
Limiter les coûts énergétiques pour minimiser le coût de production, c’est l’objectif de Christophe Künkel, dirigeant de la scierie du même nom installée au Teilleul, dans la Manche. Pour y parvenir, le fabricant de palettes et blocs en bois aggloméré (une centaine de salariés, 18,1 M€ de chiffre d’affaires en 2021) a fait le pari, fin 2022, de faire de ses déchets de production une matière première pour les autoconsommer et produire sa propre énergie.
Une nouvelle unité de cogénération biomasse
Künkel a ainsi investi 26 millions d’euros dans la création d’une unité de cogénération biomasse d’une puissance d’1,32 mégawatt, alimentée par des écorces de bois. La chaleur ainsi générée alimente les séchoirs à copeaux, produit de la vapeur d’eau nécessaire à la fabrication des blocs, et permet de chauffer les bureaux. Elle chauffe aussi l’huile, qui rejoint ensuite une turbine. Raccordée au réseau EDF, cette turbine a la capacité d’alimenter près de 1 500 foyers. Quant au générateur, il permet de ne plus utiliser de gaz pour sécher les milliers de palettes produites chaque jour. "Le but est de créer des investissements nouveaux, avec la production d’électricité qui ira avec", assure Christophe Künkel. "L’objectif de l’entreprise, à moyen terme, est d’être indépendant en énergie", ajoute le dirigeant, qui espère atteindre les 30 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici fin 2023.
Création de 25 emplois
Sur les douze millions de palettes Epal (palette échangeable) qui circulent en France, moins de 10 % seulement sont produites dans l’Hexagone. "Nous nous sommes positionnés sur ce marché et, depuis 2021, nous fabriquons des blocs en bois aggloméré à partir des déchets de palettes", décrit Christophe Künkel. Dans une grume, la moitié devient des planches, le reste est composé de déchets, comme des sciures ou des écorces. Grâce à ses six lignes de production, 400 m³ de blocs peuvent être réalisés par mois avec des débouchés à l’export, en Allemagne, Autriche, Suisse, Tunisie et même Inde. "Avant, on utilisait des cubes en bois massif. Maintenant, on autoconsomme 20 % de notre production. Une économie non négligeable", poursuit-il. L’entreprise familiale a profité d’un prêt à taux zéro du Département de la Manche d’un montant de 500 000 euros, ainsi qu’une subvention départementale de 100 000 euros pour financer la construction du bâtiment, ainsi que la création de 25 emplois.
Pour booster encore davantage le développement de son entreprise, qui a progressivement intégré verticalement des activités qui vont de l'exploitation forestière au transport, en passant par la scierie et la fabrication de palettes en bois en dimensions standard ou sur-mesure, Christophe Künkel ambitionne de reconstruire une nouvelle scierie dans les années à venir. L'objectif est "d'améliorer la productivité, le confort du personnel et d'avoir des machines moins bruyantes et moins poussiéreuses", puis y annexer une unité de fabrication de granulés pour ensuite commercialiser sans intermédiaire les sacs de pellets (granulés), décrit le dirigeant.