depuis 2002, Visiplus (85 salariés, CA 2019: 13M€), organisme de e-learning, propose 200 formations professionnelles à distance. Directrice développement, Gaëlle Féchant-Garnier explique comment les entreprises peuvent tirer bénéfice de ces mesures.

— Photo : Visiplus

Depuis quand Visiplus propose t-elle de la formation à distance ?

Gaëlle Féchant-Garnier : Spécialisé dans le e-learning Visiplus a formé quelque 20 000 personnes depuis sa création en 2002. En tant qu’organisme de formation à distance, nous avons évidemment maintenu notre activité à 100 % depuis le début de la crise. Tout était déjà prêt. La formation à distance est un métier à part entière, différent de la formation en présentiel. Nous avons une expertise.

La demande des entreprises a-t-elle beaucoup augmenté depuis le 14 avril et l’ouverture du dispositif FNE-Formation aux salariés en activité partielle ?

Gaëlle Féchant-Garnier : Il n’y a pas eu de raz-de-marée mais une augmentation progressive de la demande que nous n’avons pas encore précisément chiffrée. Les demandes proviennent de tous les secteurs, d’entreprises de toutes tailles, et portent évidemment principalement sur le management, pour gérer ses équipes pendant le confinement, mais aussi après.

"Il n’est en effet pas simple du jour au lendemain de gérer des salariés à distance. "

Quelles sont les formations que vous demandent aujourd’hui les entreprises, sachant que celles-ci ne doivent pas excéder 1 500 euros TTC par salarié pour être remboursées ?

Gaëlle Féchant-Garnier : Avec la crise, de très nombreuses entreprises ont découvert le télétravail et avec lui de nombreuses difficultés, notamment en termes de management. Il n’est, en effet, pas simple du jour au lendemain de gérer des salariés à distance. L’outil technique ne représente que 20 % de cette gestion. Les collaborateurs ont vite appris à se servir de Zoom pour les visioconférences, des VPN… Mais le reste relève de l’humain, de l’organisationnel, des "soft skills" (compétences comportementales, NDLR). Il n’est pas possible de transférer totalement ce que l’on faisait en présentiel. Ne serait-ce qu’en termes d’horaires par exemple. Et puis il peut y avoir les enfants au milieu, le conjoint ou les ados qui utilisent de la bande passante…
Concernant le management, on peut apprendre à faire confiance, à lâcher, à prendre des décisions autrement, à écouter vraiment ses collaborateurs. Oui, tout cela s’apprend. Il y a des leviers à reconnaître et à actionner. Les thématiques deviennent plus cruciales mais elles existaient déjà.

"L’impact du digital se fait aussi dans la relation client. Comment prospecter par exemple quand on n’était pas encore sur les réseaux sociaux ?"

Bien qu’elle se fasse souvent dans la douleur, peut-on dire que la crise aura accéléré la digitalisation des entreprises ?

Gaëlle Féchant-Garnier : La crise a amorcé et accéléré le besoin de transformation digitale. Dans les filières métiers sur lesquelles nous proposons des formations, les RH, le développement commercial, la communication, le marketing… l’impact du digital est partout. Dans les RH, il faut faciliter les nouveaux modes de travail, trouver de nouveaux leviers de motivation. L’impact du digital se fait aussi dans la relation clients. Comment prospecter, par exemple, quand on n’était pas encore sur les réseaux sociaux ?

Quels sont les besoins du marché auxquels il faut se préparer pour la reprise ?

Gaëlle Féchant-Garnier : Avec la crise qui s’annonce, le chômage devrait malheureusement augmenter. Pour préparer la reprise, la montée en compétences est donc indispensable. La formation est un levier pour le salarié afin de maintenir ses compétences, les consolider, pour ne pas se disqualifier. Quant à l’entreprise, qui sera parfois contrainte de licencier, il lui faudra sécuriser son activité avec un staff réduit et des compétences qui auront peut-être dû partir. Il lui faut aussi valoriser l’individu, fidéliser ses collaborateurs face aux doutes et aux incertitudes. La formation est une façon de maintenir un lien entre l’entreprise et le salarié afin que celui-ci n’ait pas un sentiment d’isolement.

Comment accompagnez-vous les entreprises qui souhaitent bénéficier de ces formations ?

Gaëlle Féchant-Garnier : Nous ne faisons pas que vendre un produit. Nous sommes là pour accompagner et conseiller aussi. Il faut d’abord identifier les salariés, les fonctions et les besoins sur lesquels l’accent doit être mis. Nous pouvons ainsi aider l’entreprise à affiner ses idées selon les besoins du marché. Nous sommes également à ses côtés dans le montage du dossier administratif et à envoyer aux Direccte ou aux OpCo. Les modalités ont été assouplies et simplifiées, mais il y a tout de même deux documents à remplir. Nous faisons tout pour que le dossier soit bouclé dans les 48 heures à 72 heures maximum.
Le dispositif FNE-Formation n’est pas nouveau, il est simplement désormais ouvert à tous les salariés au chômage partiel et même à ceux qui ne le sont pas, dès lors que leur entreprise est en activité partielle. Le tout, sur leur temps chômé, c’est une petite révolution en soi. Une formation courte peut se faire sur une trentaine d’heures à répartir comme on le souhaite. La flexibilité est absolue.

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