Morbihan
Atlantic Nature : "Nous tenons nos marges parce que nous fabriquons"
Interview Morbihan # Agroalimentaire # Innovation

Fabien Joannic et Bastien Pariaud dirigeants d'Atlantic Nature "Nous tenons nos marges parce que nous fabriquons"

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Fabien Joannic est directeur adjoint et responsable achats. Bastien Pariaud est directeur général et responsable production chez Atlantic Nature, à Ploemeur... et ils sont voisins de bureau. Interview croisée sur les enjeux du fabricant de compléments alimentaires breton. L'un des rares, en France, à ne pas sous-traiter sa production.

— Photo : Xavier Eveillé

Le Journal des Entreprises : Atlantic Nature a franchi le cap des 50 salariés et tend vers les 100 personnes pour 9 M€ de CA en 2017. Elle est à la relance après avoir connu un plan de continuation, cap qu’elle a surmonté l’an dernier. Quelle est la clé de ce rebond ?

Fabien Joannic : On tient nos marges parce qu’on fabrique. On est l’un des rares acteurs du marché français à le faire. Beaucoup de concurrents sous-traitent. En intégrant la fabrication, nous sommes plus réactifs sur les évolutions réglementaires, nous pouvons rapidement adapter les productions sans être totalement tributaires de compétences externes ou de délais que nous ne maîtrisons pas…

Bastien Pariaud : C’est aussi un avantage pour lancer de petites séries qui collent au marché des pharmacies et des petits groupements de pharmacies. Elles sont souvent en demande de marges, ce qu’une marque distributeur qui sous-traite ne peut pas apporter. Or, la pharmacie c’est 65 % de notre chiffre d’affaires.

Lors de la célébration organisée l’an dernier pour « fêter » la sortie du plan de continuation à Lorient-La Base, Elisabeth Macé, présidente de la SAS Atlantic Nature, a parlé de crise de croissance…

F. J. : La croissance peut être aussi dangereuse que la non croissance. Elle implique de lourds investissements. Dans notre cas, nous avons passé des années à avancer au système D et à devoir différer certaines structurations de services. On a connu des difficultés alors que nous avons toujours dépassé les 10-15 % de croissance annuelle…

B. P. : Et 100 % de croissance sur la gamme éco-responsable qui représente 25 % du CA. Elle pèsera probablement autour des 50 % dans les prochaines années. Maintenant que la situation est assainie, nous faisons face à une problématique de rattrapage des investissements de structure, comme l'agrandissement du site de production fin juillet.

L’entreprise transforme des matières premières médicinales qui proviennent du monde entier. La reprise mondiale pèse-t-elle sur vos sourcings ?

F. J. : Nous ne vendons pas des produits manufacturés mais des produits naturels. L’enjeu, pour nous, consiste à sécuriser les achats. Si la plupart des cours sont stables, on observe une montée constante dans le bio. On n’y coupe pas. Certaines productions sont en rupture parce qu’il n’y a pas assez de terres certifiées dans le monde. L’harpagophytum, par exemple, vient de Namibie… Il y a aussi des flambées sur certaines productions, pour des raisons souvent géopolitiques. C’est le cas du ginseng qui a pris 50 % en peu de temps car le gouvernement chinois a préempté la production. Il crée la pénurie pour faire monter les cours, or il faut 7 ans pour en faire pousser…

B. P. : Plus de 50 % des plantes sont françaises. Ici, la sécurisation fonctionne bien. Mais dans certains pays, c’est plus compliqué…

F. J. : Quand on parle de sécurisation des achats, il s’agit de vérifier tous les lots car certains producteurs ne suivent pas et glissent des lots non bio dans les expéditions ! C’est une tendance qui augmente depuis 2 ans. Il faut être intraitable, c’est une vigilance constante. Et c’est notre rôle.

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