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Cohin Environnement : "Nous sommes allés livrer une de nos stations d’épuration en Ukraine"
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Sébastien Cohin président de Cohin Environnement "Nous sommes allés livrer une de nos stations d’épuration en Ukraine"

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Concepteur et réalisateur de stations d’épuration, Cohin Environnement, filiale du groupe Cohinvest, basé à Clef Vallée d'Eure, a livré, en janvier, une station d’épuration mobile Waste Water Box pour traiter les eaux usées urbaines provenant d’un lotissement de la ville de Khust, en Ukraine. Le PDG du groupe, Sébastien Cohin, s’est rendu lui-même sur place avec une ingénieure de sa société.

Sébastien Cohin, PDG de Cohin Environnement, s’est rendu, avec une ingénieure de la société, en Ukraine pour livre une Waste Water Boxe destiné à traiter les eaux usées de la ville de Khoust — Photo : Cohin Environnement

En janvier, Cohin Environnement (40 salariés, 4 M€ de chiffre d'affaires) a livré en Ukraine une station d’épuration containérisée. Comment avez-vous préparé ce projet ?

Le projet a été monté dans le cadre d’un FASEP "Potabilisation et traitement de l’eau en Transcarpatie" (Fonds d’études et d’aide au secteur privé qui permet de financer des études pour mettre en avant une technologie française, NDLR) initié par notre partenaire, le bureau d’ingénierie Beten Ingénierie International, présent depuis près de 30 ans en Ukraine. Lorsque le projet a été monté, en 2017, avant le début de la guerre en Ukraine, le dossier n’avait pas vraiment retenu l’attention de Bercy et avait été mis en attente. Lorsque la guerre a éclaté en 2022, les choses se sont accélérées : alors que notre partenaire Beten Ingénierie International était en train d’installer une unité de potabilisation à Marioupol, la ville a été bombardée. Leur projet a été anéanti par les frappes russes et une partie de l’équipe est décédée. Nous avons ensuite relancé Bercy d’urgence car les problèmes d’eau étaient devenus plus que jamais cruciaux. Le FASEP a été finalement accepté par le gouvernement français pour la conception et la construction d’une station d’épuration en container, une Waste Water Box C 30, à destination de la ville de Khoust en Ukraine. Nous avons donc signé avec l’État français un contrat de 200 000 euros pour livrer la station en Ukraine.

Comment l’expédition s’est-elle passée ?

Notre station d’épuration était prête en deux mois. Il y avait urgence, car Khoust est une zone où affluent tous les réfugiés ukrainiens. Ces villes étaient déjà sous-équipées, voire pas du tout équipées en station d’épuration, et rejetaient toutes les eaux usées dans les rivières, avec le risque de développement d’épidémies que cela entraîne. Toutes les canalisations étaient bouchées et cela débordait de partout. Nous avons également embarqué deux unités de potabilisation de la société grenobloise LMS. Je me suis rendu sur place avec une ingénieure de Cohin Environnement au volant de notre camion, pour plus de 20 heures de route : entre le trajet et l’installation sur site, nous sommes partis une semaine.

N’avez-vous pas eu peur de vous rendre dans un pays en guerre ?

Bien que le pays soit en guerre, nous n’étions pas en zone de guerre : nous étions à l’ouest du pays, en Transcarpatie, derrière les montagnes des Carpates. Nous entendions les bombardements, c’était très impressionnant et nous n’avions de l’électricité que deux heures par jour.

À quoi la Waste Water Box va-t-elle servir ?

La station va pouvoir traiter 35 m3 par jour d’eaux usées urbaines, soit 270 équivalent habitant — Photo : Cohin Environnement

La station va pouvoir traiter 35 m3 par jour d’eaux usées urbaines, soit 270 équivalent habitant, utilisant notre procédé d’épuration biologique, le procédé UniBioCell®. Il s’agit d’une technique de traitement reposant sur la dégradation de la pollution par des micro-organismes par voie aérobie, c’est-à-dire avec apport d’oxygène.

Un lombricomposteur est également intégré à notre installation, pour traiter les boues avec la technologie de la start-up euroise Veragrow. Après déshydratation, les boues d’épuration sont envoyées à une unité de compostage qui permet de les transformer en engrais naturel grâce aux vers de compost. Ils reproduisent le processus naturel de la dégradation des déchets organiques. C’est une technologie écologique et sans résidus pour la gestion des boues d’épuration.

Comment la maintenance va-t-elle être assurée sur place ?

Le mode de fonctionnement de nos Waste Water Box est extrêmement simple et nous avons transmis aux techniciens ukrainiens tout ce qu’il fallait pour assurer la maintenance. Les bombardements successifs des Russes ont amené l’Ukraine à programmer des opérations de délestage d’électricité pour répartir au mieux leur distribution électrique et de façon équitable entre les habitants. En cas de coupure d’électricité, la station pourra fonctionner avec un groupe électrogène. Nous repartons à Khoust, pour une deuxième mission le 4 avril prochain pour la réception officielle de la station d’épuration, en présence de nombreux élus d’Ukraine. Nous emporterons avec nous un ou plusieurs groupes électrogènes.

L’international occupe une part importante dans l’activité de votre entreprise. Quels sont les autres projets à venir ?

Cohin Environnement se développe dans les zones d’Afrique et d’Europe grâce à des actions commerciales et un réseau de partenaires commerciaux dans toutes les régions du monde.

Le groupe Cohinvest (95 salariés ; 11 M€ de CA), dont fait partie Cohin Environnement, a également créé une entreprise de droit marocain domicilié à Casablanca : Cohin Environnement Maroc. Ce point d’ancrage en Afrique nous permet de rayonner sur tout le continent africain avec une présence plus marquée au Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie…). Nous espérons nous développer prochainement en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire.

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