Maine-et-Loire
Les entreprises du BTP et du paysage alertent sur la hausse des prix du carburant  
Maine-et-Loire # BTP # Conjoncture

Les entreprises du BTP et du paysage alertent sur la hausse des prix du carburant
 

S'abonner

En Maine-et-Loire, la Capeb et la Cnatp, qui représentent des entreprises du bâtiment, des travaux public et du paysage, sont particulièrement inquiets de la flambée des prix du carburant, qui vient s'ajouter à celle des matières premières. Au point que certains professionnels hésitent à cesser momentanément leurs chantiers pour ne pas travailler à perte.

De gauche à droite: Philippe Gaudin, président de la Cnatp 49, Alain Moreau (Cnatp), Christelle Delouche, présidente de la Cabep 49, Gilles Hamon, secrétaire général Capeb et Cnatp 49, et Gilles Gendron (Cnatp) — Photo : Olivier Hamard

"Au-delà de deux semaines, on ne pourra plus continuer à travailler car la vie de nos entreprises est en jeu." Alain Moreau, qui dirige une entreprise de travaux publics et d’élagage de 35 collaborateurs au Lion d’Angers, est inquiet. La flambée des prix du carburant engendre des coûts de fonctionnement très élevés. Et le dirigeant de prendre pour exemple une pelleteuse de 24 tonnes qu’il possède dans son parc d’engins : son coût horaire en carburant a augmenté de 16 % en quelques semaines. "J’ai dû arrêter le chantier d’un gros bassin prévu pour un client car je ne peux pas répercuter cette hausse", regrette-t-il.

118 % de hausse en 5 mois

Alain Moreau, pour réduire les coûts, a demandé à ses collaborateurs de réduire les consommations, en roulant à 20 kilomètres / heure de moins avec les véhicules de l’entreprise et en utilisant au maximum le mode "éco" des engins, même s’ils perdent un peu en efficacité, donc en temps… Mais cela ne compense pas la hausse des prix du carburant. A la pompe, le prix du gasoil a augmenté pour les particuliers de 113 % depuis la mi-novembre 2020. Pour les professionnels qui utilisent du gasoil non routier (GNR), il a flambé à hauteur de 207 %, et de 118 % rien que sur les 5 derniers mois. De 0,61 euro le litre en décembre 2020, il est passé aujourd’hui à 1,87 euro.

"Nous perdons 60 euros dès qu'un camion sort de la cour !"

Gilles Gendron, dirigeant d’une entreprise de travaux publics et de terrassement qui emploie 6 salariés à La Bohalle, a lui aussi fait le calcul : "Nous sommes sous-traitants et nos prix de prestations sont fixés en début d’année avec nos donneurs d’ordres. Nous ne pouvons pas augmenter nos tarifs et, aujourd’hui, nous perdons 60 euros dès qu’un camion sort de la cour !" La disponibilité elle-même du carburant serait aussi une difficulté, avec parfois, toujours selon les dirigeants, une limitation de son volume lors de la commande. Les vols de carburant, qui ont tendance à redoubler quand le prix de l’essence vient à flamber, posent aussi problème aux entreprises.

Mise en place d’une taxe flottante

En Maine-et-Loire, les représentants de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) tout comme ceux de la Chambre nationale de l’artisanat, des travaux publics et paysagistes (Cnatp) sont inquiets et demandent des mesures. Les deux organisations regroupent à parts égales une centaine d’entreprises dans le département : "La mise en place d’une TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) flottante à partir d’un certain plafond permettrait à l’État d’intervenir directement sur les prix, pour les entreprises comme pour nos salariés qui subissent aussi la hausse, suggère Christelle Delouche, présidente de la Capeb 49. Il faudrait aussi prévoir des mesures compensatoires en cas d’arrêt d’activité dû à la hausse des prix des carburants et des matières premières."

Car au-delà de la flambée des prix du carburant, le coût des matières premières a lui aussi, et depuis déjà plus d’un an, fortement augmenté. L’envolée du prix du bois s’est quelque peu tassée, mais celle de l’acier se poursuit. Chez un fournisseur, treillis et rond à béton ont grimpé d’environ 25 % et les armatures de 15 %. "Et l’offre n’est valable que 48 heures, soupire Philippe Gaudin, président de la Cnatp 49. Les délais d’approvisionnement sont aussi très variables. Dans certains cas, les entreprises ne savent pas quand elles seront livrées, ni à quel prix. "

"Les carnets de commandes sont corrects et le secteur reste porteur. Mais il y a un risque de report des chantiers".

Autre inquiétude des entreprises, pour lesquelles les marges restent faibles et qui ne peuvent que rarement répercuter les hausses du carburant et des matières premières, la confiance des clients : travaillant en grande majorité pour les particuliers, elles craignent en effet que ces derniers, si leur pouvoir d’achat vient à baisser, ne revoient à la baisse ou n’annulent des travaux. "Les carnets de commandes sont corrects et le secteur reste porteur, souligne Gilles Hamon, secrétaire général de la Capeb et de la Cnatp de Maine-et-Loire. Mais il y a un risque de report des chantiers. De plus, beaucoup d’entreprises ont fait des stocks face à la hausse des prix et ont fragilisé leur trésorerie."

Pour les représentants de la Capeb et de la Cnatp en Maine-et-Loire, la baisse de 15 centimes par litre de carburant à la pompe, annoncée en fin de semaine dernière par le Premier Ministre pour le 1er avril prochain, semble bien lointaine. Ils attendent aussi le plan de résilience qui doit être dévoilé ce mercredi 16 mars. En attendant, ils envisagent fermement pour certain de cesser leur activité temporairement pour limiter la casse et éviter le pire pour leurs entreprises

Maine-et-Loire # BTP # Conjoncture