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Zoomalia joue son essor sur ses boutiques
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Zoomalia joue son essor sur ses boutiques

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Imaginée en 2009 sous la forme d’une marketplace, Zoomalia s’est rapidement transformée en site d’e-commerce dans les produits animaliers et a sextuplé la surface de son siège landais en six ans. Depuis deux ans, la PME a entamé un virage inattendu, anticipant le déclin des ventes en ligne : la création d’animaleries physiques, sur lesquelles elle concentre désormais ses ambitions.

Pierre-Adrien Thollet, fondateur et PDG de la société landaise Zoomalia — Photo : Romain Béteille

À Saint-Geours-de-Maremne (Landes) au fond de la zone Atlantisud, le cœur du réacteur de la machine Zoomalia, distributeur de produits animaliers, en impose. À l’intérieur de cet entrepôt de stockage de 21 000 m2, le PDG et principal actionnaire de la société fouille un compartiment pour illustrer l’un de ses atouts majeurs face à la concurrence, présent chez le géant Amazon : le stockage "chaotique". "Nous stockons plusieurs références de produits dans un seul emplacement pour optimiser l’espace", explique Pierre-Adrien Thollet. "À l’inverse de nos concurrents ou d’entrepôts traditionnels qui, atteignant une certaine taille, rationalisent et suppriment les références qui se vendent moins, nous sommes en capacité de proposer une offre plus large et des produits qui ne sont pas ailleurs et nous permettent de marger davantage."

Débuts modestes

Les chiffres de Zoomalia parlent d’eux-mêmes : cumulant 84 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 (+27 %), l’entreprise a doublé ses effectifs en trois ans pour dépasser les 250 salariés. Si 90 % de ses ventes sont effectuées sur Internet, l’entreprise a initié en 2016 dans un ambitieux projet d’implantation d’animaleries physiques sur lequel elle concentre aujourd’hui environ 5 millions d’euros d’investissements par an. Un virage à contre-courant, dont les origines sont à chercher dans sa propre histoire.

Née en 2009 à Nice (Alpes-Maritimes) dans la tête de Pierre-Adrien Thollet, Zoomalia est au départ une marketplace. "Nous avons développé un logiciel pour créer tout un tas de marketplace dans des marchés de niche : le matériel de montagne, les accessoires pour bébés, les jouets et les produits pour animaux de compagnie." Ce qui l’a fait choisir la dernière solution ? Le potentiel de croissance. "Dans les autres marchés, très souvent, les marques dictent leur loi face au distributeur et il y a moins de marge à faire car nous sommes dépendants de leur bon vouloir". À l’exception du logiciel de gestion interne, il ne reste rien du business model de départ, abandonné par manque de revendeurs alimentant une offre en devenir.

Le virage e-commerce

"En 2010, nous nous sommes fait passer pour un vendeur professionnel sur notre plateforme pour faire du BtoC classique le temps d’amorcer la marketplace. Cette partie e-commerce a tellement bien marché qu’on a progressivement abandonné le modèle de départ." En 2017, après trois déménagements, l’entreprise installe les 3 000 premiers mètres carrés de son actuel siège, qui n’a cessé de grandir depuis : 6 000 en 2020 et un investissement de cinq millions d’euros l’été 2022 pour en ajouter 9 000 de plus, multiplier les quais de chargement et automatiser une partie du processus logistique, avec un bras robotisé pour monter des palettes et une machine de préparation de commandes automatisée (en 2020) pour doubler son nombre d’expéditions, atteignant 4 000 à 7 000 par jour pour 30 000 à 35 000 références de produits.

Ayant adopté depuis fin 2015 une "stratégie à la Décathlon", Zoomalia mise sur les 12 marques en propre de son portefeuille, notamment Optimus, marque d’alimentation, qui a triplé ses ventes en trois ans. Cet été, elle va lancer une gamme de croquettes sous la marque Crocorico, garanties "à 95 % Made in France" après deux ans de développement. Si l’entreprise conçoit des recettes et réalise le design des produits en interne, leur fabrication passe par des sous-traitants, "principalement en France et en Europe pour l’alimentation, et en Asie pour la plus grosse partie des accessoires", résume le fondateur. Ces différentes étapes ont été financées en partie par deux levées de fonds : 800 000 euros en 2013 (auprès de Galia Gestion) pour structurer les premières embauches et faire grossir son catalogue et 2 millions d’euros en 2016 pour financer le développement de son stock via deux fonds (Extendam et PBRI Participations).

Ambitions physiques

Le premier magasin, créé à Pau en 2016, essuie les plâtres. "J’étais parti dans un délire d’animalerie idéale, avec un parcours de visite à la "Ikea", des volières… Une sorte de concept store, mais qui avait ses limites : les gens venaient plus en visite que pour acheter, entre autres. On a revu notre copie, retravaillé nos rayons, rationalisé."

Aujourd’hui, les magasins adossent des services supplémentaires, notamment des "tests" de litières avant achat ou des zones pour shampouiner son compagnon canin ("dogwash"), le tout principalement en périphérie des grandes villes, "notamment dans les zones commerciales". Si un deuxième magasin a vu le jour à Saint-Vincent-de-Tyrosse en 2018, c’est en 2021 que la société a véritablement accéléré son virage. En 18 mois, elle est ainsi passée de 2 à 36 magasins dont 24 en 2022 et 6 depuis le début de l’année. Confrontée au ralentissement de l’e-commerce, Zoomalia reprend son souffle sur les investissements après une année chargée, mais n’en oublie pas ses ambitions de croissance. "Le bâtiment actuel peut nous permettre d’atteindre 140 à 150 millions d’euros de chiffre d’affaires", confesse le chef d’entreprise.

L’ouverture des magasins, elle, devrait reprendre "d’ici à la fin de l’année", à raison de "15 à 30 par an" pour atteindre une centaine fin 2025. Ce développement frénétique, associé à la promesse d’être "en moyenne 10 à 40 % moins cher que la concurrence", s’explique par les origines numériques de Zoomalia. "Quand on commence une activité en e-commerce, on ne peut pas réussir si on n’a pas compressé les coûts au maximum. C’est un milieu difficile avec beaucoup de concurrence." Cette rationalisation à la croquette près a essaimé en magasin. "Nos circuits sont plus courts et nos coûts réduits. Le modèle peut encore être optimisé côté ressources humaines et automatisation." Tirant 80 % de ses revenus du marché français, Zoomalia, qui est aussi présent dans sept pays européens (Espagne, Allemagne, Belgique, Autriche, Italie, Pays Bas, Portugal), espère atteindre 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024.

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