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Coronavirus - Charrier Parfums : « C'est catastrophique mais nous essayons de nous redéployer sur d'autres pays »
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Philippe Charrier dirigeant de Charrier Parfums Coronavirus - Charrier Parfums : « C'est catastrophique mais nous essayons de nous redéployer sur d'autres pays »

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Charrier Parfums réalise les deux tiers de son activité en Asie, principalement en Chine. L’impact de l’épidémie de coronavirus s’est donc fait sentir très tôt au sein de l’entreprise familiale de parfumerie implantée à Vallauris, près de Cannes, depuis 1888. Son dirigeant Philippe Charrier tente de rester positif dans ce contexte inédit.

Philippe Charrier dirige l'entreprise familiale Charrier Parfums près de Cannes. Les coffrets de miniatures de parfum créés par son père dans les années 1960 représentent près de 80% des ventes, notamment en Asie — Photo : Olivia Oreggia / Le JDE

Le Journal des Entreprises : Dans quelles mesures votre entreprise Charrier Parfums (13 salariés, CA 2019 : 1,7 M€) est-elle impactée par l’épidémie de coronavirus ?

Philippe Charrier : Il est encore trop tôt pour le chiffrer mais, à l’instant T, c’est assez catastrophique. Nous avons la particularité de tout faire de A à Z. Nous fabriquons le parfum dans notre propre laboratoire. Nous concevons le design des emballages et conditionnons tout sur place, sous notre marque. Mais les deux tiers de notre activité se font ensuite en Asie, principalement en Chine mais aussi Corée et au Japon. Nous ne pouvions plus livrer. Nous étions déjà très fortement touchés par les grèves et manifestations qui se déroulaient depuis des mois à Hong Kong. Beaucoup de magasins ont fermé, parmi lesquels la chaîne principale de produits cosmétiques Sasa, qui a fermé 21 magasins.

"Les 2/3 de notre activité se font en Asie, principalement en Chine"

L’impact du coronavirus a donc été immédiat pour votre entreprise ?

Philippe Charrier: Nous l’avons ressenti dès la fin janvier, dès la "golden week", les vacances qui accompagnent le Nouvel An chinois. Depuis 25 ans, nous avons un stand aux Galeries Lafayette Haussmann à Paris (fermées depuis pour raisons sanitaires, NDLR). Il y a trois ans un département dédié uniquement aux groupes de clients chinois y a été ouvert. Nos produits y sont des best-sellers, surtout les coffrets de miniatures de parfums que mon père a créés dans les années 60. Mais les touristes chinois ne viennent plus, nous ne vendons plus rien ! Nous sommes donc confrontés à un double problème : les Chinois en Chine n'achètent plus et ils ne viennent plus en France. De plus, les salons professionnels sont reportés à l'image du Cosmoprof, à Bologne en Italie, le plus important du secteur, qui attire 260 000 visiteurs chaque année Je devais y avoir des rendez-vous.

Que pouvez-vous faire en attendant ?

Philippe Charrier: Nous n'avons pas le choix, il faut laisser passer mais nous essayons en parallèle de nous redéployer sur d'autres pays. Nous réalisons 80 % de notre activité à l’export. Nous avons donc accentué notre prospection en Inde, en Australie, au Pakistan, au Qatar. Le marché français est tout petit.

Heureusement, depuis le printemps 2019, nous avons aussi plus de visibilité sur internet via la société Europages. Non seulement cet annuaire professionnel nous a créé une page (optimisée en terme de référencement naturel, NDLR) sur leur site mais celle-ci est traduite en 15 langues : russe, chinois, arabe… C’est très intéressant pour nous et l’effet a été immédiat. Nous avons chaque mois une dizaine de contacts supplémentaires. Avec la conjoncture actuelle, tout le monde se déplace moins, les salons sont reportés, c'est donc un bon moyen pour nous de prospecter.

"Heureusement, nous ne faisons pas de sourcing en Chine"

Vous parvenez à rester positif ?

Philippe Charrier: Oui, même si cela est difficile. Heureusement, nous ne faisons pas de sourcing d'approvisionnement en Chine. Nous ne faisons que du made in France, de A à Z. C’est l'impact positif de la situation. Des sociétés qui faisaient faire une partie de leur production en Asie se tournent vers nous.

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