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Santos : la protection de l'innovation porteur de croissance
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Santos : la protection de l'innovation porteur de croissance

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Du moulin à café au presse-citron... Une soixantaine de machines ont été conçus depuis 65 ans par la PMI Santos, à Vaulx-en-Velin (Rhône) pour les cafés, hôtels et restaurants. Le dernier né, Nutrisantos 65, vise le marché mondial des jus de fruits et des légumes pressés à froid. Et doit permettre à l'entreprise de passer le cap des 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020.

Aurélien et Nicolas Fouquet représentent la troisième génération à la tête de l'entreprise familiale Santos, qui fabrique des machines destinées à l'agroalimentaire, l'hôtellerie et la restauration près de Lyon — Photo : Santos

Deux générations séparent le presse-agrumes n°11, créé en 1960, et "Nutrisantos 65", un extracteur de jus de fruits et légumes dévoilé il y a deux ans et nommé au Prix INPI 2018 dans la catégorie design. Santos, PME de Vaulx-en-Velin (Rhône) qui conçoit, fabrique et vend des appareils pour boissons fraîches, préparations culinaires et cafés aux professionnels de la restauration et de l'hôtellerie, veille scrupuleusement sur ses inventions. Particulièrement sur Nutrisantos 65.

Petites et moyennes séries

Ce concentré d'innovation, fruit de quatre ans et demi de développement et plusieurs centaines de milliers d’euros d’investissement, est protégé par deux brevets techniques. Cet appareil, qui avoisine les 3 300 euros, doit permettre à l'entreprise (CA 2018 : 19 M € / 43 salariés) détenue à 85 % par les deux frères Nicolas et Aurélien Fouquet, de passer le cap des 20 millions d'euros en chiffre d'affaires en 2020.

Comme ses prédécesseurs, Nutrisantos 65 est actuellement expédié de l'usine de Vaulx-en-Velin. 80 % des pièces qui le composent viennent de l'agglomération lyonnaise. « Nous ne sommes pas Moulinex !, revendique Aurélien Fouquet, président et directeur commercial de l'entreprise créée il y a 65 ans. Nous travaillons en petites et moyennes séries sur les marchés de niche et en touchant un public averti. » Pour l'heure, difficile de faire le bilan commercial de ce nouveau produit. « C'est trop tôt. Dans notre secteur, l'inertie est très élevée », commente Aurélien Fouquet qui parle « d'apprivoiser » sa clientèle, en respectant les normes sanitaires et techniques, les usages, les cultures propres à chaque pays… de la Corée à l'Australie, en passant par la Californie, la Malaisie ou le Maroc.

300 000 euros par an dans les brevets

Cette présence dans 130 pays, pesant 70 à 85 % du chiffre d'affaires selon les années (et en croissance de 3 à 6 % par an), représente également un risque majeur : la contrefaçon de marque ou de brevet. Le pire cauchemar d'une entreprise innovante. « Nous nous sommes fait tellement copier dans les années 1980 - sur un grand salon chinois, j’ai compté jusqu’à 40 modèles identiques au nôtre - qu’aujourd’hui nous savons nous défendre », philosophe le dirigeant. Qui consacre, pour 40 produits actifs en France et dans le monde, un budget de 300 000 euros en moyenne par an dans le dépôt et redevance de brevets. Une dépense « un peu folle » mais « salutaire », assure Aurélien Fouquet.

« En matière de contrefaçon, la dissuasion part du terrain. Défendre ses brevets, c’est d’abord anticiper les risques en allant au contact des potentiels copieurs. »

Point saillant de cette position défensive, la Chine. « Nous y avons largement subi la culture de la copie. Mais ça s’améliore ». De fait, le pays est devenu, avec 1,3 million de demandes de brevets en 2016 selon l'Office d'État de la propriété intellectuelle de la Chine, le pays le plus déposant au monde. Désormais, « les brevets internationaux sont mieux respectés », consent le dirigeant, qui dépose systématiquement en anglais et en chinois (66 brevets actifs aujourd'hui).

Riposter devant un tribunal

Les dirigeants de Santos ont acquis une conviction : le fait de riposter devant un tribunal provoque un effet dissuasif auprès des éventuels pilleurs d’idée. « Non seulement je me balade en Chine avec mes brevets sous le bras, mais j’attaque ! », clame le directeur commercial, premier "vigie" de la PME lyonnaise, qui peut se targuer de quelques procès gagnés. « En Chine, c’est compliqué mais on y parvient de plus en plus. » L’homme estime qu' « en matière de contrefaçon, la dissuasion part du terrain. Défendre ses brevets c’est d’abord anticiper les risques en allant au contact des potentiels copieurs. On discute, on cherche des compromis. »

Le temps et l'argent consacrés ? « Le prix de la tranquillité, estime Aurélien Fouquet. Celle de pourvoir prendre le temps d’innover sans être attaqué par un concurrent l’année suivante. » Une expertise qui innerve toute l’entreprise. Au moment d’imaginer un produit se pose la question de savoir s’il est brevetable. La réflexion "export" figure tout en haut du cahier des charges, juste à côté de la protection industrielle. Le bureau d’études et le cabinet Lavoix scrutent notamment la contrefaçon de marque et les brevets déposés par la concurrence. « D’abord pour que nous-mêmes ne perdions pas de temps à développer une technologie déjà déposée dans un autre pays », illustre Aurélien Fouquet, mais aussi parce que « subir un procès en contrefaçon, aux États-Unis par exemple, pourrait couler la boîte ».

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