Les clés pour réussir sur le marché de la silver économie
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Les clés pour réussir sur le marché de la silver économie

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La 2e édition du salon Ageing Fit, dédié à l’innovation dans la silver économie et santé, a accueilli 500 participants de 20 pays à Nice, début février. Les régionaux de l’étape donnent quelques clés pour réussir sur ce secteur en plein essor, qui attire aussi bien par son fort potentiel commercial que par l’enjeu sociétal du mieux vieillir auquel il permet de répondre.

« La vision du marché ne peut pas être uniforme et l’enjeu est de trouver des produits ou services avec des durées de vie possibles de 30 à 40 ans », décrypte Sébastien Podevyn, directeur général de France Silver Eco — Photo : Dider Gazanhes/Le Journal des Entreprises

« La silver économie n’est pas une filière basée sur un produit mais sur un public. Entre 55 et 75 ans, on est senior sans avoir le sentiment de l’être et aborder ces personnes avec le mot senior ne fonctionnera pas. À partir de 75 ans, c’est l’âge de la fragilité et le côté senior peut rassurer, puis vient l’âge de la dépendance, où l’on s’adresse plutôt à l’aidant et à des structures de santé. Il y a des réalités de vie très diverses, la vision du marché ne peut donc pas être uniforme, et l’enjeu est de trouver des produits ou services avec des durées de vie possibles de 30 à 40 ans », déclare Sébastien Podevyn, directeur général de France Silver Eco, une association créée en 2009 à Nice sous l’impulsion du gouvernement.

L’association compte 120 adhérents et a pour objectif de fédérer les acteurs de la silver économie, qui englobe les produits, solutions et services destinés à la prévention et l’accompagnement des effets du vieillissement, et favorisant l’autonomie des personnes âgées.

Créer des partenariats

« La silver économie représente un gros marché pour les start-up mais il reste encore largement inaccessible, car les principaux acteurs, comme les Ehpad [Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, NDLR], ont des cycles de décision très longs. Une approche efficace ne peut se faire qu’avec des partenaires significatifs, qui ont déjà leurs entrées, explique Laurent Moy, fondateur d’Aroma Therapeutics (7 personnes, CA 2017 : 300 000 €).

Créée en 2013 à Meyreuil, l’entreprise commercialise un diffuseur personnel d’huiles essentielles à capsule et a ainsi signé un partenariat avec Medi Contract basé à Apt, un ensemblier de mobilier qui équipe notamment les Ehpad, pour intégrer son diffuseur dans des tables de chevet. La start-up Nively, qui propose un système intelligent MentorAge équipé de capteurs 3D, capable de surveiller en continu, à distance, dans le respect de la vie privée, et d’alerter en cas de situation inhabituelle, a elle fait le choix de s’intégrer dans un projet européen axé sur les maisons du futur. Créée en 2015 à Nice par Giuliana Ucelli et Giuseppe Conti, elle fait partie des 14 partenaires européens du projet H2020 Captain, qui a pour objectif de transformer les maisons des personnes âgées en un assistant permanent.

Partir du terrain

Si le public auquel s’adresse la silver économie est très diversifié, les réponses apportées par les entreprises se passent difficilement du numérique et des objets connectés. « La technologie est une bonne chose, si elle part des besoins de la personne, explique Marie-Laurence Erard, chef de département métiers de proximité à l’Institut d’enseignement supérieur de travail social de Nice, qui forme chaque année 2500 personnes du BEP au Master 2 aux métiers du social et du médico-social. Pour réussir sur ce marché, il faut comprendre les enjeux de la relation sociale et de l’accompagnement de la vulnérabilité. » C’est justement ce que propose l’IESTS depuis deux ans environ, au travers de formations courtes très ciblées à destination des entreprises.

Partir du terrain, c’est le choix qu’a fait William Daumas, fondateur de Geo Sentinel (CA 2017 : 80 000 €), qui propose des objets connectés permettant de géolocaliser l’utilisateur ainsi que de collecter et stocker ses données de santé, afin de détecter les situations de détresse ou de danger et d’alerter les personnes référentes. « Avant de lancer nos solutions sur ce marché, nous avons rencontré des médecins, des directeurs d’Ehpad, des aidants. Pendant deux ans, nous avons essayé de comprendre les besoins pour proposer une technologie qui y réponde parfaitement », explique l’entrepreneur.

Légitimité scientifique

Basée à Aix-en-Provence, Geo Sentinel a lancé dernièrement Geo Alzheimer Watch, un bijou connecté et personnalisable, qui doit plaire pour être porté. S’assurer que l’utilisateur s’approprie correctement l’outil mis à sa disposition est en effet aussi important que la technologie elle-même. Créée à Meyreuil en 2014 par Lionel Lamothe, Global Stim (3 personnes), propose aux professionnels de la santé, un outil d’évaluation et de stimulation cognitive pour révenir la perte d’autonomie.

Exostim est utilisé dans 25 Ehpad en France et l’objectif est d’équiper 100 établissements d’ici à la fin de l’année. « L’outil, c’est ce que l’établissement va en faire, explique Jennifer Benattar, responsable du développement commercial. Nous accompagnons donc les professionnels pendant un an pour s’assurer que l’on répond aux attentes. » L’entreprise travaille également à asseoir la légitimité scientifique de son outil via un travail de recherche avec le laboratoire de neurosciences sensorielles et cognitives de l’université d’Aix-Marseille et la création d’un comité scientifique au sein de Global Stim.

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