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Nouveau départ sous pavillon britannique pour Scotts France
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Nouveau départ sous pavillon britannique pour Scotts France

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Le fonds londonien Exponent s'apprête à mettre la main sur les activités françaises, basées à Écully, du leader mondial des produits pour jardin Scotts-Miracle-Gro. Un rachat qui doit rimer avec investissements alors que le marché tricolore des engrais est en crise.

— Photo : Le Journal des Entreprises

« Nous étions préparés. Ce n'est donc pas une surprise ». Dans son bureau d'Ecully (agglomération de Lyon), le Dg France et Europe de l'Ouest du groupe ScottsMiracle-Gro se dit « confiant » pour la suite. « Cette vente au fonds Exponent Private Equity reflète l'engagement annoncé depuis 2016 de concentrer la plupart des ressources de Scotts-Miracle-Gro (holding de Scotts France) sur son marché aux États-Unis », explique Guillaume Roth. Exit donc du périmètre de ScottsMiracle-Gro (chiffres d'affaires monde : 2,5 milliards d'euros), les activités de l'entreprise sur l'Europe (dont la France) et sur l'Australie. Un ensemble connu du grand public pour ses marques d'engrais KB Jardin et Fertiligène, pesant près de 400 millions d'euros (dont 110 millions d'euros pour le seul marché français), qui rejoindra cet été le fonds britannique pour qui il s'agit du premier investissement dans le secteur du jardin. Le groupe d'Ecully est également le distributeur sur l'ensemble de l'Hexagone du controversé "Round-up", à base de glyphosate, de Mosanto.

Clientèle urbaine et connectée

Ce changement de main (mais pas de nom) annonce un tournant pour l'entité. Mais ne devrait pas pour autant casser sa stratégie de diversification mise en place en 2016. « Une stratégie qui vise à capter une nouvelle clientèle urbaine et connectée », précise le dirigeant. Et de citer trois nouveaux produits ? Voodoo, Nirvana et Happy Garden ? qu'a récemment lancé l'entreprise pour séduire la génération Millenium (jeunes adultes nés à la fin des années 90). Des solutions « clé en main » pour ces jardiniers amateurs qui représentent d'ores et déjà 1 % du chiffre d'affaires de Scotts France. Le futur actionnaire conservera-t-il ce panel de marques ? Une chose est sûre : « Si l'on veut rester leader et ne pas perdre de positions, il faut investir massivement dans l'activité. Ce à quoi s'est engagé Exponent », poursuit le dirigeant de Scotts France.

Nouvelle réglementation

Cette nécessité d'investissements est d'autant plus urgente que le marché français des engrais est en crise. « Nous sommes constamment montrés du doigt par les politiciens (sic) », estime Guillaume Roth, par ailleurs président de l'Union nationale des entreprises pour la protection des jardins et espaces publics. « À leurs yeux, nous sommes responsables de l'impact environnemental des engrais chimiques ». Une nouvelle réglementation oblige d'ailleurs tous les fabricants à mettre aux normes leurs produits (hors terreaux). « Cette mesure vise à interdire dans 18 mois la vente de toutes les solutions issues de la chimie de synthèse. Ce qui nous oblige à revoir l'ensemble de notre gamme traditionnelle pour proposer des solutions 100 % naturelles », détaille-t-il. Or, l'impact de cette transformation, qui impose d'importants investissements en R & D est lourd. « Notre résultat net s'est trouvé diminué de moitié sur notre dernier exercice ». Autre enjeu pour Scotts France : la baisse de ses coûts logistique. Pour un groupe qui écoule chaque année en magasins quelque 15 millions de sacs de terreau, « le coût que représente l'accès au lieu de vente devient crucial », reconnaît son directeur général. « Nous avons une usine dans le nord et travaillons avec de nombreux sous-traitants partout ailleurs. Mais nous réfléchissons à ouvrir un autre site en propre, probablement dans l'Ouest de la France, afin de mailler correctement le territoire ». Une décision stratégique qui devra toutefois être validée outre-Manche par le nouvel actionnaire.

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