Après presque soixante ans de production de chlore par électrolyse à cathodes de mercure, le site des Produits Chimiques de Loos va devoir changer de modèle de production. C'est une obligation pour le groupe belge Tessenderlo, propriétaire de l'usine. Bientôt, l'électrolyse à cathodes de mercure sera interdite en Europe. Dès lors, deux options s'ouvraient au groupe : fermer l'unité ou investir massivement pour en changer l'outil de production. C'est la deuxième option qui a été choisie, même si l'ampleur de l'investissement a failli faire reculer Tessenderlo, dans un contexte où la chimie de base en Europe souffre d'un manque de compétitivité.
Un pari sur l'avenir
Le groupe va donc investir 50 M€ sur le site, un montant équivalent au chiffre d'affaires produit par l'unité. « C'est un pari sur l'avenir », concède Stéphane Leclef, directeur de l'unité retraitement des eaux chez Tessenderlo. « Nous maintenons 125 emplois, et nous assurons la pérennité du site, qui fêtera dans dix ans son bicentenaire. » Une toute nouvelle usine va être construite, qui permettra désormais de produire le chlore grâce à une autre technique, la technologie membranes. « C'est un procédé à la pointe, qui réduira notre consommation d'eau et d'électricité, qui est la principale charge quand on produit du chlore par electrolyse. Nous serons également en mesure de fabriquer davantage de chlore », poursuit M. Leclef. La capacité du site sera en effet grandement améliorée ; à partir de 2017, les Produits Chimiques de Loos produiront 30.000 tonnes de chlore par an, contre 18.000 aujourd'hui. Grâce à cet investissement, le groupe entend rester leader en France dans la production de coagulants ferriques pour le traitement des eaux usées et la production d'eau potable. « Le site produit la moitié des coagulants consommés en France. Nous répondons aux besoins en chlore de grandes métropoles comme Paris, Lille, Bruxelles ou Genève, mais nous fournissons également des centaines de stations d'épuration dans toute la France. »
Vers la création d'un pôle ?
Les travaux seront lancés de manière à ce que la nouvelle unité soit opérationnelle courant 2017, date à laquelle l'interdiction de l'électrolyse au mercure sera effective. L'unité actuelle sera alors arrêtée et démontée, sans que la production soit interrompue, et le terrain sur lequel elle se situe sera décontaminé. Une fois ces opérations menées à bien, Tessenderlo entend bien, avec le soutien de la municipalité et des autorités régionales, attirer d'autres entreprises pour créer un pôle. Des partenariats essentiels pour que l'investissement consenti porte ses fruits, insiste Tessenderlo, qui met en avant son emplacement de 30 ha à proximité de la ville, et proposant toutes les garanties de sécurité d'un site classé Seveso. Le groupe belge aimerait voir d'autres entreprises s'installer à ses côtés, pour, à terme, créer un pôle chimique ou technologique. Et dans un premier temps, serait le bienvenu un partenaire qui pourrait par exemple tirer avantageusement parti de la grande quantité d'hydrogène de qualité électrolytique issue de la fabrication du chlore. Pour accompagner l'effort de Tessenderlo, et rendre le site plus attractif, la ville de Loos s'est d'ores et déjà engagée à améliorer l'accessibilité du site. La municipalité, la MEL et la préfecture espèrent bien sûr que la sauvegarde des 125 emplois du PC Loos permettra, à terme, d'en créer bien d'autres.
Industrie chimique Le groupe belge Tessenderlo va investir massivement sur son site des Produits Chimiques de Loos, qui produit du chlore. Une unité qui doit s'adapter aux futures normes européennes, sous peine de disparaître.
125 emplois seront ainsi sauvegardés.
