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Surcoûts sur les chantiers : les collectivités locales en soutien des entreprises du BTP
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Surcoûts sur les chantiers : les collectivités locales en soutien des entreprises du BTP

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Le Conseil départemental de la Haute-Garonne et Toulouse Métropole se sont s’engagés aux côtés de la Fédération du BTP 31 pour partager les frais directement entraînés par l'adaptation des chantiers aux mesures sanitaires.

La charte de bonnes pratiques prévoit que les surcoûts engendrés par les mesures liées au Covid-19 soient partagés entre les entreprises et les deux maîtres d'ouvrage signataires, le Conseil départemental de Haute-Garonne et la Métropole de Toulouse — Photo : Pixabay

Si les entreprises de BTP de Haute-Garonne ont retrouvé le chemin des chantiers, leurs conditions de travail restent complexes. « Près de 100 % de l’activité a repris, dans des organisations différentes d’avant le confinement. Avec l’application des procédures sanitaires sur les chantiers, nos entreprises produisent en mode dégradé », constate Émile Noyer, président de la fédération départementale du Bâtiment et des Travaux Publics (FBTP 31) et dirigeant de la PME toulousaine Socotrap (150 salariés, CA 2019 : 45 M€). L’achat d’équipements de protection individuelle ou collective et l’adaptation du travail, notamment pour éviter la co-activité de plusieurs compagnons sur la même tâche, entraîne des coûts directs estimés à 10 %.

366 chantiers concernés

Le Conseil départemental de la Haute-Garonne et Toulouse Métropole, ont décidé de soutenir cet effort avec la signature d’une « charte de bonnes pratiques » qui prévoit un partage 50/50 de ces frais directs, suivant l’exemple donné par le bailleur Promologis. Ces collectivités gèrent actuellement 366 chantiers sur le territoire : elles prendront aussi en charge les coûts liés à la présence d’un référent Covid-19 sur chacun de ces projets. En cas de désaccord sur les mesures sanitaires ou leur prise en charge financière, un comité de conciliation pourra réunir le maître d’ouvrage, l’entreprise concernée et la FBTP 31.

« Clause de revoyure »

La charte intègre aussi une « clause de revoyure » avec deux rendez-vous, en juillet et septembre, pour estimer les coûts indirects (perte de productivité, immobilisations supplémentaires) et les participations éventuelles des maîtres d’ouvrage. « Il nous faut garantir la reprise des chantiers dans la sécurité des personnes et dans la recherche d’un nouvel équilibre économique », a résumé le maire de Toulouse et président de la métropole Jean-Luc Moudenc. L’élu, qui brigue un nouveau mandat lors du scrutin reporté au 28 juin, dit travailler à un plan de relance qui permettrait d’avancer au second semestre des projets envisagés pour les prochaines années.

Une perte d’activité d’au moins 15 % sur 2020 ?

Pour le président de la FBTP 31, le soutien de l’activité s’annonce crucial pour les prochains mois. « Au plus fort de la crise, 90 % des chantiers ont été arrêtés, et on s’attend à une perte d’exploitation d’au moins 15 % pour 2020, pointe Émile Noyer. Dans un secteur où les niveaux de rentabilité sont très faibles, c’est la santé financière de nos entreprises qui est en jeu. » Côté emploi, le dirigeant estime qu’il faut attendre le second semestre de l’année pour avoir une vision plus claire des impacts.

Promologis se mobilise aussi

Dans ce même esprit de soutien aux entreprises locales du BTP, le bailleur social Promologis (28 000 logements en Occitanie) a proposé début mai une charte partenariale aux fédérations du BTP de la région. Elle prévoit là aussi un partage des surcoûts directs entre le donneur d’ordre et les entreprises, et une réflexion sur la répartition des coûts indirects. Un millier de TPE et PME prestataires sont concernés. « Pour soulager les entreprises, nous avons aussi accéléré le paiement des factures à 20 jours, étendu le versement des acomptes et proposé de payer directement les fournisseurs », rapporte le directeur général de Promologis Philippe Pacheu.

Donner de la visibilité

À ce jour, 90 % des chantiers du bailleur ont repris, et ce taux devrait frôler les 100 % début juin. Promologis pense maintenir pour 2020 son objectif de production de 1 500 logements, mais prévoit un ralentissement, ou a minima un décalage, sur certaines opérations de réhabilitation en site occupé. « Nous allons communiquer avec les entreprises sur nos futurs chantiers, indique Philippe Pacheu. Cette visibilité les aidera à remplir leur carnet de commandes et à rassurer leurs partenaires financiers ».

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