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Adam crée une fondation actionnaire avec un quart de son capital
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Adam crée une fondation actionnaire avec un quart de son capital

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En juin, la PME girondine Adam va créer un fonds de dotation actionnaire dans lequel elle entend injecter 25 % de son capital. Le but : assurer la pérennité de l’entreprise et lutter contre un éventuel braconnage financier après le départ du couple dirigeant.

Jean-Charles et Hélène Rinn, dirigeants de la société girondine Adam — Photo : Adam

C’est un modèle encore marginal auquel Jean-Charles Rinn, PDG d’Adam (11 M€ de CA en 2021, 65 salariés), va s’adosser dans le courant de cet été 2022. Dirigeant avec sa femme Hélène de cette PME girondine spécialisée dans le packaging bois pour le monde des vins et spiritueux, il va confier 25 % du capital de son entreprise à une fondation actionnaire sous la forme d’un FDD (Fonds De Dotation). Il jouera à la fois le rôle d’actionnaire et celui de philanthrope, en "soutenant des projets d’intérêt général".

Une anti-LBO

Le couple de dirigeants a récemment estimé, dans un plaidoyer pour le développement de ce type de structure, que "la rémunération du capital par les dividendes ou une plus-value de cession est contre-productive pour les entreprises et ses parties prenantes". Le constat est intimement lié à l’histoire de l’entreprise, qui a mené deux LBO en 1996 et 2009. "J’ai levé de la dette pour financer l’acquisition de l’entreprise au profit de l’actionnaire de l’époque. En 2009, j’en ai fait une deuxième pour racheter mon associé. J’ai fait le constat que des individus minoritaires s’enrichissent et que l’entreprise s’endette en tant que collectivité", raconte Jean-Charles Rinn.

Ne souhaitant pas reproduire l’opération une troisième fois, il se tourne alors vers le modèle pris par la société Léa Nature (490 M€ de CA en 2020, 1 900 salariés) basée en Charente-Maritime ou le fabricant de palettes deux-sévrien Archimbaud (72 M€ de CA en 2021, 300 salariés), qui a choisi la fondation actionnaire en y injectant 10 % de son capital dès 2016 (25 % aujourd’hui). "Mon rêve, c’était une transmission gratuite de l’entreprise vers les salariés, avec un enjeu fort de gouvernance plus partagée et l’avantage de ne pas affaiblir financièrement la société transmise. C’est impossible en France. La fiscalité adossée aux plus-values de cessions représente une manne financière pour l’État qui n’a aucun intérêt fiscal à favoriser ce genre de dispositif", continue le dirigeant.

Ambition majoritaire

Adam, très engagé dans la RSE, partagera la gouvernance du fonds entre les salariés, les dirigeants ayant "un droit de regard, voire de veto" et des personnes extérieures "connaissant un peu notre monde et notamment issus du monde universitaire", ajoute le PDG. Les 75 % restants seront répartis à parts égales entre les trois enfants du couple. "Le fonds de dotation a la velléité de devenir majoritaire par apport volontaire de leurs titres. Le tout va sécuriser nos valeurs sans enjeux strictement financiers et participer à une politique d’intérêt général".

Si les projets philanthropiques ne sont pas encore arrêtés, ils toucheront évidemment à l’environnement et à la gestion de la ressource forestière, mais aussi à la formation pour être "une sorte de boîte à outils, un modèle alternatif. Le fonds pourra aussi lever des fonds auprès d’acteurs tiers", termine Jean-Charles Rinn, en assurant l’effet anti-dilutif du recours à la fondation pour le capital de la société. Ce modèle, répandu au Danemark (1 300 fondations), en Suède ou en Allemagne (1 000), ne concernait, en juin dernier, que 25 entreprises en France.

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