Le développement durable dispose d’une arme supplémentaire contre les bactéries pathogènes des plantes grâce à l’entreprise de recherche Bactolytix (3 salariés), fondée à Montpellier en 2017. Celle-ci développe de solutions innovantes de biocontrôle à base de bactériophages, un type de virus capables d’infecter et de détruire ces bactéries.
De nouvelles ambitions en R & D
Après une première augmentation de capital en 2018 bouclée auprès de l’industriel clermontois Greentech, spécialiste des biotechnologies végétales, Bactolytix finalisera une nouvelle levée de fonds avec le même acteur, d’un montant de 800 000 à 1 million d’euros, d’ici janvier 2022. L’opération lui permettra de doubler ses capacités opérationnelles, tant sur les volets recherche que production.
D’une part, Bactolytix prévoit de porter ses effectifs à 6 techniciens et docteurs, alors qu’ils n’étaient que 3 jusqu’ici. "C’était trop peu au regard des programmes de R & D que nous nous apprêtons à lancer", commente Denis Costechareyre, fondateur de la biotech. D’autre part, l’entreprise, qui est hébergée au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) à Montpellier, veut s’installer dans ses propres locaux. Elle va prendre sous peu un plateau de 150 à 200 m2 au sein du BIC de Montpellier, où elle installera notamment un laboratoire de microbiologie pour concevoir et développer ses préparations antibactériennes.
Une diversification rapide
Le premier axe de développement choisi par Bactolytix est l’agriculture : ses solutions, naturelles et biodégradables, sont destinées aux acteurs de la filière en quête d’alternatives aux pesticides. Après une campagne de tests plein champs menée en 2021, qui a permis de démontrer un taux d’efficacité du produit sur les cultures au moins égal au sulfate de cuivre, la phase de commercialisation se profile, malgré des obstacles réglementaires. "Normalement, notre produit devrait suivre le même parcours réglementaire que les intrants chimiques, ce qui est aberrant. Néanmoins, les textes devraient évoluer, avec la création d’une nouvelle réglementation applicable aux micro-organismes utilisés dans le biocontrôle. Nous gagnerions plusieurs années de développement", indique Denis Costechareyre.
Pour accélérer sa croissance, Bactolytix vise désormais de nouveaux débouchés, plus simples d’accès. Elle veut d’abord se diversifier dans la cosmétologie, où ses solutions bactériophages peuvent être utilisées comme principes actifs. De même, la biotech s’oriente vers l’agroalimentaire : si des concurrents américains et hollandais proposent déjà des produits similaires pour la filière, Bactolytix ambitionne de les challenger rapidement. "Les investissements en cours nous permettent de pré-industrialiser notre process : nous pourrons produire dès 2022 des centaines de litres de nos préparations", poursuit le chercheur.
Dans les deux cas, les preuves de concept sont déjà faites, et la mise en marché des nouveaux produits développés par Bactolytix sera beaucoup plus rapide que dans l’agriculture. Le brevet pour la cosmétologie devait être finalisé à la fin 2021, et les premières actions en direction des industriels du secteur interviendront d’ici moins d’un an.
