Xavier Prevost (CPME Normandie) : « Transformons les PGE en prêts participatifs »
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Xavier Prevost président CPME Normandie Xavier Prevost (CPME Normandie) : « Transformons les PGE en prêts participatifs »

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Xavier Prevost, président de la CPME Normandie, attend des mesures fortes de soutien aux entreprises dans le plan de relance du gouvernement. Pour redonner les moyens d'investir aux entreprises qui se sont endettées pendant la crise sanitaire, le dirigeant propose notamment de transformer les prêts garantis par l'Etat (PGE) en quasi fonds propres.

"Il y a une envie de la population française, d'une manière générale, de permettre une relocalisation de l'industrie avec une proximité territoriale", assure Xavier Prevost, président de la CPME Normandie — Photo : DR

Comment se portent les PME en Normandie ?

Xavier Prevost : Il y a un peu d’expectative, et les secteurs en difficulté sont toujours les mêmes. Chez les équipes, il y a des attentes et des craintes, avec une sorte d’esprit collectif et réaliste qui comprend que les choses vont être compliquées. Et en même temps, il y a aussi l’esprit d’entrepreneur du chef d’entreprise qui dit « on va s’en sortir ». À la CPME, nous continuons à demander à nos adhérents de faire appel au PGE (Prêt garanti par l’Etat, NDLR), une roue de secours dont il faut pouvoir bénéficier, et les refus sont marginaux.

Que pensez-vous de la mesure prise par le gouvernement d’obligation de port du masque en entreprise ?

X.P : Cette annonce n’est pas un scoop dans la mesure où des municipalités ont devancé cette obligation. Il serait paradoxal que cette mesure soit obligatoire dans la rue et pas en entreprise. De plus, dans la plupart des protocoles mis en place dans les entreprises depuis le mois de mai, les masques étaient déjà présents. Le port du masque doit permettre d’atteindre trois objectifs qui sont de contribuer à stopper la pandémie, protéger nos collaborateurs et maintenir l’activité économique. Dans mon entreprise (Adéquation, une société de conseil et formation de 28 salariés, NDLR), le port du masque a été rendu obligatoire dès le premier jour du déconfinement, dès qu’il y a proximité entre les individus. Le port du masque doit aussi jouer un rôle de responsabilisation des individus après cette période de vacances. Mais, je n’ai pas entendu chez nos adhérents de difficultés rencontrées face au port du masque. Et les partenaires sociaux ont bien compris la nécessité de se protéger.

L’entreprise doit-elle prendre le coût des masques à sa charge ?

X.P : Fournir deux masques par jour à nos collaborateurs, ce n’est pas un coût neutre. On demande à l’entreprise de participer à rompre le cycle de la pandémie. Mais est-ce à elle de prendre en charge le coût de cette mesure ? Cela rajoute encore un coût supplémentaire pour les entreprises dans des circonstances complexes.

La CPME souhaite peser sur le futur plan de relance du gouvernement, avec notamment une proposition sur la transformation des prêts garantis par l’Etat en quasi fonds propres. Quel en serait le bénéfice pour les entreprises ?

X.P : Les PME avaient déjà des difficultés avec les fonds propres avec le Covid-19. De plus, le PGE a été mis en place par l’Etat pour aider les entreprises à payer des charges. La question, c’est comment l’entreprise va pouvoir investir demain avec l’endettement supplémentaire du PGE ? La solution serait que ce prêt soit transformé en prêt participatif ou remonté au niveau du bilan et que l’entreprise puisse rembourser de manière plus étalée. Cela donnerait la possibilité aux entreprises de réinvestir. Pour beaucoup d’entreprises, le PGE a joué un peu le rôle d’actionnaire car il a permis de payer des charges, ce que ne fait jamais la banque. J’espère que cette idée cheminera pour donner un souffle et des perspectives à nos entreprises.

Qu’en est-il du maintien du dispositif de chômage partiel ?

X.P : Cette proposition a été reprise en partie pour certains secteurs avec des échéances plus longues sous forme de contrat ou d’accord d’entreprise. Cela est à discuter au niveau des branches. Il faut de plus, l’associer à du développement de compétences et donc de la formation.

La création d’un crédit d’impôt production en France, destiné à aider à la relocalisation de la production en France, est une autre mesure poussée par la CPME. Que recouvre-t-elle ?

X.P : Il y a une envie de la population française, d’une manière générale, de permettre une relocalisation de l’industrie avec une proximité territoriale. Notre proposition est une des solutions envisageables pour y parvenir. Il faut arriver à trouver des solutions pragmatiques. Dans le même ordre d’idée, la clause de proximité dans les appels d’offres, nous la réclamons aussi.

Êtes-vous optimiste en ce qui concerne la reprise économique ?

X.P : La question de la relance de la consommation est l’une des questions forte de la rentrée pour le redémarrage de l’économie. Comment le gouvernement va-t-il faire en sorte que les millions d’euros accumulés pendant le confinement soient remis dans le marché ? L’économie, c’est une question de confiance. Il faut que cette confiance soit orientée vers les consommateurs dans le plan de relance. Pour ma part, je reste confiant et j’espère que l’envie de vivre va reprendre le dessus, tout en maintenant les mesures de protection contre le virus.

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