Basé à Laval dans l’ancien état-major des pompiers, le groupe informatique Numains (4,5 millions d’euros en 2022, une quarantaine de collaborateurs) entame la commercialisation d’Hyperion, son data center en immersion (dans un liquide), économe en énergie, développé depuis 2016. L’objectif affiché est d’écouler 150 unités dans les trois prochaines années, et de réaliser un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros en cinq ans avec sa filiale dédiée, Hyperion SAS.
Le groupe Numains entend atteindre 9 millions d’euros de chiffre d’affaires et doubler son effectif d’ici 2028. Un premier contrat d’implantation avec une collectivité française a été engagé, pour une mise en service fin 2023. "Nous attendons également la parution de deux appels d’offres et nous sommes par ailleurs en discussion avec un groupe international pour muter en immersion une partie de ses data centers", annonce Nicolas Boulinguiez, le fondateur, dirigeant et actionnaire principal de Numains.
Un premier pied en Afrique
Hyperion développe un système ingénieux de data center en immersion : les serveurs baignent totalement dans un fluide caloporteur. Cette technologie permet de réduire de 40 % l’énergie nécessaire en supprimant la climatisation habituellement utilisée dans les data centers dits "on air" pour le refroidissement. Par ailleurs, le système récupère 90 % des calories sous forme de chaleur. À Laval, la PME chauffe une partie de ses bâtiments ainsi. Ce double argument va être porteur dans le contexte énergétique et climatique actuel. Hyperion concrétise ainsi deux valeurs fortes de Numains : la souveraineté par la maîtrise de la localisation des données et le souhait d’être un acteur sobre du numérique.
Dans des pays chauds, la valorisation de la chaleur présente peu d’intérêt. En revanche, l’économie sur la climatisation s’élève à plus de 70 %. Cette performance a convaincu la Radio Télévision Sénégalaise, qui bâtit un projet d’archives comparable à l’INA en France. Numains s’apprête ainsi à décrocher son premier contrat en Afrique. La signature de ce dossier, monté en partenariat avec Vinci, est attendue pour le premier semestre 2023.
Les bases d’une filière française
À moyen terme, pour amplifier le déploiement d’Hyperion, Numains porte l’ambition de créer une filière française de l’hébergement de données en immersion. Pour cela, il cherche "à nouer des partenariats avec des industriels français de premier plan".
La holding Numains compte quatre filiales : MCT (l’entreprise historique créée en 2011) et Hyperion à Laval, Delta à Vannes (Morbihan), et Netzschmiede à Düsseldorf (Allemagne). Elle dispense quatre types de services auprès d’entreprises et de collectivités : l’infogérance (exploitation et sécurité des systèmes d’information), les télécommunications (opérateur d’internet et de téléphonie), le consulting et l’hébergement de données en cloud. "Nous avons des projets de croissance externe dans le grand Ouest pour ces activités de services", avance le dirigeant.
L’hébergement de données est réalisé dans un data center - Synapse - installé dans un second site à Laval. Numains prépare le transfert des serveurs "on air" de Synapse dans des systèmes en immersion Hyperion. Ce projet doit être réalisé d’ici 2025. Il nécessitera de créer un site neuf, qui sera installé dans un bâtiment existant de 250 m2 sur la technopole de Laval.
