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Ce qui attend les entreprises d'Occitanie à l'heure du rebond économique
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Ce qui attend les entreprises d'Occitanie à l'heure du rebond économique

Fort de plus de 200 entreprises adhérentes, le réseau d'entreprises en croissance Leader Occitanie a organisé un débat à la Cité de Toulouse le 28 septembre, en partenariat avec "Le Journal des Entreprises". Les capacités de rebond des entreprises régionales, en sortie de crise, ont été décryptées.

Le débat était animé par Anthony Rey (à droite), responsable de l’édition Occitanie du Journal des Entreprises — Photo : Emmanuelle Bouron/JDE

Les entreprises de la région sont-elles prêtes à rebondir après la crise ? Le sujet a été débattu le 28 septembre lors d’une rencontre organisée par le réseau d'entreprises en croissance Leader Occitanie et Le Journal des Entreprises à la Cité de Toulouse, en présence de Catherine Mallet, directrice générale déléguée d’Actia Group, Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France, et Julien Féja, président de Leader Occitanie et du groupe D & S.

Stéphane Latouche estime que “tout le monde n’avance pas à la même vitesse” en Occitanie. Il situe la région “un cran au-dessous de la dynamique nationale” en raison des difficultés des secteurs de l’hôtellerie-restauration, du sport, de l’automobile et de l’aéronautique, qui n’ont pas rattrapé leur niveau d’activité d’avant-crise (- 25 % environ).

Globalement, le panel des entreprises sondées par la Banque de France (les 300 000 en Occitanie dont le chiffre d’affaires excède 750 000 euros) s’appuie sur une trésorerie solide. “Le prêt garanti par l’État (PGE) est un vrai succès, souligne Stéphane Latouche, par son ampleur et la vitesse à laquelle il a été décaissé. 5 à 6 % des entreprises françaises ont eu recours au PGE. Il est à noter que la plupart des PGE ont été contractés par précaution. Et en sortie de crise, les entreprises ont continué à conserver leur PGE pour ce motif de précaution. 20 % des entreprises ont choisi de le rembourser dès cette année, les autres préfèrent l’amortir.”

Deux problèmes : l’approvisionnement et le recrutement

Selon Julien Féja, la majorité des 200 entreprises adhérentes de Leader Occitanie retrouve leurs problèmes d’avant-crise. “Le premier concerne le recrutement, constate-t-il. Le concept de travail a changé. Les besoins sont là mais tout le monde se plaint de l’emploi. Le second nous incite à reprendre l’activité autrement, au travers de politiques RSE actives.” La question du recrutement, centrale, touche d’ailleurs 52 % des entreprises tous secteurs confondus, d’après la Banque de France. “La région n’échappe pas au sujet, indique Stéphane Latouche. Il y a la nécessité d’engager des réformes ayant pour but d’augmenter l’offre de travail. Du côté des seniors, chez les jeunes, mais aussi en réformant le chômage pour faire en sorte que le retour à l’emploi soit plus encouragé.”

Le deuxième frein à la reprise identifié par la Banque de France se trouve dans l’approvisionnement. “C’est un classique des sorties de récession, souligne le directeur régional. Une entreprise sur deux fait état de difficultés, surtout à propos des composants électroniques, que ce soit au niveau de la disponibilité des matériels ou en raison des hausses de prix.” La pénurie des composants frappe par exemple de plein fouet Actia Group, contraint de ne pouvoir livrer que 70 % de son carnet de commandes. “Nous avons progressé de 7 % par rapport à 2020 mais, sans cela, nous pourrions afficher 30 % de croissance par rapport à l’année dernière”, confie Catherine Mallet. “La crise a permis de prendre conscience de notre dépendance à certaines chaînes d’approvisionnement, poursuit-elle. Sur le marché des semi-conducteurs, par exemple, deux acteurs font 80 % de la production mondiale. L’un à Taïwan, l’autre en Corée du Sud. Nous souffrons de la désindustrialisation de la France et, même si ce sera long, nous devons reconstruire quelque chose pour retrouver notre indépendance.” Selon la dirigeante d’Actia Group, le géant taïwanais TSMC a annoncé 135 milliards d’investissement sur les semi-conducteurs les trois prochaines années, là où l’Europe n’a promis d’engager que 20 milliards.

Autre écueil à affronter en ces temps de reprise : l’inflation. “Nous sommes confrontés à une hausse temporaire des prix, au-dessus des 3 %, confirme Stéphane Latouche. Mais c’est un mouvement temporaire et concentré sur l’énergie et sur certaines matières premières (acier, bois). L’inflation devrait revenir autour de 2 % d’ici la fin de l’année.”

Un nouveau label RSE

Chez Leader Occitanie, on reste sur le pont pour continuer à aider les entreprises adhérentes au réseau. “Lorsqu’on est un chef d’entreprise seul et qu’on se développe, il est utile de pouvoir compter sur des réseaux, témoigne Julien Féja. Nous travaillons un axe interne au chef d’entreprise (actions de formation, retours d’expérience, moments de découverte) et un axe externe, pour rendre l’emploi plus attractif et favoriser le recrutement, en allant dans les écoles, les collèges, les lycées, les universités, et en restaurant l’image publique du chef d’entreprise.” Très actif à Montpellier, dans le Gard, le Tarn ou l’Aveyron, Leader Occitanie entend poursuivre son développement à Toulouse, en proposant une approche différente de celle des nombreux réseaux en place.

“Il existe plus de 300 clubs dans la région toulousaine, par zones, par thématiques, via des clusters ou des pôles de compétitivité, qui vont au-delà de l’aéronautique, rapporte Catherine Mallet. Il y a aussi à Toulouse des forts pôles santé ou agro. Mon père (Louis Pech) a fondé plusieurs clubs toulousains, notamment le Cercle d’Oc. J’ai toujours la volonté de servir notre territoire et de partager des expériences.” Leader Occitanie souhaite se démarquer notamment en menant à bien un projet commun autour de la RSE pour lequel il a affecté des ressources dédiées. “De nombreux chefs d’entreprise sont sensibles à la RSE mais ne savent pas comment procéder pour la déployer chez eux, explique Julien Féja. Nous allons bâtir un programme de construction d’actions autour de la RSE, auquel chacun de nos membres pourra s’inscrire, et créer un label.”

Ancien président de Leader Occitanie et désormais vice-président à l’économie à la Région Occitanie, Jalil Benabdillah est venu rappeler, en guise de conclusion, sa volonté de lier l’emploi et la réindustrialisation au développement économique de la région. Leader Occitanie lui a remis un rapport comportant 14 propositions pour faciliter la sortie de crise et le rebond des TPE et PME. “Charge à nous de revenir vers vous pour voir comment nous pourrons intégrer certaines de ces propositions”, a promis Jalil Benabdillah.

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