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Pourquoi Artois Plastiques a créé son école interne
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Pourquoi Artois Plastiques a créé son école interne

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Issu d’une famille industrielle régionale, Jérôme Lobel codirige, avec son frère David, un groupe au CA de 10 M€, avec une centaine de salariés, dont 70 techniciens d’usinage. Face à ses besoins en compétences, il a créé un centre de formation interne pour sa société Artois Plastiques.

— Photo : Artois Plastiques

1. Vous avez créé en 2012 un centre de formation interne, IMG Formation. Pourquoi ce choix ?

Jérôme Lobel : D’abord parce que je n’étais pas satisfait de l’offre de formation technique et industrielle existante aujourd’hui. Les jeunes sont formés sur des machines à commande numérique, mais plus sur de l’usinage conventionnel. Or on ne met pas une Formule 1 entre les mains de quelqu’un qui n’a jamais piloté de Kart… Ensuite, pour faire face au manque d’attractivité de nos métiers… En 2012, j’ai fait un choix : les compétences c’est stratégique pour une entreprise ; ça mérite qu’on y mette des moyens. Nous avons donc créé ce centre de formation, juste à côté d’Artois Plastiques, avec quelques industriels partenaires. C’est une manière de nous adapter aux circonstances, d’essayer de trouver des formules qui marchent. Si on regarde du côté des pays nordiques ou de l’Allemagne, beaucoup d’entreprises ont, à partir d’une certaine taille, leur centre de formation en interne. Pour la session de formation 2016/2017 nous avons eu à nos côtés des entreprises comme Arras Maxéi, Créatique technologie, RMR ET SDM.

2. En quoi consiste cette formation ?

J. L : C’est une formation d’une durée d’un an, en alternance. Les élèves passent 2 jours au sein du centre de formation et 3 en entreprise, dans l’atelier de production d’un des partenaires. Notre concept est le suivant : des professionnels qui forment des professionnels. Les professeurs sont choisis parmi les meilleurs techniciens d’usinage de nos ateliers, à la fois en termes techniques et pédagogiques. C’est donc une formation qui est très orientée vers l’employabilité. Il y a d’ailleurs une forte sélection à l’entrée : les candidats doivent suivre toute une batterie de tests pour déterminer leur aptitude au métier de technicien d’usinage. Les élèves de la session 2016/2017 ont reçu leur diplôme le 18 janvier dernier. Sur 6 d’entre eux, 5 ont été embauchés dont deux par Artois Plastiques et les 3 autres par des entreprises partenaires. Le dernier élève ne l’a pas été en raison de problèmes de comportement.

3. Ce centre a-t-il vocation à prendre de l’ampleur ?

J. L : Nous allons redémarrer une nouvelle session cette année. Globalement, le dispositif monte en puissance et d’autres entreprises industrielles sont intéressées. Plus il y a de partenaires et plus nous disposons d’ateliers de production pour accueillir des jeunes. Je souhaiterais également avoir plus de soutien de la sphère publique, cela nous aiderait à nous faire connaître… Je viens aussi de signer un partenariat avec l’Icam, pour que les jeunes qui sortent de notre centre aient la possibilité de raccrocher un BTS dans cette école, s’ils le souhaitent. Je travaille aussi sur un nouveau concept de formation, qui doit démarrer en septembre avec 8 personnes. C’est toujours une formation au métier d’usinage, mais qui s’inscrit dans une démarche sociale et sociétale. C’est un concept à l’image de ce que fait le chef étoilé Thierry Marx dans la restauration : des formations très courtes, de deux à trois mois, pour ramener des gens vers l’emploi : des jeunes, des personnes en reconversion, etc.

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