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GuaTecs réinvente la production du latex naturel
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GuaTecs réinvente la production du latex naturel

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Née au Mans, la start-up GuaTecs s’installe à Montpellier pour développer un nouveau procédé d’extraction du latex. Elle lève 450 000 euros afin de préparer la construction d’une bioraffinerie, mais aussi de relocaliser une filière de production.

Michel Dorget, qui a fondé Guatecs au Mans, vient d’installer la start-up dans l’Hérault — Photo : Cédric Menuet

Arbre cultivé très majoritairement en Asie, l’hévéa produit une sève dont est extrait un latex 100 % naturel. Depuis sa création en 2019, la start-up GuaTecs (11 collaborateurs) cherche un mode de production alternatif et développe un nouveau procédé d’extraction à partir d’une plante nommée guayule. Après une phase d’incubation au sein de Le Mans Innovation, elle s’installe à Montpellier, où elle avait créé sa première unité pilote d’extraction, avec l’ambition d’impulser la naissance d’un écosystème entier autour de son process, culture de la plante incluse.

Une lente montée en puissance industrielle

À cette fin, GuaTecs lève 450 000 euros auprès du fonds Ocseed et de Bpifrance pour financer la deuxième génération de son unité pilote, située à Lansargues (Hérault). Le procédé d’extraction qu’elle développe est issu d’un brevet, déposé par le Cirad (Montpellier) et par Association Transferts Technologies Mans, et géré par la SATT AxLR (Montpellier) : il permet à ce jour de produire un litre par heure. Mais en renforçant sa capacité de production, la start-up ambitionne de fournir plus de matière première aux industriels. "Depuis six mois, nous avons débuté l’échantillonnage à destination de plusieurs fabricants de produits en France et dans le monde", confirme Michel Dorget, fondateur de GuaTecs. Ce dernier précise que les acteurs visés sont les fabricants d’articles médicaux, tels que les bandages, les adhésifs et surtout les gants, premiers consommateurs de latex.

GuaTecs a développé son unité d’extraction en s’appuyant sur l’expertise de deux partenaires locaux : Valorhiz (solutions innovantes pour le traitement biologique des sols) pour la partie culture de la plante, et Imeca (technologies séparatives en milieu industriel) pour la conception des machines à partir du brevet. Après ce premier financement, la start-up travaille sur une levée de fonds "de plusieurs millions d’euros" d’ici la fin de l’année afin de financer la transformation du pilote industriel en véritable bioraffinerie. Deux ans seront nécessaires pour la finaliser. "Notre volonté est d’atteindre une capacité d’une centaine de litres par heure. À ce rythme, il devient possible pour les fabricants de valider la qualité du latex à l’échelle d’une ligne de production. Nous pourrons même leur faire passer des essais normatifs", annonce Michel Dorget.

Une stratégie de relocalisation

En phase amont, GuaTecs achète sa biomasse à des agriculteurs individuels, qui cultivent 3 ha de guayule autour de Montpellier. Ces surfaces passeront à 5 ha d’ici le printemps prochain. "Le marché de la guayule n’étant pas suffisamment développé, c’est l’entreprise qui finance ces contrats de culture", glisse Michel Dorget. La start-up est déjà en discussion avec des coopératives pour augmenter rapidement son sourcing. Elle estime ses besoins à "plusieurs centaines d’hectares", à terme, pour réaliser un saut industriel.

Ainsi, en pilotant à la fois les phases de culture et de fabrication, GuaTecs situe son projet dans une démarche de création de filière, dans une optique de souveraineté industrielle face à l’Asie. "Un processus relocalisant la fabrication des gants se met en place en Europe, et nous venons nous y greffer. Face à tous les latex synthétiques qui seront disponibles sur ce marché, nous nous démarquons en proposant un produit naturel", insiste Michel Dorget. Le précédent des fabricants français de masques, qui dénoncent les faibles commandes signées par les acheteurs publics une fois la crise sanitaire passée, ne semble pas l’effrayer. "Pour que les acheteurs acceptent d’acheter français, il faut contenir les coûts de fabrication, ce que laissent espérer des usines très automatisées. Il faut aussi jouer sur une stratégie de niche à haute valeur ajoutée : nos latex, non allergisants, plus résistants et plus souples, ne viseront pas à concurrencer les latex bas de gamme venus d’Asie", veut croire le dirigeant.

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