Sarthe
Reconfinement : Bigot Fleurs redoute à nouveau de détruire sa production
Sarthe # Agriculture

Reconfinement : Bigot Fleurs redoute à nouveau de détruire sa production

S'abonner

Face aux nouvelles mesures de confinement annonçant la fermeture des magasins et rayons non alimentaires des grandes surfaces, Bigot Fleurs redoute une nouvelle fois de jeter ses roses et tulipes actuellement en production. Le producteur sarthois de fleurs coupées s’inquiète ainsi de la pérennité d’une filière horticole déjà durement touchée au printemps dernier.

Directeur général de Bigot Fleurs, Nicolas Bigot s'insurge contre la fermeture des commerces et rayons "non essentiels" des grandes surfaces, fermant ainsi les débouchés à ses fleurs actuellement en culture — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

C’est à nouveau le coup de massue pour Jean-Philippe et Nicolas Bigot. Les deux dirigeants de Bigot Fleurs, père et fils, ont appris le 1er novembre lors du journal de 20 heures de TF1 la fermeture des rayons « non essentiels » des grandes surfaces. Après le baisser de rideau des commerces indépendants le 30 octobre dernier, le producteur sarthois de fleurs coupées n’a plus de débouché pour sa production. « C’est un déni de bon sens, le type même de décision prise d’en haut sans connaître la réalité du terrain, et à appliquer le lendemain. À croire que nos gouvernants n’ont rien appris du premier confinement », s’emporte Nicolas Bigot. Basée à Allonnes, près du Mans, l’entreprise familiale avait été contrainte au printemps dernier de détruire 13 millions de fleurs issues de ses serres, faute de les écouler chez les fleuristes et auprès de la grande distribution qui avait alors recentré ses achats sur les denrées alimentaires. Des grandes surfaces qui avaient néanmoins fini par relancer les commandes donnant ainsi de l’air aux producteurs de fleurs. « Cette fois, nous sommes à zéro. Nous avons un mois de production dans nos serres, des tulipes qui seront prêtes au 1er décembre. On ne peut pas mettre la croissance des fleurs sur pause ! Sans possibilité de les vendre, nous devrons mobiliser nos salariés pour les cueillir et les détruire. » Une perte sèche que Nicolas Bigot estime à 1 million d’euros, qui s’ajouterait à celle de 2 millions d’euros de la période mars-avril. Ainsi, ce sont 6 millions de fleurs que l’entreprise pourrait directement jeter.

« Nous souffrons tous ensemble »

Réalisant plus de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en temps normal, l’entreprise est à présent contrainte de placer la majeure partie de ses 160 salariés en chômage partiel. Pour sortir la tête de l’eau, ses dirigeants préconisent une réouverture des fleuristes et rayons non alimentaires des grandes surfaces, en respectant une jauge de fréquentation. « La fermeture par souci d’équité, c’est l’égalitarisme dans la misère. Nous faisons partie de la même filière du végétal et nous souffrons tous ensemble. » D’autant que cette nouvelle crise survient à une période charnière, celle d’avant les fêtes de fin d’année où Bigot Fleurs réalise 80 % de ses ventes de roses, produites sur son site du Kenya. « Nous avons dû annoncer à nos partenaires sur place que 500 personnes n’iraient pas travailler. Dans de telles circonstances, il faut avoir le cœur bien accroché… », souligne de son côté Jean-Philippe Bigot. L’entreprise déplore également de ne pas avoir touché un euro des 25 millions d’aide promise à la filière horticole en juin par le gouvernement. « On ne nous soutient pas. Nous avons souscrit un PGE à hauteur de 2,2 millions d’euros au printemps, nous n’allons pas en refaire un à chaque fois ! appuie Nicolas Bigot. Aujourd’hui, nous faisons des prévisionnels sur une troisième vague en février, pendant la Saint-Valentin. C’est complètement dingue ! »

Sarthe # Agriculture